Julian Assange est un personnage fascinant. Il a su déployer un récit tellement puissant que ce récit permet d’effacer, d’occulter, d’oublier la réalité au profit de la figure héroïque incarnée par Assange. De façon caractéristique c’est lorsque que l’on s’est rendu compte que les promesses de renouveau démocratique qu’internet devait apporter au journalisme n’ont pas été tenues qu’Assange a cessé d’être toléré comme nombre d’autres comme lui. Assange est un produit de l’internet, style ligue du LOL ou 18-25, masculinisme, antisémitisme, culture du viol.
Julian Assange par exemple n’est pas un « lanceur d’alerte ». Snowden est un lanceur d’alerte. Snowden travaillait à la NSA, a volé des documents à son employeur et les a transmis à un journaliste qui les a publié. Julian Assange est un informaticien qui a fondé un site qui devait garantir l’anonymat et la sécurité aux lanceurs d’alertes. On reste songeur devant les années de prison qu’a dû effectuer Chelsea Manning, la lanceuse d’alerte qui avait fait confiance à Wikileaks pour envoyer ses documents. Encore plus songeur à se dire que Manning a été mis en contact avec le type qui allait le dénoncer grâce à une erreur d’Assange qui a envoyé un mail en copie au lieu de copie cachée…
Julian Assange est, en principe, journaliste
C’est en tout cas ainsi qu’il se définit dans une lettre au président Hollande suppliant que la France l’accueille. Cette lettre est d’ailleurs un modèle de la façon dont Assange sait réécrire l’histoire et des rôles qu’il peut alterner : hacker, journaliste, lanceur d’alerte, boite aux lettres, intervieweur, héros de la liberté de la presse…
Car Assange est avant tout un mâle blanc accusé de viol en Suède. Et contrairement à ce qu’on pourrait penser Assange adore la Suède. Car la Suède est une démocratie et la démocratie est quand même pratique pour les lois sur la protection de la presse et pour les droits de la défense et la présomption d’innocence. Wikileaks a en effet installé son siège en Suède afin de bénéficier des lois démocratiques de ce pays protégeant la liberté de la presse et ses serveurs en Europe pour les mêmes raisons.
Sauf qu’être un mâle blanc accusé de viol c’est beaucoup moins vendeur que d’être un héros de la transparence traqué par la CIA pour avoir révélé des secrets inavouables, alors Assange a construit petit à petit sa légende.
Celle d’un homme traqué par les services secrets vivant à la Jason Bourne, changeant d’hôtel sous des faux noms, se teignant les cheveux, parlant à voix basse et changeant de téléphone, embrigadant tout le monde dans son délire paranoïde.
“The reporters on the Guardian disappointed me, They failed my masculinity test” Julian Assange
C’est ainsi que les accusations de viol ont été intégrées au récit d’Assange comme une gigantesque conspiration contre lui. Une « smear campaign » disait il déjà en 2010. Le jour même des accusations Assange sortait l’artillerie lourde disant avoir été prévenu que le Pentagone préparait des « dirty tricks » et qu’on venait de lui dire de se méfier « sex traps ».
Des années plus tard lorsque le parquet suédois décide d’abandonner l’affaire, Assange saluera le poing levée une « grande victoire ».
Chronologie démocratique
La chronologie des événements est aussi intéressante à rappeler qu’on puisse voir la façon dont les pays démocratiques s’en prennent si horriblement à l’opposant si fameux:
Le 18 Aout 2010 Assange est en Suède pour demander un permis de résidence et ainsi bénéficier des lois suédoises de protection des journalistes et de leurs sources.
Le 20 Aout 2010 le bureau du procureur lance un mandat d’arrêt pour Mr Assange sur des charges de viol et agression sexuelle sur deux femmes. Le consentement était au départ mutuel mais le monsieur n’aime pas, semble-t-il, qu’on lui demande de mettre des capotes. Les hésitations, doutes, et flous dans les versions des accusatrices joueront à plein pour dénigrer les victimes de viol comme à chaque fois, mais bizarrement n’entameront pas du tout la théorie d’un piège sexuel planifié, monté et exécuté par le Pentagone et la CIA.
