Certes, Assad est un tyran qui massacre son peuple, mais…
Voici l’argument ultime et absolu des défenseurs de la politique d’Assad et de Poutine en Syrie : évacuer toute morale pour légitimer une realpolitik. Leurs opposants tentent sans aucun succès d’argumenter justement l’humain, la morale, l’éthique, le droit de la guerre, les valeurs sur lesquelles se fondent nos sociétés, les images choquantes de la réalité du massacre. En réalité les pro-Poutine et pro-Assad sont moraux et leur problème n’est pas à l’origine un déficit d’éthique. Ils reconnaissent que Bachar est un tyran, ils savent faire la différence entre le bien et le mal, simplement ils choisissent le mal. C’est un choix pleinement conscient et libre et qu’il est impossible de changer en leur demandant de prendre en compte des arguments éthique et moraux qu’ils ont déjà pris en compte dans leur réflexion. En fait, le choix du mal est un choix éthique.
Le réel problème de ces personnes se situe ailleurs : la realpolitik. Et surtout dans la définition qu’en donnent ses partisans : la realpolitik serait simplement le choix du mal. La seule difficulté de la realpolitik serait en fait de faire ce choix et de le tenir courageusement face aux « bisounours », aux « bienpensants », aux « humanistes ».
C’est évidemment faux et la realpolitik est précisément l’inverse : faire des choix politiques basés sur la réalité et faisant abstraction de l’éthique et de la morale. Une abstraction absolue et radicale. Dans la realpolitik on ne choisit ni le bien ni le mal puisqu’on ne reconnaît ni l’un ni l’autre.
C’est dans ce sens que le pape de la realpolitik, Nicolas Machiavel élabore son raisonnement, en faisant abstraction de toute considération morale. Les résultats sont surprenants et pour cause : dès lors qu’on considère que la fin justifie les moyens on se retrouve à réfléchir aux différences entre ces moyens et, pire encore, aux différentes fins qu’ils produisent. Dans l’a priori totalement amoral de Machiavel massacrer son peuple n’est pas considéré comme un bon moyen de garder le pouvoir. Les nouveaux partisans de la realpolitik seront déçu d’apprendre que le parti d’Assad et de Poutine est, d’après « le prince » de Machiavel, le pire parti à prendre. Examinons en détail :
Les armes auxiliaires, qui sont l’autre sorte d’armes inutiles, c’est quand on appelle quelque potentat, lequel avec ses forces nous viennent aider et défendre (…) Cette sorte d’armes peut bien être bonne et profitable pour elle-même, mais à ceux qui y font appel elle est presque toujours dommageable. Car si on perd on reste battu, si on gagne, on demeure leur prisonnier (…) celui donc qui veut ne pouvoir vaincre, qu’il s’aide de ces armes, qui sont encore beaucoup plus dangereuses que les mercenaires ; car en elle sa perte est tout prête, elles sont toutes unies et toutes accoutumées d’obéir à un autre qu’à toi. (…) dans les armées mercenaires la paresse et la lâcheté à batailler est le plus grand danger, dans les auxiliaires la vaillance (…) Donc un prince sage toujours évite de telles armes et se fonde sur les siennes propres, et veut plutôt perdre avec les siennes que gagner avec les étrangères, estimant la victoire n’être point vraie qui est acquise par les forces d’autrui.
Machiavel critique deux armes : les mercenaires et les armées étrangères. Les mercenaires coûtent très cher et fuient devant le combat, les armées étrangères combattent pour quelqu’un d’autre. Les unes amènent la défaite, les autres volent la victoire. Le pire, selon Machiavel, est d’inviter une armée étrangère venir défendre le prince incapable de se défendre tout seul. En Syrie, Assad réussit l’exploit de combiner toutes les fautes et tous les maux possibles en reposant sur des mercenaires qu’il paye, sur des mercenaires payés par l’Iran et l’Irak et sur deux armées étrangères différentes, l’Iran et la Russie directement. A chaque victoire militaire, Assad devient de plus en plus prisonnier. Machiavel est a tel point hostile à ces armes qu’il conseille au Prince de choisir la défaite plutôt que la victoire d’un autre. Il est bien difficile d’imaginer quel type de realpolitik conseille de prendre le parti d’un tel prince.
