La rentrée littéraire de la maison d’éditions Ring n’est jamais comme les autres : ce n’est pas seulement une question de communication de presse folklorique où des auteurs qui se revendiquent ouvertement d’extrême-droite défilent, muscles bien huilés et tatouages tendancieux bien en vue dans des décors apocalyptiques. Ce n’est pas seulement une question de choix éditoriaux « punchy » et volontairement trash ; même si l’attrait pour la publication de textes de tueurs en série, par exemple, peut légitimement interpeller, dès lors qu’elle est faite sur le même mode que celles des polars. Dans le premier cas, les victimes existent réellement.
Ce n’est pas seulement une question de débat démocratique sur les conséquences de la publication de BD mettant en scène un néo-nazi tabassant répétitivement des féministes, des gens de gauche, des issus de l’immigration ou des personnes homosexuelles, lesbiennes ou trans, ce qui est le cas de l’ensemble de l’œuvre de Marsault. Ou de délires non sourcés sur le Grand Remplacement, alternant avec l’éloge à peine masqué du terrorisme d’extrême-droite, ce qui est l’essentiel de l’ « œuvre » de Laurent Obertone.
Chez Ring, les actes vont avec les mots.
Au mois de décembre, Marsault passera en procès pour avoir appelé à harceler une militante féministe en août 2016 sur sa page publique. Un déferlement de violence verbale mais aussi de menaces concrètes avait suivi, déferlement rassemblant des centaines de militants et de sympathisants d’extrême-droite.
Marsault, bien loin du moindre regret, a continué depuis 2016 à multiplier les sorties sexistes, racistes et antisémites sur sa page Facebook : qu’il appelle ouvertement à la défense de la race blanche ou qu’il fasse l’apologie de l’art du 3ème Reich, le « dessinateur » affirme de plus en plus clairement ses opinions politiques.
Dans ce cadre, la galerie Art Maniak qui devait accueillir son exposition au début du mois de septembre a été saisie par des artistes féministes qui avaient également exposé dans ce lieu. Des collectifs comme le nôtre ont également protesté, de nombreuses personnes l’ont fait individuellement. De même le théâtre l’Atelier qui annonçait une conférence avec Laurent Obertone a été mis devant ses responsabilités et questionné sur ses choix culturels. Devant la mobilisation, ces deux lieux ont choisi de ne pas recevoir ces auteurs et militants d’extrême-droite.
De même le BHV Le Marais vient d’annuler une dédicace de Marsault.
Nous nous en félicitons : la banalisation de la violence et de la haine d’extrême-droite, de ses conséquences concrètes dans le réel connaissent un coup d’arrêt salutaire. Une réflexion progressiste mobilise enfin une partie des milieux culturels mais aussi le public des théâtres et des galeries et des librairies, mais aussi des gens ordinaires.
Mais nous constatons aussi que la liberté d’expression continue à être gravement menacée dès lors qu’il s’agit de s’exprimer contre l’extrême-droite. Marsault a consacré plusieurs post Facebook extrêmement insultants et discriminatoires à Tanxxx, une des artistes qui se mobilise contre lui. Le dernier en date n’est rien de moins qu’un soutien aux assassins de Clément Méric auxquels il s’identifie dans un retournement victimaire assorti d’une menace librement exprimé de reproduire leur acte.
Laurent Obertone a fait de même en ciblant notamment une de nos contributrices Nadia Meziane, et notre site, mais aussi un auteur et une autrice qui s’étaient exprimés contre sa venue au théâtre de l’Atelier. Ring a immédiatement relayé son offensive, et visé d’autres de nos contributeurs. Ce 18 septembre, Marsault a de nouveau ciblé Tanxxx. A chacune de leurs diatribes, les personnes visées sont insultées et menacées sur leurs pages, mais également par messages privés, certaines d’entre elles voient leur adresse personnelle diffusée largement. Les appels au signalement massif entraînent la fermeture de leurs profils et de pages professionnelles sur les réseaux sociaux.
Ces méthodes ne sont ni anecdotiques, ni isolées. La rumeur diffamatoire, le harcèlement en ligne , la chasse en meute sont des méthodes très ordinaires pour l’extrême-droite française, et ciblent aussi bien des anonymes que des personnalités publiques. Ces dernières années, certaines d’entre elles ont quitté les réseaux sociaux ou/et ont du porter plainte devant une violence qui s’exprimait aussi dans le réel. Et Ring s’inscrit dans le cadre de cette offensive permise aussi par la complaisance de Facebook et de Twitter pour les propos discriminatoires, antisémites, racistes, sexistes, homophobes.
Mais Ring et ses auteurs continuent malheureusement à bénéficier trop souvent d’un traitement indifférencié, comme si leur maison d’édition n’était que cela, comme si leurs mots haineux n’étaient que de la provocation artistique sans signification politique. Engagés dans l’appel au harcèlement permanent de celles et ceux qui osent exposer les faits sur leur activité militante, ils n’hésitent pas à retourner le réel et à se faire passer pour des victimes de la « violence antifasciste ».
En Europe et aux Etats Unis, l’antifascisme ne tue personne. Les attentats d’extrême-droite, dont certains sont glorifiés par Ring font des victimes de plus en plus nombreuses, exactement comme le terrorisme de Daech. Dont nulle maison d’éditions ne pourrait faire l’apologie à peine masquée en toute impunité, et sans susciter des protestations publiques très larges, et heureusement.
Pour notre part, nous continuerons à informer sur cette maison d’édition d’extrême-droite qui a décidé de pratiquer le coup de poing raciste, sexiste, homophobe et anti-progressiste permanent.
Et nous continuerons à nous mobiliser pour que sa violence ne soit pas banalisée.
dossier de presse LDC sur RING
avec quelques captures d’écran illustrant la violence des « lecteurs » de Ring et de ses auteurs