Depuis le 23 avril 2020 s’est ouvert le procès historique d’Anwar Raslan, ex-membre de haut rang des services secrets syriens. Il est accusé d’avoir ordonné, lorsqu’il dirigeait le centre de détention al-Khatib à Damas d’avril 2011 et septembre 2012, la torture d’au moins 4000 personnes et d’être responsable de la mort d’au moins 58 autres.
Après 18 ans de travail pour les services de renseignement syriens, Raslan fut arrêté le 12 avril 2019 à Berlin où il avait réussit à s’exiler avec sa famille à partir de mai 2015. Cet ancien colonel est donc le plus haut gradé Syrien jamais arrêté pour des crimes contre l’humanité.
Son co-accusé, Eyad al-Gharib, de rang inférieur, est accusé d’avoir participé à l’emprisonnement d’au moins 30 manifestants, opposants du régime, dans ce même centre de détention et dans la même unité 251, où le régime encore aujourd’hui torture ses opposants. Ceci est un autre aspect historique, alors que la plupart de procès pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, se tiennent une fois que ces crimes sont déjà passés.
Eyad al-Gharib, quant à lui, fût arrêté en Rhénanie Palatinat, le Land où se situe le tribunal régional supérieur de Coblence. Le procès se tient d’ailleurs à Coblence pour cette raison.
La fin de l’impunité
Depuis plus de 9 ans, des centaines de milliers de Syriens sont morts dans les centres de tortures d’Assad, comme celui d’al Khatib. Le régime s’est par ailleurs servit d’armes chimiques contre son propre peuple et plusieurs millions de Syriens ont du fuir leur pays.
Et rien ou très peu n’a été fait pour stopper ces massacres en Syrie. Ou alors on essaie maintenant, comme les États-Unis, après tant d’années, d’imposer de nouvelles sanctions économiques à la Syrie. Les appeler par le très honorable nom de “loi de César”, ne pourra pas libérer tous les prisonniers politiques, ni amener la justice pour les centaines de milliers de disparus. Lien
Et rien ou très peu n’a été fait en Europe pour arrêter les bourreaux, qui ont réussit à y trouver refuge et ce parfois dans les mêmes établissements d’accueil que leurs victimes.
En effet, recroiser ses bourreaux lors d’une manifestation n’est pas rare en Allemagne. Et très souvent ces anciens shabihas sont protégés par des Allemands pro-Poutines, nostalgiques de la Guerre Froide et complètement pro-Assad, qui les entourent avec des drapeaux ornés de colombes de paix.
Ou comme Anwar al-Bunni, avocat syrien, on tombe sur son tortionnaire, Anwar Raslan, en faisant ses courses dans un magasin de bricolage berlinois, et on se retrouve même à habiter dans le même centre d’accueil. En effet, Raslan avait arrêté al-Bunni en 2006 à Damas, à la suite de quoi il fut détenu pendant 5 ans.
Comment est-il possible que ceux qui ont torturé, mutilé et assassiné, se retrouvent à pouvoir librement se balader en Allemagne et ailleurs? Comment les Syriens peuvent-ils se sentir en sécurité à côté de quelqu’un qui a emprisonné et tué leurs proches? Et comment vivre avec l’impunité des crimes de ces bourreaux, et accepter qu’ils bénéficient des mêmes droits que ceux qui ont risqué leurs vies pour contester le régime totalitaire de Bachar al-Assad?
Ce n’est pas acceptable. Et on ne peux pas vivre avec cette impunité, sans qu’elle ne détruise les concernés et nous détruise aussi, ainsi que nos démocraties, puisque nous n’entreprenons rien.
Un pas dans la bonne direction est donc franchit avec ce procès, après tant d’années où l’impunité était la devise du jour.
Pour les survivants syriens et pour tout ceux qui ont perdu des proches en luttant pour la chute du régime d’Assad, ce procès n’est pas un détail, même s’il ne pourra jamais ressusciter les centaines de milliers de vies perdues. Enfin, il y a là une sorte de respect pour la souffrance infligée aux Syriens qui faisait tant défaut dans nos démocraties:
“Ich bin hier 2015 als Geflüchteter hergekommen, als Mensch ohne Rechte, ohne irgendeine Art von existenzieller Sicherheit. Diese Art von Prozess gibt mir den Status eines handelnden Subjekts zurück.“ Lien
“Je suis venu ici en 2015 en tant que réfugié, en tant que homme sans droits, sans la moindre sécurité existentielle. Ce genre de procès me rend le statut d’un sujet dotée d’une capacité d’action“
Nous avons des responsabilités historiques en tant que démocraties. Et nous avons des comptes à rendre aux Syriens pour les avoir abandonné face à leur dictateur sanglant et livré aux crimes de Poutine.
Et nous avons aussi la responsabilité des les soutenir maintenant à cette heure importante où des bourreaux font face à la justice et leurs victimes.
