Le texte qui suit reprend en partie une lettre envoyée à Grégory Laurent, commissaire général de la foire du livre de Bruxelles, à laquelle il n’a pas répondu pour le moment.
Du 14 au 17 février 2019, pour la troisième année consécutive, les éditions Ring seront présentes à la foire du livre de Bruxelles. Nous nous opposons à la participation, jamais remise en question, d’une maison dont les auteurs principaux sont des acteurs phares de l’extrême-droite culturelle et qui s’est déjà rendue responsable de nombreuses campagnes de harcèlement.
Lors d’une discussion qui s’est déroulée en avril 2018 au sujet de la présence des éditions Ring et de leur auteur Marsault à la Foire du Livre de Bruxelles, Grégory Laurent affirmait que leur participation relevait d’une erreur. L’organisation se serait aperçue tardivement de leur inscription et de la nature de cette maison, et il était alors trop tard pour les refuser. Pourtant, Ring disposera à nouveau d’un stand lors de la foire du livre 2019, avec Zineb El Rhazoui, Laurent Obertone, Armelle Carbonel, Mattias Köping et Papacito. Contacté au début du mois de février, le commissaire général de la Foire du Livre affirme ne pas être en mesure de refuser la location d’un stand lors de son événement. Visiblement pieds et poings liés, ni l’organisation de la Foire, ni les institutions comme la Communauté Française (qui nous encourage quand même, à demi-mot, à réagir publiquement), ne s’estiment capables de priver l’éditeur de la fantastique vitrine qu’ils lui offrent.
Ring (à propos de laquelle Libération proposait ici un portait) publie de la littérature noire et de genre, mais ses best-sellers sont des livres qui développent des argumentaires ultra-réactionnaires, écrits par des auteurs coqueluches de la fachosphère. Ils ont, d’une part, un grand succès et de solides moyens financiers, une bonne exposition sur internet qui leur permet, via une communication sensationnaliste, de propager des idées misogynes, racistes, fascistes, et, en outre, la capacité de déchaîner leur communauté sur quiconque les critique (en l’occurrence souvent sur des femmes) sous forme de campagnes de cyber-harcèlement.
Puisqu’il semble évident que l’organisation de la Foire du Livre connaît les éditions Ring et que leur participation a été sujette à débat, nous serions très curieux de connaître la véritable teneur des arguments avancés au cours de ces discussions. Nous nous demandons sincèrement pourquoi un tel événement devrait se charger de la promotion d’un éditeur d’extrême-droite. Peut-on se permettre de faire passer Ring pour une maison d’édition comme les autres ? Et les idées portées, avec une grande visibilité (par la voie du livre mais aussi sur youtube), par leurs auteur.ice.s, pour des idées anodines ?
On trouve facilement sur internet une longue littérature critique très factuelle sur les éditions Ring (on peut notamment consulter ici le dossier de presse du site Lignes de Crêtes). Même si ce n’est pas exhaustif, nous vous proposons de résumer dans les paragraphes suivants pourquoi nous sommes en droit de considérer les éditions Ring comme une maison inquiétante.
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