Les amitiés que l’on achète contre monnaie sonnante plutôt que par la grandeur et par la noblesse d’âme, on les paie mais on ne les possède pas, et on ne peut les dépenser quand on en a besoin. (…) être craint et n’être pas haï peuvent très bien aller ensemble et le prince y parviendra toujours s’il s’abstient de s’en prendre aux biens de ses concitoyens et de ses sujets ainsi qu’à leur épouse.
La corruption et les faveurs (qui sont les fondamentaux des systèmes Poutine et Assad) ne constituent pas un système de gouvernement fiable. Quelqu’un de corrompu prendra le parti de la corruption, si les choses tournent, le dirigeant verra tous les soutiens qu’il a payé prendre le parti du vainqueur. Le deuxième principe est un grand oublié de la pensée de Machiavel : être craint mais sans jamais se faire haïr. Ce qui est facile si l’on respecte des bases comme ne pas piller ou voler son peuple ni violer les femmes de ses sujets. Le système de corruption généralisé en Syrie pille le peuple pour redistribuer les richesses aux amis d’Assad et sa famille. La plupart de ceux qui n’étaient pas de la famille ou du clan d’Assad ont fait défection (on se souvient de Manaf Tlass). L’une des nombreuses étincelles qui ont mis le feu à la révolte sont les propos du gouverneur de Deraa aux pères de familles venus demander des nouvelles de leurs enfants adolescents « disparus » après avoir tagué des slogans anti-Assad : le gouverneur a répondu « oubliez vos enfants mais envoyez moi vos femmes je vous en ferais des nouveaux ». C’est très exactement à ce moment là que le Prince ne fut plus craint mais haï et tout l’efficace système de peur en Syrie s’est effondré.
Prévoyant de loin les maux qui naissent, ce qui n’est donné qu’au sage, on y remédie assez vite. Mais quand pour ne point les avoir vus, on les laisse croître assez pour qu’un chacun les voie, il n’est plus de remèdes.
Ici encore un principe a l’air évident mais qui en fait pose qu’il est impossible de résoudre un problème que l’on a laissé devenir visible pour tous. Il était difficile pour Assad de répondre aux demandes des manifestants pacifiques qui, aux premiers jours de la révolte, ne réclamaient nullement son départ. Il était difficile aux puissances occidentales d’éviter l’islamisation de la rébellion en aidant au plus tôt les rebelles laïques. Il était difficile pour Poutine ou pour l’Iran de mettre de côté Assad haï et de le remplacer par un autre similaire, difficile à la France et aux US d’intervenir en 2013, toujours difficile de fournir aux derniers rebelles modérés des moyens de se défendre contre les raids aériens du régime et de la Russie pour éviter la djihadisation totale de la rébellion. Ces difficultés sont le cœur de la realpolitik.
C’est chose certes fort ordinaire et selon nature que le désir de conquérir ; et toutes et quantes fois le feront les hommes qui le peuvent, ils en seront loués, ou pour le moins ils n’en seront pas blâmés. Mais quand ils ne le peuvent et le veulent faire à toute force, là est la faute et le blâme.
Ce principe permet d’expliquer comment Poutine s’en sort aussi bien avec la Crimée. Il permet aussi de prédire une très mauvaise passe au dirigeant Russe si celui ci n’arrive pas à « conquérir » la Syrie. Alep a beau être présenté, comme Homs avant elle, comme la capitale de la rébellion, on a beau prédire la fin de la rébellion et la victoire d’Assad si Alep tombe, rien n’est moins sur d’un point de vue de pure realpolitik. Il reste encore énormément de villes et de villages à massacrer en Syrie…
On ne doit point laisser advenir un mauvais désordre pour fuir une guerre : car alors on ne la fuit pas, on la retarde à son désavantage.
Celle ci est plutôt pour Obama ou « l’occident » ou les pacifistes de manière générale. On a vu combien le refus d’intervention et la « voie de la négociation » avaient permis à Poutine de mener sa guerre en Syrie. On a laissé advenir un « mauvais désordre » en Syrie très exactement pour fuir une guerre et l’hypothèse d’une confrontation avec la Russie devient chaque jour plus crédible. Devant cette réalité, l’argument « ne pas se fâcher avec les russes » ou « on risque une confrontation avec Moscou » sont aux antipodes de la realpolitik.