Qu’est-ce qui a permis au procès d’avoir enfin lieu?
Dès 2011 des investigations structurelles ont été menées à Karlsruhe (Bade-Wurtemberg), où siège le Procureur général à la Cour fédérale de justice (parquet fédéral), concernant la torture d’État et les crimes contre l’humanité commis en Syrie. Ces investigations se sont intensifiées quand des centaines de milliers de Syriens, fuyants la torture, sont arrivés en Allemagne, et ont apporté leurs témoignages sur les horreurs vécus.
Ainsi les victimes et survivants, qui ont trouvé refuge en Europe, ont amené des preuves matérielles indéniables des crimes contre l’humanité dans des pays d’Europe, où, comme dans le cas de l’Allemagne, s’applique le principe de la “compétence universelle” (Weltrechtsprinzip). Ce principe permet à un État de poursuivre en justice des auteurs de crimes indépendamment de là où ils ont été commis, et indépendamment de la nationalité des concernés.
Note: En Allemagne des investigations structurelles (Strukturermittlungsverfahren) sont menées, lorsqu’il y a certaines preuves qu’un crime a été commis, mais que les coupables potentiels n’ont pas encore pu être identifiés de manière définitive. L’enquête se focalise alors sur les structures autour du crime potentiel et le classement de coupables potentiels.
En mars 2017 ensemble avec sept survivants de la torture, une première plainte contre six officiers de haut rang appartenant à la branche militaire du service secret syrien, est déposée au procureur fédéral allemand à Karlsruhe (GBA – GeneralBundesAnwalt). Cette plainte résulte de la collaboration de principalement deux avocats syriens, ayant eux-mêmes vécus les crimes d’Assad en chair et en os, et ayant participé aux manifestations pacifiques: Anwar al-Bunni fondateur du Centre syrien pour les recherches et les études juridiques (SCLRS), basé à Berlin et Mazen Darwish du Centre syrien pour les médias et la liberté d’expression (SCM), ainsi que du European Center for Constitutional and Human Rights (ECCHR) soutenu par la fondation Heinrich-Böll.
Le procureur fédéral de Karlsruhe réagit immédiatement en mai 2017 en auditionnant tous les témoins. Et d’autres témoignages suivent:
L’European Center for Constitutional and Human Rights (ECCHR) soutient et accompagne les survivants de la dictature d’Assad dans cette procédure judiciaire. Basée à Berlin cette association pour les droits de l’homme, fondée en 2007 par l’avocat Wolfgang Kaleck, s’est chargée du recueil des témoignages. Puis, 17 témoignages et 7 parties civiles ont été déposés et 7 parties civiles auprès du BKA (BundesKriminalAmt), l’office fédéral de la police judiciaire.
Pour Kaleck, présent au côtés des témoins à Coblence, ce procès est le début d’un traitement systématique des crimes d’Assad, notamment de la torture du régime.
L’ECCHR a ainsi permis que près de 100 plaintes pénales, de la part de Syriens et d’eux-mêmes, aient pu être déposées en Allemagne, en France, en Suède et en Norvège.
Grâce à une plainte de l’ECCHR, il y a aussi depuis 2018 un mandat d’arrêt international contre Jamil Hassan, chef du service de renseignement de l’armée de l’air syrienne entre 2009 et 2019, et proche conseiller de Bachar al Assad. Ce mandat d’arrêt permettant son arrestation dès son éventuelle sortie de la Syrie, à l’exemption du Liban où Hassan a des alliés.
En Septembre 2017 des survivants et l’ECCHR déposent une autre plainte pour crime contre l’humanité et crime de guerre au GBA de Karlsruhe. Cette plainte s’appuie notamment sur des photos de “César”, cet ancien photographe dans une unité de documentation de la police militaire syrienne, qui avait réussit à fuir la Syrie avec environs 45 000 photos de victimes. Le photographe fut contraint, dès le printemps 2011 jusqu’à sa fuite en 2013, de photographier les cadavres de détenus et de civils, morts dans des conditions les plus atroces – mutilés, étranglés, électrocutés. Il transfère ces preuves, au péril de sa vie et celle de ses proches, sur une clé USB.
C’est après sa fuite que César essaie dès 2014 de faire agir la justice aux États-Unis et Obama en personne. Il rencontre alors de l’indignation face aux horreurs prouvées et documentées par les photographies prises dans les geôles d’Assad, mais aucune action n’est entrprise. Obama préfère parler de “rebelles modérés” qu’il souhaite soutenir pour contrer Daesh. César repart les mains vides:
“I and millions of Syrians feel depressed when we see that the killer of thousands of prisoners is left unchecked,” he added. “I believe my cause demands action and a clear position by the president of the United States.”
