On pensait l’affaire réglée, l’histoire écrite, la messe dite. Douze ans après le livre d’Onfray, dix-sept ans après le “livre noir de la psychanalyse”, quatre-vingt-dix ans après la “psychanalyse science juive” de l’Allemagne des années trente, on pensait que la haine anti-Freud avait quand même montré ses limites. On pensait surtout, au regard des polémiques générées et de ce que ces polémiques ont fait ressortir de leurs auteurs, qu’il était assez clair d’où venaient ces attaques de la psychanalyse et où elles menaient la plupart du temps.
Qu’on s’entende bien, la psychanalyse est une science sociale et, à ce titre, les débats et les critiques, les écoles de pensées, les évolutions, les théories y sont nombreux et vifs. Comme pour la sociologie, la philosophie, l’anthropologie ou l’histoire. En revanche les attaques contre la psychanalyse, celles notamment qui entendent en faire une secte, nier son caractère scientifique ou “révéler” que Freud était un ambitieux arnaqueur aimant l’argent et prédateur de femmes, ces attaques là empruntent d’une certaine tradition. Une tradition faite de Onfray, de Bénesteau et de ses amis du Club de l’Horloge (Henry de Lesquen), de Debray-Ritzen activiste de la Nouvelle Droite, ou encore de Jean Bricmont.
Et de Jacques Van Rillaer, psychologue comportementaliste qui a passé sa vie à citer, reprendre, soutenir, défendre ou encore co-écrire avec tous les auteurs précités.
Et c’est pour cette raison que lorsque le podcast Meta de Choc, autoproclamé contre les dérives sectaires, choisit de faire une série de 6 heures consacrées à “démonter les mythes” de la psychanalyse avec Jacques Van Rillaer, on se dit qu’il y a comme une dérive de la lutte contre les dérives sectaires. Comment au nom de la lutte contre les dérives sectaires, de la pensée critique ou de la “metacognition”, on en vient à dérouler le tapis rouge au recyclage des vieux mythes fascistes et antisémites contre Freud?
Penser par soi-même pourquoi ça nous met en colère
On a donc écouté le podcast et suivi consciencieusement le conseil d’Elisabeth Feytit: “si cette série vous dérange, demandez vous qu’est-ce qui vous agace et vous met en colère et pourquoi”. On a retiré trois raisons principales quant au pourquoi:
D’abord en raison de la lassitude. Lassitude de voir revenir, tous les 5-10 ans, les mêmes attaques contre la psychanalyse, vingt fois recyclées, vingt fois démontées, et qui pourtant reviennent inlassablement, et chaque fois présenté comme des révélations dissimulées au public. “Nous allons vous révéler que Freud était en fait un ambitieux attiré par l’argent, sexiste, obsédé, incestueux, ayant tissé sa toile internationale sur l’occident pour faire avancer sa secte de manipulation des esprits”. Ces thèses sur Freud n’ont malheureusement rien de nouveau et ne remettent nullement en cause “ce qu’on pense savoir de la psychanalyse” comme le prétend le teaser du podcast Meta de Choc. Elles existent depuis que la psychanalyse existe et sont recyclées régulièrement notamment grâce à l’extrême droite. C’était les mêmes accusations lors du Livre noir de la psychanalyse (il y a 17 ans) et déjà la même lassitude de la part des psychanalystes de l’époque de voir ces attaques d’extrême droite encore recyclées plutôt qu’une critique sincère.
Une autre raison de l’agacement, est que des autorités autoproclamés de “la raison”, de “la rationalité scientifique”, de “la pensée critique” qui viennent expliquer que les sciences humaines ne sont en fait pas scientifiques ou réfutable, c’est aussi quelque chose qu’on connaît. Avec ces faux débats on voit revenir en creux la controverse Bricmont et Sokal, qui entendaient démontrer par un canular que les sciences humaines ne valaient rien. Van Rillaer évidemment rend hommage à Bricmont sur son blog médiapart pour les 20 ans de la controverse, et salue son combat contre “l’intelligentsia Française”. Et ce n’est pas un hasard non plus si Jacques Van Rillaer partage avec son ami Jean Bricmont les colonnes et le parrainage de l’AFIS, association “de défense de l’intégrité de la science” et dans laquelle Bricmont est à la fois auteur, parrain et ancien président. Van Rillaer en a donc profité pour repeindre la bibliographie et les “ressources complémentaires” de Meta de Choc avec des liens vers l’AFIS, ambiance.
Et ça agace enfin parce que des influenceurs-podcasteurs, qui arrivent dans la lutte contre les dérives sectaires pour y faire, comme si de rien n’était, la promotion des thérapies comportementales contre la psychanalyse, c’est ennuyeux.
