Après la pandémie de Covid 19, l’articulation entre santé publique et démocratie aurait dû être l’enjeu de très longs débats . En lieu et place, les hurlements du politique à courte vue (qu’il se présente comme détenteur du pouvoir légitime sur nos vies et nos corps ou au contraire rebelle à toute forme de contrainte sanitaire, même pour protéger les autres ) ont totalement monopolisé le débat. Il fallait être pro ou antivaccin, antigouvernemental OU anticonspirationniste. Et puis surtout, comme d’habitude en France, il fallait absolument cliver, et de préférence en souhaitant la mort du camp adverse, tout en prétendant que le but de chacun était de sauver la peau de tous les autres, à leur corps défendant.
C’est dans ce contexte extrêmement tendu, en plein mouvement contre le pass sanitaire, que se sont tenues les journées d’été de Lignes de Crêtes, où les positions sur ces sujets étaient variées après un an et demi de pandémie, vécue de places très différentes dans la société. Certains d’entre nous étaient cet été là prioritairement mobilisés contre le pass sanitaire, d’autres contre la propagande anti-vaxx. Nous avons tous mis nos masques, néanmoins.
Nous avons aussi souhaité ouvrir ces journées par la conférence de Lionel Pourtau, sociologue , chercheur sur l’éthique et la santé publique. Reprendre le débat scientifique, par les sciences humaines , finalement peu invoquées et utilisées par les acteurs politiques divers et variés pendant cette pandémie. Pour commencer à défricher des questions essentielles, et penser les interactions et les équilibres, entre libertés civiles et droits collectifs ne pouvant être garantis que par des contraintes ou des auto-contraintes sur les individus.