“Moi et de millions de Syriens se sentent déprimés quand le tueur de milliers de prisonniers est laissé sans entrave“, “Je pense que ma cause demande de l’action et un positionnement claire de la part du président des États-Unis”
Ainsi, c’est seulement en 2017 que l’ECCHR remet des milliers de photos à l’office fédéral de la police judiciaire allemande, irréfutable preuve de la machine de mort d’Assad. Lien
La justice allemande commence donc à rassembler des preuves et faire des analyses forensiques des photos, afin d’identifier les victimes et la cause de leurs morts.
L’ECCHR complète, en novembre 2017, ces deux plaintes et preuves précédentes, par deux autres plaintes contre des hauts fonctionnaires du bureau national de sécurité et du service de renseignement de l’armée de l’air syrien, ainsi que contre les chef de la police militaire et de la prison militaire de Saydnaya. Lien
Après tant d’années une juridiction se penche enfin sur ces archives photographiques prises et exfiltrées au risque de la vie du photographe et de ceux qui ont permis sa fuite, donnant l’espoir aux Syriens que leur humanité compte finalement et que nous n’avons pas complètement renoncé à la notre.
Le procès de Coblence, en plus de tout ce que nous avons déjà appris plus haut, a un autre aspect non-négligeable: Raslan est entré en Allemagne en se faisant passer pour un opposant au régime de Bachar al-Assad, ce qui d’ailleurs est un des enjeux majeurs de ce procès.
Le souvenir de Nuremberg
Le procès de Coblence, a lieu 75 ans après le Procès de Nuremberg (1945-1949), au cours duquel les Alliés engagèrent des poursuites contre les principaux criminels de guerre allemands. Notamment Hermann Göring, Rudolf Heß, Joachim von Ribbentrop, Wilhelm Keitel, Ernst Kaltenbrunner, Alfred Rosenberg, Hans Frank, Wilhelm Frick et d’autres furent jugés. 12 écopèrent de la peine de mort, les autres de peines de prison.
Ce qui se passe en Allemagne en ce moment est certes historique, mais ne peut pas être mis sur une même échelle que Nuremberg (ni que les procès de Tokyo), les principaux bourreaux n’y étant pas jugés. Toutefois, la désignation de responsables de crimes contre l’humanité, marque le début de la fin de l’impunité, et constitue une sorte de prélude à la poursuite de la justice à l’échelle internationale.
Pour ce qui concerne le procès de Coblence, la juridiction universelle joue un rôle crucial, puisque depuis La Haye des procès ne peuvent pas être menés à terme. La Russie, allié d’Assad, dispose d’un droit de véto au Conseil de Sécurité de ONU, dont elle a fait 14 fois usage entre 2011 et 2019.
De plus, le traité de Rome qui crée la Cour Pénale Internationale (CPI), situé à la Haye, ne s’applique pas à la Syrie qui ne l’a pas signé. La CPI a donc les mains liées, puisque pour des états non-membres il est obligatoire de consulter le Conseil de Sécurité.
Toutefois, ce procès n’est qu’un début, et nous pouvons déjà voir qu’il ne va pas en rester là. Ainsi, trois nouvelles personnes ont pu être identifiées par leur compatriotes syriens, dont un membre de la branche sécuritaire de l’armée de l’air, qui est connu pour avoir activement participé à des enlèvements et des actes de torture.
Le procès
Ici suit un résumé du protocole de procès, traduit depuis la page officielle en Allemand de L’EHCCR:
1ère et 2ème journée (23. et 24. Avril) – Le début de l’audience: lecture de l’accusation et l’enquête du BKA
La salle de tribunal est remplie seulement au tiers – 29 journalistes et visiteurs y sont admis au lieu des 92 en temps normal. Il y a des murs en plexiglas et la communication se fait par interphone. Ce procès n’est pas uniquement historique par son aspect pionnier contre un des bourreaux d’Assad, mais se tient aussi en pleine Covid 19, crise sanitaire sans précédent.
“Fourteen international media representatives and 15 visitors were finally allowed to enter courtroom 128 – fewer people than usual, due to COVID-19 security measures. Plexiglas walls separated defendants, joint plaintiffs, lawyers and translators; the only way to effectively prevent possible infection. Before proceedings began, the presiding judge made sure that the defendants, their lawyers and translators could communicate flawlessly via intercom.” Lien
Certains survivants syriens présents au procès tournent ostensiblement le dos, d’autres choisissent d’affronter du regard les deux accusés. Un témoignage démontre l’importance d’affronter ses bourreaux dans un cadre de justice, où ils sont dépourvus de leur pouvoir et de leurs armes:
“But now, here in this German court, this arena of genuine justice, I was looking into the Colonel’s eyes and he was looking into mine. At first, all I could think was ‘don’t blink’. I composed myself and spoke with my eyes to Raslan: “I will not blink even if this stare lasts forever. You will not scare me. I will look into your eyes without fear”. I widened my gaze. Everybody faded from my sight. There was only the Colonel and I.
It was the first time in my life that I was not intimidated by one of Assad’s ‘security’ officers.”