Le lendemain 21 aout 2010 le mandat d’arrêt est annulé, la procureure considère que les charges de viol ne sont pas assez sérieuses pour un mandat d’arrêt mais que l’enquête pour agression sexuelle cependant peut continuer. Assange dégaine immédiatement la rhétorique de la victime du complot U.S.: « on nous a prévenus de nous attendre à des « sales coups », maintenant nous avons le premier » puis: « rappel : le renseignement US planifie la destruction de WikiLeaks depuis 2008 »
Le 31 Aout 2010 Assange est entendu par la police à Stockholm
le lendemain 1er septembre 2010 la procureure réouvre l’enquête pour viol à l’encontre d’Assange « considérant les informations présentes, mon jugement est que la classification du crime est le viol »
le 27 septembre 2010 Assange quitte la Suède avec la ferme intention de ne pas revenir se présenter à une autre interview chez les flics prévue le 14 octobre.
Le 18 octobre 2010 La demande de résidence en Suède qu’avait faite Assange est rejetée.
le 18 Novembre 2010, un mois plus tard, la cour de district (tribunal d’instance) de Stockholm approuve une requête demandant qu’Assange soit détenu pour être interrogé sur les suspicions de viol et agressions sexuelles. Assange est à Londres et fait savoir par son avocat qu’il veut bien être interviewé à l’ambassade de Suède ou à Scotland Yard (il n’a visiblement pas peur d’aller dans leurs bureaux à ce moment) ou par liaison vidéo mais que la procureure abuse de son pouvoir en demandant à Assange de revenir en Suède.
Le 20 novembre 2010 la Suède lance donc un mandat d’arrêt international pour Mr Assange via Interpol.
Le 8 décembre 2010 Assange se rend de lui même à la police britannique et est emmené pour une audition en vue de son extradition vers la Suède. Il reste en détention le temps de la prochaine audition.
le 16 décembre 2010 il est libéré sous caution par la haute cour après que ses soutiens aient payé 240 000 pounds.
Du 24 février 2011 au 30 mai 2012 Assange, assigné à résidence dans un joli manoir puis chez une amie, se bat juridiquement contre la décision de le faire extrader jusqu’à ce que la Cour Suprême finisse en 2012 par lui enlever son dernier recours en décidant qu’il devait être extradé en Suède. Son argument: la Suède pourrait l’extrader vers les U.S. où il pourrait être envoyé à Guantanamo ou condamné à mort. Et aussi la procureure Suédoise serait une féministe militante.
Immédiatement en juin 2012 Assange se réfugie à l’ambassade d’Equateur après que la Cour Suprême ait jugé qu’il devait être extradé en Suède et il fait une demande d’asile à l’Equateur qui lui est accordée. Il viole ainsi sa liberté sous caution et ses soutiens qui s’étaient portés garants sont obligés de payer.
Le 13 aout 2015 la Suède abandonne l’enquête sur l’une des accusations d’agressions sexuelles, pour cause d’impossibilité de pouvoir l’interroger dans les temps. L’enquête sur le viol continue.
Le 19 mai 2017, 6 mois après un voyage à Londres de la procureure allée à l’ambassade d’Equateur pour tenter d’interroger Assange, la Suède abandonne les poursuites pour viol. Londres annonce son intention de quand même arrêter Assange pour n’avoir pas respecté sa liberté sous caution.
Assange a donc pu bénéficier de la présomption d’innocence, de la liberté de circulation, des recours et appels en justice pour s’opposer à son extradition, de la liberté sous caution, du délai de prescription, d’une enquête à charge et à décharge avec une justice qui se démène pour l’interroger… On a beau cracher dessus et hurler au complot c’est quand même pas si mal la démocratie finalement…
Changements de casquettes et des responsabilités
Assange a ainsi su changer plusieurs fois de rôle, alterner les responsabilités, dicter celles qu’il acceptait et celles qu’il refusait. Il a ainsi pu déguiser le violeur masculiniste en héros, tantôt de l’internet libre, tantôt du journalisme, tantôt en icône des lanceurs d’alertes, tantôt en anti-impérialiste ou en pro-Poutine.
Au départ, Wikileaks, sur le modèle que voulait son fondateur, fonctionne comme un algorithme idiot qui publie tout ce qu’il reçoit. « Si c’est secret alors c’est vrai » semble être le slogan quasi officiel de l’organisation qui assure en principe la sécurité à ses sources.