Quand on connaît le rôle joué par les thérapies cognitives et comportementales, dont se revendique Van Rillaer, dans le développement des dérives sectaires, la Programmation Neuro-linguistique, l’analyse transactionnelle, le coaching ou le développement personnel, de voir aujourd’hui Meta de Choc (soutenu par l’UNADFI association historique de la lutte contre les sectes) recevoir un comportementaliste ayant soutenu toute l’extrême droite anti-Freud et qui vend ses bouquins de “gestion de soi”, c’est un peu décourageant… Symbole encore plus parlant, Elisabeth Feytit est, au même moment, en pleine promo de son podcast avec l’auteur de “La Nouvelle gestion de Soi, ce qu’il faut faire pour vivre mieux”, et en pleine promo d’elle-même pour sa contribution à la lutte contre les arnaques du développement personnel.
Des arguments vraiment scientifiques contre la psychanalyse
Maintenant examinons en détail ce qui nous agace dans cette série de Podcast:
Jacques van Rillaer est un professeur de psychologie de 78 ans “déconverti de la psychanalyse”, adepte et praticien des thérapies cognitives et comportementales (TCC) qui a passé sa vie à écrire contre Freud et à reprendre tous les auteurs d’extrême droite ayant participé à l’entreprise de démolition de la psychanalyse.
Meta de Choc c’est un podcast lancé par Elisabeth Feytit, ancienne adepte du New Age et qui s’est reconvertie dans la lutte contre les dérives sectaires New Age. Un parcours original qui expliquerait pourquoi Elisabeth Feytit rêve plus de se retrouver un jour dans le fauteuil noir de ThinkerView que sur le divan du psychanalyste?
Quoi qu’il en soit la série Meta de Choc de 6 épisodes “Que vaut la psychanalyse?” avec Jacques Van Rillaer promettait donc d’être passionante.
Promesse tenue, le “Freud est toute sa vie très préoccupé par les questions d’argent” arrive dès la 11eme minute du 2eme épisode (et évidemment revient régulièrement par la suite)…
Viennent ensuite les “arguments” contre les théories de Freud qui ne nécessitent pas vraiment d’être un grand spécialiste ni pour les comprendre ni pour les démonter.
Le complexe d’Oedipe par exemple, selon Van Rillaer, ne tient pas parce que, dans le mythe, Oedipe tue son père sans savoir que c’est son père et qu’il le tue avant de séduire sa mère. Alors que dans la théorie du complexe d’Oedipe c’est l’inverse, on voulait coucher avec sa mère avant de tuer son père. C’est bien la preuve que la théorie freudienne ne tient pas debout… D’ailleurs autre preuve dans l’épisode 3, Jacques Van Rillaer explique qu’il a toujours été attiré par des femmes plus jeunes que lui. C’est donc bien la preuve qu’il n’a jamais été attiré par sa mère (3eme podcast 17 eme minute). Et aussi un jour, Jacques a rêvé que son père mourrait et il en a été très affecté et a beaucoup pleuré. C’est donc bien qu’il n’a jamais voulu tuer son père et que toute la théorie freudienne du complexe d’Oedipe est à mettre à la poubelle.
Rien de ce que dit Freud sur la sexualité ne tient car Freud est sexiste. Freud pense, d’après Van Rillaer, que la femme est inférieure, et Freud développe une vue très négative de la femme “ce qui contraste avec les bonnes relations qu’il a avec des femmes réelles”, tient à préciser Van Rillaer pour qui c’est très important de laisser sous entendre que Freud baise à tout va. En outre la femme de Freud “est réduite à élever des enfants” précise-t-il, en ajoutant sorti d’on ne sait où que “pour Freud, la femme ne devient femme que si elle est vaginale…”.
Heureusement les femmes de 2020 auront, pour défendre leur plaisir clitoridien contre Freud le vaginal, Jacques Van Rillaer, monsieur blanc 78 ans ayant défendu toute l’extrême droite anti-Freudienne de France et de Belgique.
Ces délires sont en fait le prolongement du mythe d’un Freud sexiste et misogyne mais qui en même temps séduit, trompe couche et découche jusqu’aux limites de l’inceste et manipule les femmes, grâce à la psychanalyse qui est une dérive sectaire. Un mythe reprit et développé par tous les auteurs d’extrêmes droite qu’affectionne Van Rillaer et dont il se revendique: Debray-Ritzen et sa “scolastique Freudienne”, Bénesteau et ses “Mensonges Freudiens” ainsi que Onfray et son “crépuscule d’une idole”.
