La pensée réactionnaire française et la gauche raciste tricolore, est obsédée par l’invasion de théories “venues des Etats Unis”. Des théories du genre, de l’antiracisme, du multiculturalisme, tout cela viendrait des campus universitaires américains, s’infiltrerait dans nos universités par le biais des islamo-gauchistes et détruirait insidieusement la France.
Ces croyances sur l’américanisation sont assez commodes pour la gauche raciste, les souverainistes et les réactionnaires anti-antiracistes et autres obsédés du complot Woke. Celà permet d’expliquer comment font les Arabes pour affaiblir la grande Nation de France alors qu’ils sont clairement des inférieurs civilisationnels aux yeux de la gauche raciste, privés de laïcité et d’universalisme: ils sont aidés en fait par les campus américains. On peut aussi renouer avec les vieux mythes antisémites d’une cinquième colonne actionnée depuis l’étranger. On peut même comme certains souverainistes, recycler le fond de pot sur l’Empire contre la Nation.
Tout cela est très commode mais c’est aussi une réaction à une réalité : le mouvement anti-raciste américain est celui qui a permis, par ses luttes acharnées, et au prix de morts, de se débarrasser de Donald Trump qui était l’avant garde du fascisme réactionnaire dans le monde. La résistance américaine au fascisme, incarnée dans le mouvement Black Lives Matter, est quelque chose qui a inspiré outre Atlantique et que l’on a envie d’imiter. Et ce phénomène d’émulation inquiète en France les tenants de la ligne de la gauche raciste, souverainiste et Printemps Républicain modéré ou radicaux, convaincus que « la gauche doit parler aux électeurs de Trump et aux Gilets Jaunes » en répétant drapeau, nation, frontières. Pour cette tendance, convaincue que le salut de la gauche est dans l’adoption des thématiques de l’extrême droite et la souveraineté nationale, évidemment, voir des jeunes se mobiliser aux côtés du comité Adama en s’inspirant d’un mouvement anti-raciste américain est une horrible catastrophe.
Cependant, aux Etats-Unis, il existe aussi, et tout autant, une gauche raciste. Un mouvement très intéressant à étudier car la gauche raciste et les réactionnaires US se perçoivent comme l’avant-garde de la lutte contre le Woke, le Gender et le politiquement correct. L’alignement politique n’est pas exactement le même et les clivages diffèrent ce qui offre un autre point de vue sur cette mouvance qui partage pourtant la plupart des codes médiatiques. Autre chose très intéressante à observer, les Américains étant beaucoup moins pudique sur la question de l’argent: combien rapporte ce positionnement. Car si les réactionnaires se lamentent beaucoup de ne plus pouvoir rien dire et d’être sans cesse victimes des wokes et de la Cancel Culture, ils oublient généralement de préciser combien ça leur rapporte. Car cette posture rapporte, en gloire, en politique mais aussi en espèces sonnantes et trébuchantes.
Nous allons donc ici nous intéresser à une polémique qui a eu lieu outre Atlantique, qui parle de réseau sociaux, de nouveaux médias, d’internet, de réaction de gauche raciste et de monétisation. C’est L’histoire… de Substack.
“Un meilleur futur pour les médias
Substack c’est une plate forme. Crée en 2017 par Chris Best, Hamish McKenzie et Jairaj Sethi à San Francisco.
Une plateforme qui devait révolutionner l’internet et résoudre la crise des médias avec une idée simple : des newsletter payantes. Les journalistes pourraient être pleinement responsable de leur contenu, sans contraintes ou rédac chef relou qui empêche les sujets d’émerger. Ils sont en relation directe avec leurs lecteurs, de façon plus intime grâce à la newsletter qui arrive dans la boite mail sans pub ni newsfeed ou mur Facebook à dérouler. Et ils peuvent monétiser et demander aux lecteurs de s’abonner à la newsletter ce qui assure un revenu régulier. Un circuit court de l’information du producteur au consommateur, une rémunération au mérite en fonction de ce qui intéresse les gens et de la qualité du contenu. La plateforme, elle, prend 10% au passage pour se financer et voilà tout allait bien se passer, c’était sûr…
Mais ce merveilleux modèle a volé en éclat le jour où l’on a découvert que Substack subventionnait un programme “Substack Pro”, qui offrait un contrat aux auteurs les plus prometteurs. Et que les auteurs les plus prometteurs pour Substack étaient tous d’une catégorie particulière : des « contrarians », en général des figures prétendument ou anciennement de gauche devenues réactionnaire, transphobes, racistes, pro-Assad, rouge-brunes etc. Nous analyserons la position du « contrarian » dans un prochain article. Cette “polémique Substack”, a vu tout un tas d’auteurs écœurés déserter la plateforme, remettre en cause son modèle économique ou sa prétendue neutralité. Mais cette polémique a permis de révéler aussi un modèle économique sur lequel reposait la plateforme (et comparé à une arnaque pyramidale). Et dans ce modèle économique, on pourra mieux comprendre comment le réactionnaire ou le raciste de gauche est particulièrement avantagé dans cette économie médiatique particulière, qui ressemble beaucoup à une arnaque pyramidale.