“Mais maintenant, dans ce tribunal allemand, cette arène authentique de justice, j’étais en train de regarder dans les yeux du colonel et lui dans les miens. D’abord, je n’arrêtais pas de penser “ne cligne pas des yeux”. Je me suis calmé et j’ai parlé au colonel avec l’aide de mes yeux. “Je ne vais pas cligner des yeux, même si ce regard dure une éternité. Tu ne vas pas me faire peur. Je vais te regarder dans les yeux sans peur.” J’ouvrais encore plus grand mes yeux. Tout le monde autour disparaissait. Il n’y avait plus que le colonel et moi.
C’était la première fois que je n’étais pas intimidé par l’un des “officiers de sécurité” d’Assad”
“Ich klage an..” (“J’accuse”)
L’acte d’accusation est lu.
On cite la complicité de 4000 cas de tortures, les 58 cas de meurtres et des actes de viols et de violence sexuelle, 24 cas de tortures singuliers, de l’unité 251 où Anwar Raslan exerçait.
Il s’agit de torture systématique et répandue d’opposants syriens par le régime de Bachar al-Assad sous l’autorité duquel les deux accusés exerçaient leurs fonctions.
Un fonctionnaire du BKA (l’office fédéral de la police judiciaire) décrit comment l’enquête judiciaire a pu être menée et quels procédés d’investigation ont dû être entrepris. Ce témoin du BKA démontre donc comment lui et son équipe d’investigation vérifiaient les informations des crimes atroces que les victimes leur apportaient. Un moment douloureux en ce début de procès, notamment la description détaillée d’actes de tortures.
3ème et 4ème journée (28. et 29. Avril) – Rapport d’une ethnologue sur la situation en Syrie
L’ethnologue Laura Thurmann présente un rapport écrit sur la demande du procureur général dans lequel elle analyse la situation politique en Syrie depuis l’indépendance syrienne en 1946, en passant par les années 2000 marquées par les “réformes” et puis dès 2011 l’écrasement systématique de l’opposition par le régime de Bachar al-Assad. Elle donne aussi beaucoup de contexte de la culture de la peur des années 1970 sous Hafez al-Assad, où la torture était déjà à l’ordre du jour.
Le lendemain – l’audition de témoins dans la demande d’asile de Anwar Raslan.
Les avocats des parties civiles, les deux accusés et leurs défenseurs sont présents, ainsi que les traducteurs, des journalistes et des étudiants observants le procès.
Trois témoins sont entendus au sujet de l’entrée sur le territoire allemand et sur la procédure de la demande d’asile de Anwar Raslan. Au centre de l’attention sont donc les documents des administrations pour lesquelles travaillaient les témoins.
Lors du passage d’Anwar Raslan à l’Office fédéral pour la migration et les réfugiés (BAMF) en 2015, l’Office considérait alors que toutes les conditions d’accueil étaient remplies puisque le visa de Raslan était aux normes. D’autres consultations n’ont pas été jugé nécessaires. Tous les documents officiels sont projetés sur le mur de la salle de tribunal. On essaye de les déchiffrer.
Le deuxième témoin, une représentante du Ministère des affaires étrangères (AA – Auswärtiges Amt), s’étant occupé du cas de Raslan à son arrivée en Allemagne, expose ensuite ce qu’elle savait à ce moment sur cet homme et de son prétendu rôle dans l’opposition au régime d’Assad. Anwar Raslan avait en effet participé en 2014 à “Genève II”, une conférence de paix de l’ONU au sujet de la Syrie.
Cette participation confirma au yeux de la représentante du ministère des affaires étrangères, le rôle de Raslan dans l’opposition. La recommandation d’accueillir Raslan, reçue par un autre prétendu membre de l’opposition, renforce cette fonctionnaire dans sa décision.
Ensuite dernier témoin, un membre de l’office des migrations du Land Berlin, s’exprime sur l’entrée de Raslan en Allemagne depuis la Turquie en mai 2015. Les autorités turques avaient alors confisqué le passeport de l’accusé en disant qu’il était faux.
On tente donc de reconstruire l’identité exacte et le cheminement de Raslan en cette 4ème journée du procès.
5ème journée (18. Mai) lecture du présent avis de Anwar Raslan
Journée attendu par tout le monde: les survivants et les parties civiles, les activistes syriens, allemands et français pour les droits de l’homme, les juristes et les journalistes sont venus du monde entier – tous attendent depuis 6h du matin devant le tribunal et devront patienter jusqu’à 14h (car auparavant le co-accusé Eyad al-Gharib est entendu).
Ensuite c’est l’horreur.
45 pages.
2 heures de lecture.
45 pages d’explications écrites de la part de Anwar Raslan sont lues par les avocats Michael Böcker et Yorck Fratzky. Une première mention la torture arrive uniquement après 50 minutes de lecture. Un exposé parfaitement fasciste, insupportable et interminable pour les victimes présents dans la salle de tribunal – la négation absolue d’un quelconque crime.