Celui qui est cause qu’un autre devient puissant se ruine lui-même ; parce que cette puissance est suscitée par lui ou par habileté ou par force : et l’un est l’autre est à redouter à celui qui est devenu puissant.
Ce principe permet d’imaginer ce qui risque de se passer entre Poutine, l’Iran et Assad si ces trois puissances qui se sont invitées et renforcées les unes les autres gagnent la guerre. Le partage de la Syrie entre les trois puissants ne sera pas si aisé. L’Iran commence déjà à regretter de prêter ses bases militaires aux Russes.
Qui devient seigneur d’une cité accoutumée à vivre libre et ne la détruit point, qu’il s’attende à être détruit par elle, parce qu’elle a toujours pour refuge en ses rébellions le nom de la liberté et ses vielles coutumes, lesquelles ni par la longueur du temps ni pour aucun bienfait ne s’oublieront jamais. Et pour choses qu’on y fasse et qu’on y pourvoie, si ce n’est d’en chasser ou d’en disperser les habitants, ils n’oublieront point ce nom ni ces coutumes, et en tout occasion y auront aussitôt recours.
Ici on comprend que la seule solution pour Assad et Poutine est de raser et détruire tous les quartiers s’étant rebellés et ayant pris des habitudes de libertés, particulièrement Alep. On voit aussi avec ce principe que jamais la rébellion n’acceptera le joug de Bachar al Assad, c’est la liberté ou la mort. Les tenants de l’alliance avec Poutine ne semblent pas réaliser à quel point il est absurde de prendre le parti de ceux qui n’auront d’autre choix que de raser toutes les villes rebelles syriennes une par une. D’un point de vue totalement amoral cela demande beaucoup de temps et une logistique importante, est-on bien sur que le parti d’Assad a les moyens de ses ambitions ?
On ne peut honnêtement et sans faire de torts aux autres contenter les grands, mais certes bien le peuple ; car le souhait du peuple est plus honnête que celui des grands, qui cherchent à tourmenter les petits, et les petits ne le veulent point être.
Le principe le plus « gauchiste » de Machiavel. D’un point de vue purement intéressé, il est bien plus facile de contenter le peuple qui a des revendications très simple comme ne pas être opprimé, que de contenter les nobles et puissants qui sont déjà riches et souhaite l’être d’avantage (au détriment du peuple). On peut donc contenter le peuple sans trop se mettre les nobles à dos mais l’inverse est impossible donc à choisir, d’un point de vue totalement intéressé : choisir le peuple. Entre Poutine et Assad qui souhaitent bombarder pour leurs intérêts et leurs avantages et le peuple qui souhaite ne plus être bombardé, quel parti faut-il choisir ? Est-il plus realpolitik de demander à la Russie de cesser ses bombardements ou de rejoindre la coalition de Poutine et de bombarder avec lui comme le réclame Mélenchon ?
Aussi quiconque devient prince par l’aide du peuple, il se le doit toujours maintenir en amitié ; ce qui lui sera bien facile à faire, le peuple ne demandant autre chose sinon qu’à ne point être opprimé. Mais celui qui contre le peuple, par la faveur des grands, devient Prince, il doit sur toutes choses chercher à gagner à soi le peuple, ce qu’il fera bien aisément quand il le prend sous sa protection. (…) je conclurais seulement qu’il est nécessaire qu’un Prince se fasse aimer de son peuple : autrement il n’a de remède aucun en ses adversité.
Pour Machiavel on devient prince (ou dirigeant) soit par les classes populaires soit par les classes dirigeantes. Celui qui a pris le parti des classes dirigeantes doit se retourner une fois au pouvoir : les puissants sont déjà puissants et aussi des concurrents. En outre ils sont très difficile à satisfaire. Le peuple en revanche, est très aisé à satisfaire et aussi plus nombreux. Il faut donc se faire aimer du peuple. Ce principe est un complément souvent oublié de la célèbre citation de Machiavel disant que si il faut opter, il vaut mieux être craint plutôt qu’aimé. Machiavel explique à de nombreuses reprises que c’est un choix ultime et qu’il convient de tout faire pour se faire aimer du peuple si l’on peut. C’est en fait un principe que suivait Assad au début de son règne.
