Ce 17 février, Lignes de Crêtes organise un débat à propos des atteintes aux libertés associatives générées par la loi Séparatisme et son application.
Notre collectif a la chance qu’Elias d’Imzalene , militant musulman et Julien Talpin sociologue et acteur de la vie associative aient bien voulu répondre à notre invitation à débattre.
Depuis 24 heures et de manière excessivement convenue, la sphère islamophobe, ce conglomérat qui va de l’extrême-droite néo-nazie jusqu’à une partie de la gauche s’agite, insulte, diffame, menace. Ivre de sa toute-puissance numérique, elle ne comprend pas qu’on ose encore respirer et parler sans se préoccuper de ses hurlements imbéciles qu’elle appelle expression politique.
Comment des musulmans et des non-musulmans osent-ils encore débattre ensemble, comment osons nous mener des initiatives communes ? Comment, alors que nous sommes censés avoir peur les uns des autres, nous haïr , rester séparés à tout jamais et devenir les petits soldats de la guerre civile fantasmée par des polémistes et bateleurs de la haine de salon Twitter.
Comment osons-nous, alors que tout est fait pour que cela n’arrive pas, jusqu’à la terreur des attentats racistes, qui ne sont même plus appelés attentats depuis novembre 2019 et l’attaque contre la mosquée de Bayonne ? Parce que le mot « attentat » fait penser à « victimes » et que les musulmans ne sont pas censés être des victimes.
De fait, c’est la seule clarification que nous tenons à faire vis à vis des islamophobes. Lignes de Crêtes ne soutient pas des « victimes », et nous n’invitons ni ne publions des amis musulmans pour faire notre devoir de défenseurs des droits humains, ou d’antiracistes . Nous ne sommes pas des soutiens paternalistes, et des « idiots utiles de l’islamisme ».
Nous ne pouvons pas arrêter le torrent de boue déversé lâchement contre Elias d’Imzalene. Nous ne pouvons pas empêcher les menaces de mort permanentes qui le visent, lui et sa famille, à chaque fois qu’il s’exprime . Nous ne pouvons que l’assurer de notre solidarité et de notre dégoût devant ces méthodes de soudards déchaînés.
Mais nous tenons à dissiper toute ambiguité. Nous ne l’invitons pas pour faire respecter sa liberté d’expression, mais parce que c’est un acteur incontournable des luttes depuis des années, un défenseur infatigable non seulement de sa communauté, mais aussi d’une société française différente où bêtement, tout le monde aurait sa place. Nous le savons mieux que personne, car son collectif, Perspectives Musulmanes nous a invités à sa tribune lors d’un rassemblement, nous, dont, en apparence, les idées et les identités sont tellement éloignées des leurs.
Nous ne sommes pas des idiots utiles de l’islamisme, nous sommes, en toute conscience, des camarades des islamiens, comme ils disent. Et nous sommes fiers et heureux de pouvoir faire partager la rencontre et les luttes communes à d’autres.
Que le camp de la haine s’indigne avec une telle force des gens encore décidés à vivre ensemble dans ce pays, que la moindre initiative en ce sens déclenche leurs hurlements stupéfaits devant le refus de la Séparation ne peut que nous inciter à continuer.
Ce n’est pas que l’affaire des musulmans. Mais la nôtre aussi, qui ne pouvons pas certes pas accepter que notre liberté d’association soit conditionnée à un « Mais pas avec lui, eux, elles et puis ceux-là non plus… », qui à la finale ne nous laisse que la possibilité de nous associer aux islamophobes. Non merci.