Contraste grotesque avec tout ce que nous savons sur les services secrets syriens et leurs méthodes atroces; contraste douloureux avec les milliers de témoignages que les Syriens nous ont livré.
En résumé: ce n’était jamais de sa faute, il n’a fait de mal à personne, il n’avait aucun pouvoir, il n’y a jamais eu d’instrument de torture dans l’unité 251. Il aurait même essayé d’aider les prisonniers.
Il aurait subit des pressions de la part de Tawfik Younes, général de division et chef de l’unité d’al Khatib, qui lui aurait retiré certaines compétences et de là il n’aurait exercé que des taches bureaucratiques.
Réfutation totale de tous les points de l’accusation, refus de toute responsabilité.
Raslan expliqua ensuite, toujours dans ses 45 pages, comment il avait déserté et quitté la Syrie en 2012, se présentant comme supporter depuis de nombreuses années de l’opposition syrienne, et nomma des personnes qui pouvaient en témoigner.
Ce témoignages fût un coup dans le ventre de tous ceux et celles qui luttent pour la liberté et la démocratie en Syrie, ceux et celles qui consacrent leurs vies à cela, afin que justice soit faite enfin sur les crimes contre l’humanité commis par des organes comme l’unité 251.
“Anwar R.’s denial is just another abuse of his victims and their families. It shows that he does not have remorse or regret for torturing human beings, even if they die under torture”, dit le journaliste syrien et défenseur de droits de l’homme, Mansour Omari.
6ème journée (19. Mai) contexte de la plainte que Anwar Raslan avait déposé de son côté
En 2015 Raslan dépose une plainte dans un poste de police berlinois. Ne se voyant pas comme un bourreau, mais très clairement comme une victime: Il se sent menacé par les Mukhabarats syriens qui, selon lui, l’observeraient et le persécuteraient à Berlin pour le livrer au régime comme traître.
En cette 6ème journée, deux personnes – une commissaire principale et la femme qui avait accompagné Raslan au poste de police en 2015 – témoignent de la plainte déposée par Anwar Raslan en personne, car ce dernier se sentait sous surveillance et poursuivi par les services secrets syriens à Berlin. Il demande alors une protection rapprochée, et signe avec son nom suivi de son rang militaire “Colonel”, ce qui intrigue alors les policiers. La plainte fût ensuite transmise au LKA (LandesKriminalAmt) de Berlin.
La femme qui accompagna Raslan au poste est une politologue et islamologue qui avait rencontré l’homme au cours de sa démarche d’analyse et de documentation de la situation en Syrie. Quelqu’un lui avait recommandé Raslan comme ex-membre des Mukhabarats ayant déserté pour rejoindre l’opposition.
Raslan lui téléphona à plusieurs reprises en 2015 et elle accepta finalement de l’accompagner au poste, bien qu’elle ait été consciente des crimes contres l’humanité qu’il avait sûrement dû commettre en raison de son passé de colonel.
Ironiquement c’est donc aussi grâce cette plainte de Raslan, prétendant qu’il ne se sentait pas en sécurité, que la justice Allemande s’intéresse à son cas.
Son assurance personnelle et la conviction de sa propre innocence, ainsi que très probablement sa méconnaissance du système judiciaire allemand, qui comprends la compétence universelle, l’amenèrent ce jour-là au poste. Un peu comme s’il croyait que le fait de se sentir en danger et surveillé par les Mukhabarats syriens à Berlin, renforcerait sa position d’opposant au régime et donc sa position de victime.
7ème journée (27. Mai) – l’audition de Eyad al-Gharib par le BKA
En cette journée trois témoins sont entendus concernant le co-accusé Eyad al Gharib.
Ce dernier jouait d’abord un rôle lors des investigations structurelles menés à Karlsruhe en 2018. Il était donc à ce moment-là entendu en tant que témoin et non en tant qu’accusé. Ici se pose donc la question de la légitimité d’utiliser les témoignages qu’Eyad al-Gharib avait prononcé en 2018 en tant que témoin pour l’incriminer en tant que co-accusé au procès de Coblence.
Il a fallu une confirmation de la cour fédérale de justice allemande (BGH – BundesGerichtsHof), pour que la détention préventive d’Eyad al-Gharib puisse-t-être maintenu.
Ce co-accusé au procès de Coblence, contrairement au plus haut gradé Anwar Raslan, ne nie pas la brutalité des services secrets syriens, et témoigne ainsi des cris des détenus que le personnel militaire de la prison pouvait entendre jusque dans la cafétéria, ou des tirs arbitraires sur des manifestants pacifiques.
Ici est aussi montrée, pour la première fois au cours de ce procès, l’une des photographies prise par César, documentant une victime assassinée par les services secrets syriens et tenant une carte dans la main avec l’inscription “251”: l’unité al-Khatib.