Assad, devenu prince par la volonté des puissants, a tenté d’abord d’appliquer ce principe avec quelques petites mesures libérales (le printemps de Damas) mais il s’est ensuite soumis aux puissants en revenant sur les mesures ou en les retournant en leur faveur. Première erreur. La seconde et qui lui a déjà coûté son trône : se faire haïr en essayant de se faire craindre. Plus jamais Assad ne régnera sur la Syrie, soit il n’y aura plus d’Assad, soit il n’y aura plus de Syrie. Assad a bien évidemment opté pour la seconde solution mais son parti ne présente d’intérêt pour personne d’autre.
J’estime ceux-ci être toujours en nécessité d’autrui, qui ne peuvent paraître en campagne contre leur ennemis mais sont contraints de se retirer dans leur ville et en faire garder les murailles (…) on n’en peut dire autre chose que de conseiller à de tels princes de faire provision et fortifier leur ville et ne tenir pas grand compte du territoire
Machiavel critique énormément ce genre d’attitude. Le prince qui se retranche derrière ses murailles sans tenir compte de son territoire ni apparaître en campagne (ou sur le champs de bataille). Il leur donne néanmoins le seul conseil possible : se cacher et attendre que l’orage passe. Ce que fait Assad retranché dans son palais bunkerisé en attendant que l’Iran, la Russie, le Hezbollah, les milices chiites Irakiennes et Afghanes récupèrent son pays pour lui. C’est aussi sa stratégie à plus grande échelle : se concentrer sur la « Syrie utile » (les grandes villes côtières) et abandonner le reste des deux tiers de son pays. Qui risque de profiter de cette « Syrie inutile » laissée vacante ? C’est pourtant cette stratégie que proposent sérieusement de soutenir certains pros de l’antiterrorisme expliquant que soutenir Assad est le seul moyen de lutter efficacement contre Daech…
Le prince doit penser (comme j’ai auparavant dit en partie) de fuir les choses qui le font tomber en haine et mépris (…) sur toutes choses, ce qui le fait le plus haïr, comme j’ai dit, c’est de piller les biens et prendre à force les femmes de ses sujets : de quoi il doit s’abstenir.
C’est l’inverse de ce qu’a fait Assad et ce qu’il continue de faire avec l’aide des Russes et des Iraniens qui bombardent les zones civiles pendant que les chabihas violent et torturent à échelle industrielle. Il est fort justement haï et méprisé par tout le monde, y compris par ceux qui le soutiennent encore. On peut aussi avec le même principe, imaginer assez facilement le type de relation que les Russes et Iraniens auront avec la population Syrienne en cas de victoire finale.
Je n’estime pas que les divisions puissent jamais porter profit ; au contraire, quand l’ennemi approche d’une ville mêlée de troubles, elle est aussitôt perdue.
Assad a choisi de susciter les divisions confessionnelles et aussi les divisions à l’extrême de la société afin d’assurer son pouvoir. On pense à tort que Machiavel est un fervent partisan du « diviser pour mieux régner », il est en réalité assez modéré sur la question considérant le principe utile en temps de paix mais désastreux dès lors que la guerre survient. Le non respect de ce principe explique pourquoi l’armée d’Assad s’est effondrée. On comprend aussi l’avancée ultra rapide de l’Etat Islamique, les « parrains » et les ennemis de la rébellions ayant joints leurs efforts pour diviser la rébellion. La stratégie américaine tentant de séparer les « modérés » des djihadistes dans la rébellion fut un désastre pour la rébellion. La stratégie saoudienne de diviser les djihadiste et les islamistes fut tout aussi nuisible. Cette stratégie dont se sont évidemment éloignés les combattants sur le terrain en formant leurs propres alliances n’a eu d’effet que sur les têtes de la coalition qui est désormais trop désunie et décrédibilisée pour servir à quoi que ce soit. Le camp du régime n’est pas plus uni et la progression de la rébellion est fulgurante dès lors qu’un semblant d’équilibre militaire est rétablit.
