Le dessinateur Marsault enrage depuis l’annulation de son exposition dans la galerie Art-Maniak, après que celle-ci ait été mise devant ses responsabilités par des féministes qui y avaient exposé il y a peu. Après avoir ciblé la dessinatrice Tanxxx pour la livrer à la meute fasciste de ses fans, c’est Laurent Obertone, une autre icone de la violence fasciste qui vient en renfort de Marsault en ciblant notre camarade Nad Iam qui appelait à manifester contre toutes les tribunes offertes aux fascistes en général et à Marsault en particulier et ce sont maintenant l’entourage neo-nazi non plus de un mais de deux « artistes » fasciste qui s’attaquent aux militantEs (Nad Iam en premier lieu et tous ceux qui ont acquiescé publiquement à cet appel). Nouvel échec des pourfendeurs de la bienpensance et apologistes du IIIeme Reich, c’est Obertone qui se voit annuler l’événement qu’il projetait de faire au théâtre de l’Atelier. C’est alors Ring, la maison d’édition des deux auteurs aux abois, une des plus prestigieuses maison d’édition fasciste de France, qui multiplie les communiqués appelant, sous couvert de victimisation, au harcèlement ciblé des militantEs!
La violence comme ADN : du verbal au physique
Ainsi, au cours des dernières heures, l’auteur à qui l’on doit l’abject et délirant La France orange mécanique a publié sur les réseaux sociaux une capture d’écran de la publication de Nad Iam et des commentaires qui l’accompagnent afin de les offrir en pâture aux fans fachos frustrés d’avoir vu leur plans contrariés. Comme à chaque fois, comme pour Tanx, ceci débouche sur des dizaines de messages privés, de commentaires et de posts haineux, de menaces de viol ou de violences physiques, d’insultes sexistes et racistes.
Car la violence est bien l’ADN des milieux fascistes et de l’extrême-droite. Verbale, tout d’abord celle-ci est déversée de façon extrêmement abondante sur leurs cibles tant ces milieux sont organisés. Elle prend toutes les formes des haines viscérales (sexiste, islamophobe, antisémite ou homophobe, mais aussi à l’occasion grossophobe, validiste ou négrophobe) et se fait protéiforme pour être sûre de finir par faire mouche.
Aucune cohérence n’est recherchée ; tout est bon à prendre pour détruire l’autre, alors on lance des insultes au hasard en se disant que l’une d’elle fera mal en venant renforcer une oppression déjà vécue par ailleurs. Cette violence et cette brutalité viscérales sont centrales. Elles sont d’ailleurs fantasmées et esthétisées ad nauseam dans les dessins de Marsault (où un facho musclé éclate littéralement les têtes de femmes, de gauchistes et d’antiracistes) et dans Utoya d’Obertone, qui par pure fascination pour la violence et la haine va jusqu’à transformer un criminel de masse en héros d’une odyssée lyrique dont les idées passent au second plan, comme si elles étaient secondaires. Comme si elles n’avaient pas le triste pouvoir de déboucher sur des actes.
Car en effet la violence verbale a pour vocation première de déboucher sur la violence physique. Cette dernière n’est pas une conséquence fortuite d’un discours ; un dérapage incontrôlé et imprévisible d’une idéologie. Cette violence est première ; l’idéologie n’est là que pour la légitimer et tenter de la rendre rationnelle. La violence et la haine sont bien l’ADN et la raison de vivre des fascistes.
L’inversion des réalités : une signature des fascistes
La maison d’édition Ring, de son côté, a publié sur les réseaux sociaux une menace de procès à tout qui oserait désormais appeler à une mobilisation contre l’une de leur grands-messes artistico-fascistes. Dans un communiqué hallucinant, l’éditeur des fascistes commence par la révélation coup de théâtre d’un projet avorté d’action très violente d’un groupe antifa l’an dernier. Cette annonce (qui semble peu crédible) convoque l’horreur à grand coup de lettres capitales pour tenter (sans aucune preuve par ailleurs) d’essentialiser les antifas (quel rapport en effet entre ce projet d’action prétendu et les appels récents de militants à la responsabilité de ceux qui offrent des tribunes aux fascistes) pour les faire tous passer pour des fous dangereux.