Personne ne peut alors affirmer que de tels crimes contre l’humanité ne se sont pas passés ou qu’on les ignorait – encore moins un colonel aussi haut gradé que l’était Raslan dans l’unité 251.
8ème journée (28 Mai) – le l’office régional de police judiciaire (LKA – LandesKriminalAmt) s’exprime au sujet de la plainte de Anwar Raslan
L’office régional de police judiciaire de Berlin se penche encore une fois sur la plainte déposée par Anwar Raslan en 2015.
Raslan exprimait à ce moment-là sa crainte d’avoir été identifié comme un déserteur des services secrets syriens et d’être déporté par ces derniers en Syrie. Crainte que le tribunal a jugé injustifié, contrairement à sa peur subjective, qui quant à elle est perçue comme réelle.
Note: Il est plus probable que Raslan, était déjà à ce moment-là repéré par des Syriens opposants au régime d’Assad ayant trouvé refuge en Allemagne. Il est aussi probable qu’il a perçu ces derniers comme un danger, puisqu’il déclare dans sa plainte avoir été “observé” par des individus ayant l’air syrien. Si au fond il n’a jamais vraiment déserté, mais n’a seulement agit que pour sauver sa propre peau, cette peur des opposants syriens ferait parfaitement sens. Toutefois il est aussi probable qu’il est vu par les services secrets syriens comme un opposant au régime.
Un procès reste rarement dans les quatre murs qui accueillent témoins, accusés et tous les autres acteurs, mais a néanmoins un effet plus étendu.
C’est ainsi, qu’en cette 8ème journée de procès, les activistes de “Syria Campaign, Families for Freedom” et “Adopt a Revolution” font une action devant le tribunal de Coblence avec des banderoles et 40 photos de personnes disparues ou ayant trouvé la mort dans les geôles d’Assad.
Une pétition sous la devise #SyriaNotSafe circule, demandant la prolongation de l’arrêt des expulsions vers la Syrie et rappelant que les crimes contre l’humanité continuent à y être commis.
9ème journée (29 Mai) – l’audition de Anwar Raslan par le l’office régional de police judiciaire de Bade-Wurtemberg
Un des témoins à Coblence, un commissaire de police, dit en effet avoir entendu Raslan en octobre 2017 à Stuttgart, lors de l’enquête structurelle sur les crimes contre l’humanité commis en Syrie. Le protocole de cet interrogatoire révèle d’avantage la carrière de ce colonel haut gradé, et de ce qu’il cautionnait quand il était en service. Anwar Raslan a donc témoigné à cette occasion, face à ce commissaire de police, qu’il avait assisté à des crimes de guerre, notamment que de nombreux morts avaient été amenés dans l’unité 251. Il témoigne aussi d’avoir vu l’arrivée de plus de 750 nouveaux prisonniers dans la même journée. Mais à ce moment-là Raslan est un témoin et non pas l’accusé.
Ce 29 Mai à Coblence, on pose alors la question à Raslan de la manière dont les interrogatoires étaient menés en Syrie, question à laquelle il répond qu’il y aurait eu certains “interrogatoire un peu sévères”, car “il était impossible, vu le nombre d’interrogatoires, de rester courtois tout le temps”.
Dans la lumière des horreurs dont nous savons qu’elles ont eu lieu, cette réponse résonne comme une moquerie cynique.
Comme s’il voulait amoindrir les propos énoncés lors de son témoignage à Stuttgart, pour ne pas que l’on voit sa part de responsabilité dans ces horreurs.
Puisqu’auparavant accours des investigations structurelles, l’office régional de police à Stuttgart, enquêtait surtout sur l’unité 320 du service secret syrien de Hama, Anwar Raslan n’y fut pas interrogé sur ce qui se passait dans l’unité 251. Sur ce, l’office régional de police de Stuttagrt transmet alors le protocole à l’office fédéral de la police criminelle de Bade-Wurtemberg, pour un examen plus détaillé et les choses suivirent leur cours.
10ème et 11ème journée (3.-4. Juin) – Première audition d’un survivant de la torture
Ces deux journées avaient une importance majeure pour les Syriens, ainsi que pour les activistes, puisque pour la première fois, lors de ce procès, fut entendu un survivant: Feras Feyyad, producteur de cinéma syrien. Son témoignage en arabe fut traduit directement. Moment important pour les survivants également, car le public arabophone pu enfin comprendre ce qui se disait dans la salle de tribunal.