A ce moment là, Wikileaks refuse les responsabilités éditoriales qui incombent à un journaliste (genre vérifier l’info, contextualiser). Il est une bête boite à lettre où n’importe qui peut poster n’importe quoi et WikiLeaks le rend ensuite accessible à tout le monde. Ainsi WikiLeaks contribue avec cette doctrine à faire foirer le sommet sur le climat de Copenhague en publiant les e-mails du climatgate deux semaines avant le sommet sans réfléchir au contexte ou à qui les envoient.
Ce modèle change avec le développement de l’égo du fondateur qui décide que le crowd sourcing c’est nul, que rendre accessible les données au plus grand nombre ça ne sert en fait à rien et que pour avoir un « impact » il faut désormais dicter aux « Grands Médias » une date de sortie des centaines de milliers de documents.
En pratique c’est absurde, la restriction de l’accès aux documents à un très petit nombre et l’imposition d’une date de sortie ne permet pas d’analyser le fond des documents. Ce qui pourrait avoir un intérêt pour les historiens n’en a pas nécessairement pour les journalistes. Mais l’égo du fondateur est satisfait et il peut se prendre alors pour une sorte de super journaliste rédacteur en chef d’une rédaction mondiale où il y aurait le Monde, le Guardian, le NYT, Al Jazeera, der Spiegel…
Nouveau problème de responsabilité cependant: WikiLeaks a publié les « Afghan Logs » comme il fait d’habitude, sans réfléchir aux conséquences. Ca marche quand on est une bête boite à lettres mais quand on est journaliste on a un peu la responsabilité de ce qu’on publie. Ainsi WikiLeaks a donc livré aux talibans les noms et identités des Afghans qui travaillent avec les soldats US. Sympa pour les Talibans qui ont annoncé qu’ils allaient vérifier les fichiers. Face à la controverse et en réponse aux ONG Amnesty et HRW qui lui demandaient d’expurger les noms, Assange a menacé d’exposer les secrets d’Amnesty si l’organisation ne lui fournissait pas gracieusement le staff pour faire l’editing de ses propres documents…
Pour éviter de refaire la même chose, WikiLeaks choisit, lors de ses Iraq Logs, de publier les documents mais censurés. Mais WikiLeaks ne souhaite ni embaucher des gens, ni faire confiance au crowd sourcing ni abandonner sa paranoïa (qui lui rendra tant de service dans la mise en récit par la suite) et fait donc le choix, plutôt que d’avoir des humains qui lisent les docs, de tout censurer par algorithme. Les Iraq War Logs sont donc un modèle de censure où n’importe quel nom propre a été effacé. Des centaines de milliers de documents secrets sur la guerre en Irak où même les mots « Iraq » ou « Humvee » ont été censurés. Les « grands » médias mainstream par contre ont eu les documents en entier.
Et malgré cela, Assange restait un héros de l’internet libre et devenait un super-journaliste…
Le seul moment où cette image de hacker génial fut un peu écornée c’est le moment où il a essayé de mettre un paywall pour l’accès aux documents. Là la communauté anonymous (qui avait fourni gracieusement les docs à WikiLeaks) a un peu râlé.
Les promesses d’internet
L’histoire d’Assange, sa mue de hacker concepteur d’outil démocratique à prétendu journaliste d’investigation puis à troll pro-Poutine est aussi celle d’internet, de sa promesse démocratique, de sa déception… Les failles, les graves dérives permises et passées sous silence en raison de ces promesses et qui ressortent aujourd’hui que ces promesses sont trahies. Assange est arrivé avec la promesse d’améliorer la démocratie en révolutionnant le journalisme.
C’était une promesse générale de l’internet. Google aussi promettait, avec son algorithme de révolutionner l’accès à l’information par la neutralité de son algorithme et la mise en avant au mérite du lien hypertexte. Facebook aussi promettait un meilleur accès à l’information par le partage entre « amis », le mérite du bouton like, Twitter permettait de s’abonner directement aux fils des journalistes, des politiques, des bloggeurs citoyens experts…
WikiLeaks promettait d’être une machine à scoop en automatisant le whistleblowing, le lancement d’alerte. On attendait d’internet qu’il révolutionne la démocratie par l’accès à l’information plus égalitaire, plus au mérite, plus neutre et moins soumise aux journalistes humains, faillibles, biaisés etc.
De fait le climax de ces espoirs a coïncidé avec la révolution arabe et le mythe d’internet outil démocratique par lui même, capable de déclencher des révolutions, a pris encore plus corps. Surtout des révolutions dans le monde arabe dont on était convaincu par des années de racisme, d’orientalisme et d’islamophobie qu’il était culturellement incompatible avec la démocratie.