La meilleure citadelle qui soit, c’est de n’être point haï du peuple (…) donc, toutes ces choses considérées, je louerais de faire des forteresses et de n’en faire point, et je blâmerais celui qui, se fiant en elles, ne fait pas compte d’être haï du peuple.
Une fois que le prince est coincé dans sa citadelle il n’y a plus grand chose a faire. Par contre, avant d’en arriver là, la meilleure citadelle est de ne point se faire haïr du peuple. Lorsqu’on fait cela la citadelle (longue et coûteuse à construire) devient totalement inutile.
Ce principe est pleinement illustré par la politique de Merkel. La chancelière allemande, pour le coup, mène une vraie realpolitik avec les réfugiés. Elle le fait sur une base très morale certes mais la realpolitik c’est aussi parfois faire le choix moral, on rappelle que la realpolitik ne fait pas la différence. Conséquence de la politique d’accueil des réfugiés : une nouvelle forme de protection contre le terrorisme à laquelle personne n’avait pensé mais que Machiavel avait parfaitement prédit.
En revanche dépenser des millions dans la surveillance et la sécurité en laissant croire que les libertés et la sécurité s’opposent est une méthode éprouvée plus inefficace à chaque nouvel attentat.
Encore est estimé le Prince quand il est vrai ami ou ennemi, c’est à dire que sans balancer il se déclare en faveur de quelqu’un contre un autre : lequel parti est toujours beaucoup plus profitable que de demeurer neutre.
Il faut toujours prendre parti dans un conflit et s’y tenir. On voit combien tous ceux qui ont réellement pris parti dans le conflit syrien (que ce soit dans un camp ou dans un autre) sont tous en train de ramasser les bénéfices : la Russie a ses bases, les Iraniens un nouveau pays, les Saoudiens leurs islamisations du terrain, les Turques bloquent leurs Kurdes etc. Les « neutres » occidentaux ayant tergiversé des siècles sur quel parti prendre récoltent la crise des réfugiés, les attentats de Daech et le rire de Poutine. Avis aux partisans de la « négociation » qui veulent à tout prix une grande tablée où l’on écoutera objectivement toutes les parties présentes en tentant de trouver une solution bien neutre qui convienne à tout le monde. Demander le départ d’Assad dès le début du conflit n’était donc pas une erreur du point de vue de la realpolitikmais seulement du point de vue de ceux qui auraient souhaité qu’on prenne le parti d’Assad.
Quand tu vois un ministre penser plus à soi qu’à toi et qu’en tous ses maniements et affaires il regarde à son profit, tel ministre ne vaudra jamais rien et ne t’y dois point fier
Un autre principe Machiavellien critiquant la corruption. Une évidence mais là encore elle convient d’être rappelée. Rappelons aussi que tout le système d’Assad repose sur de tels ministres. On constate aussi l’émergence de chefs de guerre en Syrie qui construisent leur propre force et se taillent leur propre domaine. Le système d’Assad considère ces personne comme ses plus brillants généraux.
Il ne faut pas se laisser choir, estimant de trouver quelqu’un qui te ramasse, parce que cela n’advient pas souvent, ou s’il advient, tu n’y trouvera pas de sûreté, étant cette défense vile et dépendante d’autrui, non pas de toi.
Ce principe est au cœur de la stratégie de guerre d’Assad : se laisser effondrer face à Daech en attendant qu’on le sauve. Le « péril islamiste » marche pour l’instant très bien mais, là encore, une fois la victoire de la Russie et de l’Iran acquise il ne devrait plus rester grand chose du « rempart contre l’islamisme ».
Dans le même ordre d’idée, appeler à la fin de l’Europe en pariant que la Russie viendra la remplacer par une nouvelle entité européenne de Brest à Vladivostok est un bien mauvais pari.
Ces principes essentiels de la realpolitik servent ici à démontrer que la realpolitik et la morale ne s’opposent pas en réalité. Ce qui s’oppose en Syrie c’est vraiment un choix totalement éthique et moral. Les partisans de l’alliance avec Poutine et Assad ont fait un choix très clair, basé sur des considérations morales et éthique et aux antipodes de toutes considération realpolitik : le parti des dictateurs et des génocidaires.