Substack, dans sa volonté de révolutionner l’économie des médias, part du principe que les médias doivent abandonner les revenus publicitaires, désormais captés par les géants du web. En conséquence le futur des médias passe par l’abonnement. Celà permet aussi l’indépendance par rapport aux publicitaires qui font ou feraient pression, le retour du mythe du « seul nos lecteurs peuvent nous acheter » etc. Comme à chaque fois que ce genre d’expérience a été tenté, le média « indépendant des publicitaires » se retrouve en réalité dépendant de ses lecteurs ce qui est ennuyeux dès qu’on veut publier des faits qui viennent contredire les croyances des lecteurs. Ce principe incite les médias qui font ce choix de ce modèle économique à aller dans le sens de l’opinion des lecteurs, plutôt que dans le sens des faits (Il est arrivé à Mediapart, incarnation de ce modèle économique en France, de publier des enquêtes complètement bidon reposant sur des mensonges de la propagande de Khaddafi)
Promesse d’Indépendance
Mais le modèle Substack proposait un modèle économique basé sur l’individu ce qui est très différent. Sa révolution des médias par l’abonnement payant à des newsletter individuelles, reposait sur plusieurs promesses finalement assez traditionnelles dans la pensée des nouvelles technologies mais qui ne se réalisent malheureusement pas toujours.
La promesse d’indépendance d’abord : Indépendance du boss, des contraintes journalistiques, de la publicité, captée par les géants du net. Le journaliste ne sera responsable que devant ses lecteurs et la plateforme Substack qui prend 10% est donc dépendante du succès du journaliste vis à vis de ses lecteurs.
La promesse de renouveau démocratique : les médias sont en crise parce que ce qu’ils racontent n’intéresse plus les gens alors ce modèle économique fera remonter ce qui intéresse vraiment les gens. Enfin les écrivains seront payés à leur juste valeur par leur lecteurs et on va quitter ce modèle algorithmique qui récompense le nombre de clicks.
Promesse de Liberté aussi, les journalistes étant totalement propriétaires de leurs contenus, libre d’en faire ce qu’ils veulent et de dire ce qu’ils veulent, Substack ayant décidé de privilégier « le débat d’idée » plutôt que la modération.
« Power to the writer and reduction of the attention economy » “Pouvoir aux auteurs et réduction de l’économie de l’attention” promet l’un des fondateurs, Hamish McKenzie qui vante « les plateformes qui mettent les lecteurs et les écrivains aux commande sont tout simplement meilleures »
platforms that put writers and readers in charge are just better.
“Mais c’est le calme du modèle qui est le véritable atout maître. Peut-être que j’en dit trop mais souvent je me retrouve à dire aux gens “notre vrai produit c’est notre business model”. Sur Substack, les auteurs réussissent lorsque les lecteurs ont le sentiment que leur confiance est récompensée et nous, la plateforme, nous réussissons seulement quand les auteurs réussissent.”
But it’s the calmness of the model that’s the real killer feature. Perhaps this is giving away too much, but I often find myself telling people: “Our real product is our business model.” On Substack, writers succeed when readers feel that their trust is being rewarded, and we, the platform, succeed only when writers do well.
Hamish McKenzie supplie les plateformes de s’inspirer et de copier ce merveilleux modèle économique Substack pour que tout le monde fasse la merveilleuse expérience de ce modèle économique génial qui va sauver les médias.