Ainsi Thomas Friedman dans un article mémorable attribuait le printemps arabe à Google Earth, Assange, dans le même ordre d’idée, n’hésitant pas à s’attribuer à lui même la paternité des révolutions arabes.
Puis la contre-révolution est venue balayer les espoirs de renouveau de la démocratie et, avec eux, la croyance d’un internet capable par lui même de renouveler la démocratie. Avec le triomphe fasciste récent on s’est aperçu que les fascistes savaient parfaitement utiliser internet et s’en servir contre la démocratie et qu’internet, si il était un outil démocratique dans la main du révolutionnaire, pouvait être fasciste dans la main du fasciste. La trajectoire d’Assange, hackeur rêvant de déclencher des révolutions démocratiques qui finit au service de Poutine pour aider à faire élire Trump est exactement celle là.
Le problème est qu’au nom de cette croyance qu’internet apportait automatiquement la démocratie, on a passé sous silence ses dérives qui étaient pourtant bien présentes et visibles et là aussi Assange est iconique.
Le masculinisme et le sexisme ignoble, le fantasme de la dictature, le conspirationnisme ont toujours fait partie du personnage mais ont été pardonné ou mis sous silence en raison de ce qu’il apportait supposément au journalisme et à la démocratie, un peu comme pour internet.
Depuis quelques années (concrètement depuis l’élection de Trump) le brouillard se dissipe et ce que charriait la « culture internet » mais qui était pardonné ou passé sous silence parce qu’on pensait qu’internet changeait le monde en mieux n’est plus pardonné. A l’image de ce qu’analyse Samuel Laurent dans ce texte personnel et courageux sur la Ligue du Lol
Cette sensation grâce à l’outil internet de former une « super redac » et, grâce à l’outil, de changer le monde et le journalisme tout en voyant se reproduire des mécanismes de domination mais sans vraiment s’en rendre compte.
Même Laura Poitras, une journaliste traînée dans la boue pour avoir couvert dans son docu « Risk » les aspects négatifs d’Assange avec le positif, continue en 2017 de croire dans les bienfaits de l’organisation et « d’admirer Assange »
“I thought WikiLeaks was doing the hard journalism that hadn’t been done for a long time post 9/11. The mainstream media had abdicated responsibility to ask hard questions of what was going on in the occupation of Iraq and Afghanistan. It was crucial and brave journalism. I was also interested in the global impact it was having. So I was very optimistic about the project.” She pauses. “And I remain optimistic about many things about the work they do and its necessity. – Je pensais que WikiLeaks faisait le journalisme dur qui n’avait plus été fait depuis bien longtemps après le 11 septembre. Les médias mainstream avaient abandonné leur responsabilité de poser des questions dures sur ce qui se passait sous l’occupation de l’Irak et de l’Afghanistan. C’était du journalisme courageux et indispensable. Je m’intéressais aussi dans l’impact global que cela avait. Alors je fus très optimiste à propos de ce projet.” Elle fait une pause. “Et je reste optimiste à bien des égards sur le travail qu’ils font et sa nécessité.”
De façon assez proche de ce qu’écrit Samuel Laurent a propos de la Ligue du Lol, Assange aussi pense pouvoir non seulement créer une super rédaction mondiale mais aussi avoir le pouvoir de faire ou défaire ses ennemis ou de créer des stars journalistiques. Notamment Al Akhbar, journal de « gauche » libanaise proche du 8 mars / Hezbollah à qui Assange accorde les câbles diplomatiques en même temps qu’au Monde, au Guardian, à der Spiegel mais en les refusant au New York Times puni pour avoir publié cet article exposant les troubles internes à WikiLeaks.
Partenariat avec Al Akhbar récompensé car Assange aura la chance d’interviewer le leader du Hezbollah Hassan Nasrallah comme premier invité de « the World Tomorrow » une série d’émission sur Russia Today où Assange interviewe des «acteurs, penseurs et révolutionnaires politiques » (la plupart pro-Assad).
La liste de ce qu’on a oublié, excusé, tu ou pardonné à Assange au nom de ce qu’il apportait prétendument à la démocratie et au journalisme est en effet assez ahurissante.