Feyyad parla de sa vie d’étudiant, de sa vie en Syrie et du moment qui a tout changé, quand en mars 2011, les manifestations contre le régime de Bachar al-Assad se sont intensifiées. Il prit alors sa caméra et essaya de documenter, autant que possible, cette révolution. Il apprit à d’autres comment filmer pour suivre son exemple. Il filma les arrestations, les tirs des policiers sur les manifestants. Il est alors persuadé d’avoir été arrêté pour cause de son engagement contre le régime d’Assad. Arrêté par le service secret de l’armée de l’air, il témoigne de la présence dans l’unité d’enfants en bas-âge et de cadavres. Il fut relâché, mais arrêté de nouveau à l’aéroport au départ pour Dubai où il voulait se réfugier avec son matériel documentaire.
Il fut donc amené dans l’unité 251 d’al-Khatib où une pluie de coups accueillait chaque nouveau venu. Il parle de cellules tellement pleines à craquer que les prisonniers essayaient de dormir debout, des détenus dont on n’était plus sûrs s’ils étaient mort ou vivants, des conditions sanitaires atroces, de cris de souffrance et des interrogatoires lors desquelles il devait se déshabiller, était suspendu au plafond par les mains, battue jusqu’au sang et abusé sexuellement. Plus tard il croit reconnaître Anwar Raslan sur des photos et dit pouvoir certainement reconnaître sa voix, car ses yeux étaient bandés au cours de ces interrogatoires. Mais Raslan choisit de ne pas ouvrir la bouche en cette 10ème journée de procès.
Malgré les douleurs toujours ressenties dans tous ses membres, des dépressions et des états d’angoisses, Feras Fayyad se dit être prêt à pardonner Raslan, si ce dernier s’excuse et admet ce qui se passait dans l’unité d’al-Khatib: de la violence arbitraire, de la torture, des crimes contre l’humanité.
Il pense par contre que ce moment n’arrivera jamais, surtout après le choix de Raslan de nier tout crimes.
11ème et 12ème journée (4.-5. Juin) – audition de l’avocat syrien Anwar al-Bunni
Depuis plus de 30 ans Anwar al-Bunni consacre sa vie à ce que justice soit faite sur les persécutions, la torture et d’autres crimes du gouvernement syrien. Ne pouvant pas exercer le métier d’avocat en Allemagne, car il n’en possède pas la licence, il fonde le “Centre Syrien pour les Recherches et les Etudes Juridiques”. C’est notamment, comme évoqué plus haut, avec le SCLRS qu’il fonde en automne 2018 le projet “du droit pour les réfugiés”, grâce auquel et grâce à la collaboration de 30 avocats syriens exilés en Allemagne et dans d’autres pays d’Europe – il rassemble de nombreux témoignages de survivants – preuves irréfutables de crimes contre l’humanité commis par le régime d’Assad.
En ces 11ème et 12ème journées du procès, il est invité en tant que témoin pour cette raison, et aussi car il était lui-même prisonnier dans l’unité 251 où il fut torturé pendant la semaine suivant son arrestation. Il fut ensuite transféré et détenu 5 ans dans l’unité 285 de la prison d’Adra, de 2006 à 2011 où il effectue même une grève de la faim aux côtés d’autres défenseurs des droits de l’homme incarcérés avec lui. Par ailleurs, il est aussi l’avocat du précédent témoin Feras Fayyad en 2012 en Syrie.
Connu par tous les Syriens exilés et ceux qui s’intéressent aux droits de l’homme sur la Syrie, Al-Bunni participe désormais à de nombreuses manifestations anti-Assad tenues à Berlin. Il est un soutien indispensable, quand il s’agit de la lutte pour la dignité du peuple syrien. Depuis son bureau dans la capitale allemande, il passe tout son temps à défendre les révolutionnaires syriens, et à traquer ceux qui les ont persécuté ou continuent à le faire.
Il pense qu’environ 1000 anciens tortionnaires d’Assad, tout comme Raslan, ont réussit à quitter la Syrie déguisés en réfugiés et vivent maintenant tranquillement leurs vies en Allemagne.
Selon al-Bunni il y a bien plus en jeu que les crimes de Raslan et d’al-Gharib au procès de Coblence, puisque le clan Assad se sert de la torture comme moyen de répression depuis bien des décennies et continue de s’en servir. Le procès provoque, d’après lui, un sentiment d’insécurité dans le clan d’Assad et son effet est ressenti jusqu’en Syrie.
Sur la photo ci-dessous on peut voir al-Bunni et Feras Fayyad tenir un sit-in aux côtés de l’activiste de “families for freedom” Wafa Mustafa, entourés de 61 portraits de personnes que les services syriens ont fait disparaître – dont son propre père. Selon l’avocat, un parmi les plus de 150 000 personnes disparues dans les centres de torture du régime.