Sauf que…
Ces belles promesses se sont transformées en une uberisation du journalisme, une foire aux réacs, racistes, transphobes et pro-Assad, mis en avant par un algorithme que Substack jurait ne pas avoir, et la plateforme est devenue un refuge pour tous les « censurés » exclus des autres plateformes pour leurs propos immonde.
Ubérisation
L’ubérisation car en réalité, le journaliste “indépendant” se retrouve à devoir assumer seul toute la chaine de production du contenu. Le sujet, les recherches, l’éditorialisation, la correction, la publication, et à un rythme très soutenu.
C’est ce qui est arrivé à Patrice Peck , cette journaliste qui a décidé de se lancer sur Substack et commencé une newsletter « Coronavirus News for Black Folks » en anticipant que la communauté noire serait particulièrement frappée par le Covid et que ça ne serait pas couvert.
“Peck a vite découvert que le travail de production d’une newsletter peut être épuisant. Parce que ‘Coronavirus News for Black Folks’ inclut des liens externes, cela nécessite beaucoup de temps de lecture – plus de trois jours, si elle n’entasse pas. L’édition, la compilation et la rédaction exigent de la discipline; parfois elle reste debout toute la nuit pour finir. Ensuite, il y a la production et le reste. Peck ralentit finit par ralentir le rythme, envoyant seulement plusieurs fois par mois. «Je crée des graphiques sur Instagram pour la promotion, je tweet, je fais tout», dit-elle. “C’est un one woman show. Cela devient épuisant. Je ne publie pas aussi souvent que je l’aurais souhaité,” explique Peck
“Peck soon found that the labor of producing a newsletter can be grueling. Because Coronavirus News for Black Folks includes outside links, it requires lots of time-intensive reading—more than three days’ worth, if she doesn’t cram. The editing, compiling, and writing requires discipline; sometimes she stays up all night to finish. Then there’s production and the rest. Peck gradually slowed her pace, sending out installments a few times per month. “I’m creating graphics on Instagram to promote it, tweeting it, doing everything,” she said. “It’s a one-woman show. That gets exhausting. I don’t put it out as frequently as I’d like to.”
Assumer seul la totalité de la production est une tache ardue voir impossible.
Et ici déjà on voit poindre une asymétrie qui joue à plein en faveur de la réaction. Car en réalité lorsqu’on compare avec la production réactionnaire, le calcul est très vite fait et les couts de production d’une tribune réactionnaire sont bien en dessous de ce qui est nécessaire à une autre production.
Il faudra à Peck des jours de travail pour trouver l’info, il faudra une demi minute pour composer un tweet rageur sur la démarche racialiste et néo-ségrégationniste qui va chercher des différences entre les noirs et les blancs dans les chiffres du Covid, une heure maximum pour transformer ce tweet rageur en tribune.
On peut prendre n’importe quelle tribune ou opinion ou analyse produite par un réactionnaire et faire le calcul : aucune enquête visant à établir des faits, aucun besoin d’établir une position morale, il suffit simplement de prendre une position morale inverse à celle que l’on dénonce et que d’autres ont proposé (en la présentant comme ça arrange la plupart du temps). On connait la polémique sur les réunions non-mixtes à l’université. Quelqu’un se souvient-il de quelle réunion précisément il s’agissait ? Quelqu’un a-t-il lu dans les tribunes réactionnaires les raisons qui justifiaient l’organisation de cette réunion en non mixité ? Non.
Le « think-tank » de Gilles Clavreul fait un article sur les réunions en non mixité. On n’y trouvera nulle mention d’aucun fait ni d’aucune idée propre, simplement la réaction de principe à des choses qui pourraient exister ou ne pas exister, avoir eu lieu ici ou ailleurs, maintenant, avant ou plus tard. Le nom même du syndicat (l’UNEF) n’est pas cité, pas plus que n’apparaissent les termes exact de l’appel à la réunion, que l’on dénonce pourtant. Clavreul y déplore le retour du « mot race » qui n’apparait pourtant nulle part dans aucune communication de l’UNEF ni sur Twitter, ni sur Facebook, ni sur leur site internet (à part trois pauvres pdf appelant à lutter contre la race comme construction sociale).
Par rapport à un article de presse qui doit établir des faits, à un débat d’idée construit où on va rechercher les arguments de l’adversaire pour y répondre précisément et les contester, ou même à une tribune d’opinion qui va poser une position morale avec des arguments, la tribune réactionnaire bénéficie d’un cout de production très bas. Pas besoin de faits, ni même des arguments de l’adversaire, il suffit simplement de dénoncer une position morale existante ou même totalement fantasmée.