“Manning does have a Y chromosome and male genitalia [Depicting Manning as a female] would have turned off audiences in most countries” Julian Assange
Accusations de viols; antisémitisme (en 2010 la collaboration avec le négationniste Israel Shamir), l’antisémitisme encore en 2016 avec ces tweets, son rôle dans le climategate (et l’échec du sommet de Copenhague), les erreurs et les failles de protection des sources qui ont conduit à l’arrestation de Manning, le sexisme bien pervers du style « Marine le Pen n’a pas été élue parce que c’est une femme », le refus de se soumettre à la justice pour faire face aux accusations de viols, l’utilisation de WikiLeaks, sa structure et son prestige pour se protéger des accusations de viols (essayant même de vider les comptes de l’organisation pour payer sa caution) ; balancer aux Talibans le nom des Afghans sympathisants ou travaillant avec les US, balancer la correspondance avec nom et adresses d’électrices Turques; jusqu’à la maltraitance de son chat…
En interne ce fut pire…
James Ball, ancien employé de WikiLeaks a quitté l’organisation en 2010. Il a assisté à la façon dont Assange a accepté de trahir tous les principes de l’organisation pour les beaux yeux de son copain négationniste antisémite Israel Shamir.
Shamir, dans l’affaire de viol, a tout de suite pris parti pour Julian Assange et développé (après avoir bien ignoblement craché sur les victimes) la théorie de l’exemption pour Assange parce qu’on a besoin de lui pour découvrir les secrets qu’on nous cache. Il écrit dès août 2010 dans Counterpunch, revue de la gauche radicale US: « As for Julian Assange, we need him. We need our captain Neo, whether chaste or womanizer, in order to uncover the secret doings of our governments behind the Matrix. For our own sakes, we must all do our part to protect him from castrating feminists and secret services alike. – Pour ce qui est de Julian Assange, nous avons besoin de lui. Nous avons besoin de notre Capitaine Néo, qu’il soit chaste ou dragueur, afin de découvrir le secret des agissements de nos gouvernements derrière la Matrix. Pour notre propre salut, nous devons tous faire notre devoir pour le protéger des féministes castratrices autant que des services secrets. »
Le négationniste et antisémite Israel Shamir se verra ensuite confié la gestion des câbles diplomatiques russes qu’il revendra pour 10 000 dollars à un journal et qu’il offrira gracieusement au dictateur biélorusse Lukashenko.
Assange, devant la controverse, contestera les liens avec Israel Shamir (y compris en expliquant que les articles sur cette affaire font partie d’une conspiration juive contre lui pour tenter de priver son organisation du soutien et des dons juifs.)
James Ball explique que ce qui l’a poussé à quitter l’organisation fut l’extrême pression que Assange et son entourage ont exercé, suite aux magouilles d’Assange avec Israel Shamir, pour que Ball accepte de signer un document s’engageant à ne rien révéler de ce qui se passait en interne sur 10 ans. Il explique avoir été le seul à refuser de signer…
Dans cet article de The Intercept (journal qu’on pourra difficilement soupçonner d’être anti-wikileaks) on a un aperçu de ce que représente des discussions avec Assange dans un groupe interne. Sans guère de surprise Assange apparaît antisémite, gavé de masculinisme, fustigeant les « prédatrices membres des clitératis » et « l’industrie de l’accusation hautement profitable » en commentant une photo de l’avocate de son accusatrice, commentant l’appareil génital (masculin) de Chelsea Manning et son chromosome Y, blaguant sur l’acronyme FUBAR (Fucked Beyond All Recognition) au sujet de Hillary Clinton…
Rien de très surprenant remis dans le contexte de cette « culture internet » Ligue du Lol, 4chan, 8chan, JVC 18-25, de l’ordure assez banale de ces fosses septiques là mais excusée, pardonnée, passée sous silence pendant des années, par les proches, par les fans, par la société, sous prétexte que Assange changeait ou plutôt devait changer le monde…
Ce qui ressort maintenant, ce qui va ressortir sur Assange, est une sorte de revanche de la société démocratique sur l’internet. Cette « culture » internet qui s’est permise toutes les outrances fascistes au nom de l’amélioration de la démocratie mais qui n’a fini que par amener les outrances fascistes. C’est en ce sens que Trump est bel et bien advenu grâce aux trolls fascistes, antisémites, anti-féministes. Et Assange et son dernier grand coup, la diffusion contre Hillary Clinton des E-mails démocrates hackés par les Russes, incarne le pur produit de cette culture et de ses dérives tolérés et du résultat fasciste. Pas besoin de collusion quand on a une idéologie commune.