Es hat ein bisschen gedauert, aber nun ist er online – unser Bericht über die Anhörung von @anwaralbounni, #Menschenrechtsanwalts aus #Syrien (rechts im Bild), im #AlKhatibProzess in #Koblenz. Er hatte einiges über #Assads #Foltersystem zu berichten.https://t.co/RsdIlQJiYK pic.twitter.com/p8gBrVjmDO
— ECCHR (@ECCHRBerlin) June 5, 2020
Ce sont les Syriens qui nous donnent une fois de plus une leçon de démocratie et de dignité. Ce n’est pas nous les Européens qui leur offrons notre système de justice et un refuge contre la barbarie, mais plutôt eux qui continuent la révolution en exil, en nous apprenant ce qu’est la justice internationale, ce qu’est le pardon et ce qui veut dire affronter ses plus sombres cauchemars en regardant ses bourreaux dans les yeux.
Comment Anwar Raslan a-t-il pu trouver asile en Allemagne, alors qu’il est responsable de crimes contre l’humanité?
Premièrement, comme déjà montré dans la partie du protocole de procès, l’arrestation de Raslan ne serait sûrement pas arrivée aussi rapidement, si lui-même n’avait pas attiré l’attention sur lui avec la plainte déposé de son propre gré.
Ce fait a donc sûrement accéléré le processus, même si il avait déjà été reconnu par des opposants syriens exilés en Allemagne, comme le colonel de l’unité 251.
Raslan fait donc partie de ceux qui ont réussit à faire croire aux autorités internationales qu’ils avaient rejoint l’opposition, dès son entrée sur le territoire allemand.
Mais comment est-il parvenu à se composer un dossier d’opposant Syrien aussi crédible et vivre tranquillement à Berlin depuis 2015?
En effet, en 2012 l’ancien colonel du régime a su passer clandestinement la frontière de Jordanie avec l’aide de rebelles, qui prenaient la désertion d’un fidèle si haut gradé comme signe de l’effondrement de la dictature. A ce moment-là, les crimes que quelqu’un avait commis, aussi graves qu’ils pouvaient être, était amoindri par la joie de de la chute prochaine du régime. Et aussi par l’espoir que si on aidait des hauts fonctionnaires à déserter, cela allait accélérer Assad dans sa chute. Raslan était donc en Jordanie regardé comme un gain, voir une plus-value pour la révolution syrienne.
De plus, Raslan a promis à Wael al-Khalid, un des leaders de l’opposition syrienne, qui l’avait aidé à déserté en 2012, qu’il allait lui remettre les dossiers de 20.000 prisonniers, avec les précisions de ce qui leur est arrivé, ainsi que qui en avait donné les ordres. Promesse que Raslan ne tiendra pas.
Au journaliste du Spiegel Christoph Reuter, qui rencontre Raslan en 2013 à Amman, Raslan dit que la surveillance de potentiels opposants du régime en 2005 s’est transformée en massacre de ces derniers, et que c’est à cause de cela qu’il a déserté. Tout en n’étant apparemment pas dérangé par la torture systématique d’opposants pacifistes, d’écrivains et d’avocats qui avait déjà lieu bien avant cette date. Peut-être a-t-il donc juste voulu sauver sa propre peau et celle de sa famille en croyant que le régime n’allait pas tenir. Lien
Ainsi, malgré son rôle clef dans l’unité 251, Raslan a pu voyager librement entre 2012 et 2014 et même occuper, à ce moment-là, un rôle assez éminent dans l’opposition au régime. Même si bien sûr beaucoup n’ont jamais oublié les atrocités qui ont eu lieu sous ses ordres. A cela s’ajoute que sa fuite, à la fin de l’année 2012, est considérée par de nombreux Syriens comme tardive, suscitant des doutes sur l’honnêteté de sa désertion.
Malgré tout, il réussit à s’insinuer auprès d’importants leaders de la révolution syrienne. Cette collaboration officielle avec l’opposition lui donne alors le ticket d’entrée pour l’Europe, et pose encore problème à ce moment à certains Syriens qui l’ont aidé dès 2012.
Ainsi, il prends même l’avion pour aller à Istanbul et participe à la conférence de paix de l’ONU de Genève II en 2014, en tant que représentant de l’opposition syrienne. Ce qui par la suite rendra d’autant plus crédible son dossier d’opposant auprès des autorités allemandes.
Mais les temps changent, Assad n’est pas tombé. Il massacre tout comme avant.
Et les bourreaux sont d’autant plus considéré comme coupables d’avoir participé au maintien de ce système totalitaire toujours en place.
La révolution est désormais aussi une révolution en exil, même si depuis le 9 juin 2020 à Suwaida, de nouvelles manifestations anti-régime ont éclatées.
Ceux qui auraient dû être jugé dans une Syrie libre et démocratique le sont donc en exil. Nous avons tous contribué à ce que Bachar al-Assad gagne. Ce qui n’enlève pas la force de ce procès et ce qui n’enlève pas non plus la possibilité de soutenir ces révolutionnaires exilés à l’heure actuelle.
Si nous les ignorons et ignorons leur lutte pour la justice et la dignité, la part d’humanité en nous sera d’avantage perdu.
Faisons le choix de ne pas les lâcher dans leur combat, qui est en fait, celui de notre humanité à tous.