Dans le modèle ubérisé que propose Substack, où l’auteur doit assumer seul tous les couts de production de son contenu, le réactionnaire ou la figure de gauche raciste délirante, bénéficie d’un avantage très net par rapport à quelqu’un souhaitant produire un autre type de contenu.
Autre aspect de l’ubérisation, se débarrasser de son patron par ce biais c’est le remplacer par pire, la dictatures des statistiques.
“It’s a Faustian bargain to commodify your personality”
« C’est un pacte avec le diable de transformer sa personnalité en marchandise », écrit Sean Monahan dans le Guardian en expliquant que se libérer d’un éditeur c’est le remplacer par la pression des résultats sur les réseaux sociaux, likes et réactions (négatives aussi) et donc par une prime au buzz.
Là encore le réactionnaire, l’anti-woke de gauche raciste, bénéficie d’un avantage évident, une prime à l’outrance qui lui vaudra le buzz pour tout propos par lequel il aura fait réagir. Une prime à l’outrance que Substack a aussi monétisé, en établissant des règles de modérations bien plus souples que celles des autres plateformes afin de pouvoir accueillir ceux qui se seront fait dégager à force d’outrance.
L’indépendance entre isolement et menaces
L’indépendance promise s’est aussi rapidement transformée en menace. Une rédaction d’un journal c’est aussi une signature collective qui sert de protection en cas d’attaque. Un cadre contraignant puisque l’exigence est plus haute, en terme de vérification de l’info, de gens qui vont vérifier les erreurs etc. mais aussi plus protecteur puisque l’ensemble de la rédaction du journal est solidaire de ce qui est publié. L’éditorialisation et la solidarité de la rédaction vont (normalement) de pair.
C’est ce qui est arrivé à Glenn Greenwald, figure historique du rouge-brunisme “anti-impérialiste” pro-Assad américain qui vient tout juste de démissionner avec fracas du journal qu’il avait co-fondé, The Intercept. Une démission pour rejoindre justement Substack et sa promesse de totale liberté éditoriale qui laissera l’individu Greenwald face à ses fans. Greenwald admet dans sa lettre de démission du Intercept, qu’il s’était accommodé au fil des ans un régime spécial au sein des rédactions des journaux dans lesquels il écrivait qui n’avaient aucun droit de correction ni d’éditorialisations sur son contenu:
“Lorsque Salon m’a offert un job comme chroniqueur en 2007, et puis encore lorsque le Guardian fit de même en 2012, j’ai accepté leurs offres à la condition d’avoir le droit, sauf dans des situations très restreintes (comme des articles qui créerait une responsabilité légale du journal), de publier mes chroniques et articles directement sur internet sans censure, ingérence éditoriales ou autre et sans besoin de validations. Les deux médias ont réaménagé leur système de publication pour accommoder cette condition et, durant toutes les années que j’ai travaillé avec eux, ils ont toujours honorés cet engagement”
« When Salon offered me a job as a columnist in 2007, and then again when the Guardian did the same in 2012, I accepted their offers on the condition that I would have the right, except in narrowly defined situations (such as articles that could create legal liability for the news outlet), to publish my articles and columns directly to the internet without censorship, advanced editorial interference, or any other intervention permitted or approval needed. Both outlets revamped their publication system to accommodate this condition, and over the many years I worked with them, they always honored those commitments. »
C’est ce même principe d’éditorialisation qui avait d’ailleurs été proposé à Xavier Gorce lors de sa crise alors qu’il claquait la porte du journal Le Monde en hurlant que la rédaction avait refusé d’assumer son dessin qu’ils avaient pourtant publié. Le Monde avait rappelé qu’ils avaient proposé à Xavier Gorce de faire passer son contenu par un processus d’éditorialisation, en gros qu’il fournisse plusieurs dessins et que les éditeurs du monde puisse choisir celui qui convenait le mieux. Refus catégorique de Gorce qui ne supporte pas qu’on puisse éditorialiser ses dessins, mais qui du coup, perd la solidarité éditoriale de la rédaction.