Cette façon de faire passer les militants antifascistes pour la cause du fascisme est une vielle ficelle éculée de l’extrême-droite au même titre d’ailleurs que faire passer des résistants pour des terroristes est un poncif de la propagande fasciste à travers le monde et les âges. Car selon leurs thèses, les antifas sont des fous dangereux et violents. Pourtant nous sommes à l’heure du procès des meurtriers de Clément Méric, après Ilan Halimi, après Saïd El Bakraoui, après Utoya, après Charlottesville, après les innombrables faits divers dans lesquels des militants d’extrême-droite ont effectivement déchaîné leur violence physique sur le monde qui les entoure, et encore à la veille du déchaînement de violence que Poutine et Assad, idoles et inspirateur des mêmes fascistes, s’apprêtent à déverser sur Idlib et sur la liberté d’expression des Syriens.
Tentant de nous faire prendre des vessies pour des lanternes, Ring et ses auteurs se revendiquent victimes d’une campagne de harcèlement et de violence. Ils tentent ainsi assez grossièrement de répondre aux accusations à l’encontre de leurs propres fans – dont ce sont effectivement les méthodes – en faisant croire que des campagnes d’antifascistes réclamant (dans l’espace public) la responsabilisation de ce ceux qui offrent des tribunes aux racistes sont équivalentes à des dizaines de messages de haine sur les boîtes et les espaces privés de ces militants. Ce qu’ils appellent harcèlement est en fait un débat public destiné à mettre chacun devant ses responsabilités face aux discours de haine. Ce qu’ils appellent censure est en fait la liberté de chacun à choisir à qui il offre et il refuse la parole dans les espaces d’expression sous sa responsabilité.
La liberté d’expression en otage
La censure est en effet un cheval de bataille de ceux que nous combattons. Ce n’est pas un hasard. Ce chantage à la « censure » est si efficace qu’il permet à l’antisémite humoriste Dieudonné de se produire encore et toujours malgré les interdictions. « Je n’ai pas exercé de censure sur la qualité du spectacle de M. Dieudonné. Cela ne me regarde pas, » déclarait Jean-Pierre Schosteck, le maire LR de Châtillon laissant le rassemblement fasciste se tenir malgré une interdiction.
Car bien entendu la liberté d’expression sans cesse évoquée et dévoyée est évidemment toujours la leur ; celle qui oppresse et qui dessine les contours de la violence physique à venir, celle qui harcèle et qui dit le faux pour peindre la réalité en brun. La censure dont ils parlent n’a rien de coercitif ; elle est au contraire un appel à exercer son libre arbitre et son propre sens critique pour jauger le poids des mots de ceux à qui on donne la parole. La censure qu’ils appliquent, en revanche est réelle car elle cherche à museler par la force et l’intimidation. Leur liberté d’expression est notre oppression.
Une seule voie : occuper le terrain pour que la peur change de camp
Mais cette période touche à sa fin ; la peur doit changer de camp. La peur va changer de camp. Les fachos qui aboient deviendront les fachos aux abois. Lorsque nous nous organisons à la base et nous nous mouvons ensemble, nous pouvons faire annuler coup sur coup deux occasions pour les fafs de déverser leurs paroles de haine. Et chaque expression de haine évitée est bonne à prendre quand on connaît le pouvoir des mots et la valeur performative des appels à la violence. Organisons-nous. Désorganisons les. Protégeons-nous les uns les autres. Attaquons les. Soyons l’Hydre de Lerne de l’antifascisme et ne les laissons pas raconter la fin de l’histoire.
Punch a nazi, destroy fascism