Le réactionnaire ne supporte pas l’éditorialisations d’abord car il est convaincu de la supériorité naturelle de son individu sur le collectif, et aussi car il estime disposer d’un droit de publication naturel inaliénable dans les plus prestigieux organes de presse. Lorsque ce droit lui est refusé il est convaincu que c’est à cause de la dictature de la bienpensance (dans le cas de Gorce) ou de celle des anti-Trump (dans le cas de Greenwald).
Ici encore, ce rêve d’indépendance transformée en modèle économique sera plus facile pour un vieux raciste connu que pour un jeune bienpensant.
Quitter une rédaction collective pour être seul et indépendant c’est aussi plus dangereux. Plus difficile voir impossible d’aller révéler des affaires ou attaquer les puissants quand on est tout seul. Et surtout quand on est seul et inconnu. C’est différent lorsqu’on est une célébrité avec des milliers de défenseurs, un carnet d’adresse, une réputation et un compte en banque permettant de se payer des avocats.
Là encore dans ce modèle économique la figure réactionnaire bénéficie d’un gros capital médiatique, rompus à des années de polémiques, avec des relais médiatiques partout est capable de mobiliser immédiatement des centaines voir des milliers de soutien (en incluant ceux d’extrême droite). Ce n’est pas exactement la même condition que le jeune bienpensant Woke qui débute dans le métier. La figure de gauche raciste réactionnaire est en effet quelqu’un qui ne débute pas du tout mais qui bénéficie d’un début de carrière politique à gauche avant d’effectuer son retournement réactionnaire, comme on le verra plus tard. Les plus grosses figures de Substack, Matt Taibbi, Glenn Greenwald ou Matthew Yglesias ne sont pas des petits inconnus mais cumulent des centaines de milliers de followers.
En France les idoles réactionnaires de la gauche raciste comme Bouvet, Clavreul, Céline Pina, Rachel Khan etc. chiffrent tous à plusieurs dizaines de milliers de followers. Quand bien même tous ces followers ne sont pas des amis, loin de là, ces figures bénéficient néanmoins d’une petite armée de soutien mobilisable au besoin et encore une fois sans gêne lorsque ces soutiens sont d’extrême droite. Ils bénéficient aussi, de par leur carrière, de relais et de soutiens avec un pouvoir conséquent. Mr Laurent Bouvet par exemple n’hésite pas à prendre son téléphone pour tenter par ses réseaux de joindre directement le patron ou supérieur de sa cible pour faire pression et le faire virer (comme il a tenté de faire avec l’auteur même de ces lignes.)
Logiquement dans un modèle économique de média tel que le propose Substack, la figure de gauche raciste réactionnaire part donc évidemment gagnante face au jeune qui débute dans le métier des rêves de vérité et de justice plein la tête, que les réactionnaires appelleront “bienpensance”.
Le pire étant que Substack au départ vantait les mérites de son modèle économique comme justement permettant l’émancipation des jeunes journalistes issues des minorités par rapport aux vieux éditorialistes qui refusaient leurs sujets. Phénomène incroyable, les réactionnaires, en prenant le contrôle de ce modèle économique ont aussi retourné le narratif: ce sont eux les isolés victimes des jeunes Woke qui ont prit le contrôle des rédactions des journaux et les empêche de nourrir le “débat d’idée” avec la “libre expression” de leur “avis contradictoire”. Un mythe conspirationniste du contrôle des médias par la jeune génération Woke que répètent en guise de justification la plupart des auteurs réactionnaires passés chez Substack. Une pensée conspirationniste qui s’étend outre-Atlantique reprise presque mot pour mot par Xavier Gorce sur France Inter pour expliquer pourquoi il a quitté le journal le Monde.
Quand au renouveau démocratique des médias promis par Substack et à l’arnaque que Substack en a fait, c’est le cœur du scandale Substack. Les auteurs issues des minorités attirés sur Substack avec la promesse de s’émanciper des rédactions et éditorialistes réactionnaires ont découvert que la plateforme Substack disposait d’un programme « pro » secret qui offrait des contrats et la mise en valeur précisément des auteurs les plus réactionnaires, racistes ou transphobes. Quand au merveilleux modèle de calme et de réflexion vanté par Substack si loin de l’économie de l’attention et du rage-click, en réalité les profils des auteurs à qui Substack offrait un contrat étaient sélectionnés grâce à un algorithme qui regarde sur Twitter qui fait les meilleurs shitstorm.
La suite de cette arnaque réactionnaire au prochain épisode