Pour Van Rillaer enfin, la théorie du Surmoi ne sert à rien. La morale suffit à tout expliquer. Donc puisqu’il y a la morale, pas besoin de la théorie sur le Surmoi. Et donc on peut se débarrasser à peu de frais du reste de la théorie sur le “Moi” (das Ich), le “Ça” (Das Es) et le “Surmoi” (Das Über-Ich). Et comme on a fini de démonter le “Ça”, du coup c’est toute la théorie de Freud sur l’inconscient qui prend l’eau, puisque le “Ça” est formé d’inconscient… De toutes façon l’inconscient existait déjà bien avant Freud qui n’a parait-il rien inventé.
Certaines de ces élucubrations, qu’Elisabeth Feytit qualifie sans honte de “scientifique” en prétendant “confronter la théorie Freudienne à la science”, peuvent prêter à sourire lorsqu’elles ne sont pas franchement malaisantes sur la sexualité ou l’ambition de Freud et son amour pour l’argent. Mais c’est pourtant bien sur ces bases qu’Elisabeth Feytit se fonde pour interpeller avec des accents militants le ministère de l’éducation nationale et réclamer rien de moins que la suppression de Freud des programmes scolaires…
Le deuxième épisode de la série pose une interrogation d’Elisabeth Feytit: puisque, grâce à Van Rillaer, on sait maintenant que rien ne tient dans la théorie freudienne et que jamais la psychanalyse n’a pu se targuer d’une seule réussite ou de la moindre guérison, comment expliquer que la psychanalyse ait eu un tel succès? Elisabeth Feytit a une théorie: “l’internationalisation”. C’est parce que Freud, selon elle, à su se créer un réseau à travers lequel il a répandu ses idées. Ainsi elle résume avec grande finesse le personnage de Freud en une phrase:
“finalement on est quand-même face à une sorte de businessman avec l’ambition de créer un réseau international.”
Dans le 3ème podcast Jacques Van Rillaer nous en apprendra d’ailleurs un peu plus sur la constitution de ce réseau: “Freud a toujours été interessé par l’argent, pour répandre sa science notamment parce qu’il était très ambitieux” et c’est comme ça qu’il a pu acheter les publications scientifiques pour servir son projet international.
Ce n’est pas complètement un hasard si cette vision de Freud est partagée et véhiculée par l’extrême droite.
Le deuxième podcast consacré à la vie de Freud arrive à sa fin, et Elisabeth Feytit doit donc abréger. “On arrive à la fin de la vie de Freud” lance-t-elle abruptement à 1 minute 30 de la fin du podcast. Mais avec cette fin de vie s’impose le devoir d’au moins mentionner le contexte historique de l’Europe des années 30 qui a pu peser sur le destin des intellectuels juifs autrichiens dans ces années-là et peut-être même sur leur production scientifique. C’est expédié en moins de 90 secondes:
“- Donc avec la montée du nazisme il a du fuir l’Allemagne, il a été victime d’antisémitisme il y a même eu des autodafés de ses livres… explique Feytit.
– Mais on a brûlé ses livres comme on brûlait des livres d’autres juifs hein” précise en l’interrompant Van Rillaer “pas en tant que psychanalyste, en tant que juif.
– Oui voilà exactement” enchaîne Feytit qui achève “et donc il est parti en exil et il est mort quelques mois après”. Générique. Fin de l’histoire de Freud. Rendez vous au prochain épisode.
Reconstruction d’une tradition fasciste
Cette conclusion abrupte et cet échange surréaliste sont en fait le fruit des multiples traditions de l’extrême droite anti-Freud dont Van Rillaer est l’héritier assumé, et qui sont parfois contradictoires. Il est absolument nécessaire pour promouvoir ces théories, d’éviter de trop s’étendre sur les liens entre l’antisémitisme et la haine de la psychanalyse et en même temps d’insister sur le fait que les nazis n’avaient rien contre la psychanalyse, bien au contraire.
Les nazis ont évidemment haï et Freud et la psychanalyse qu’ils qualifiaient de “science juive”. Debray-Ritzen, idéologue de la Nouvelle Droite reprendra le thème de la psychanalyse “Science Juive” pour lui ajouter une autre tradition d’extrême droite, celle du complot judéo-communiste en parlant de “goulag freudien”.
Vient ensuite Bénesteau qui publie (dans la même maison d’édition que Van Rillaer) le livre “Mensonges Freudiens” en 2002, et qui ajoute au délire freudo-judéo-bolchévique les préoccupations du début du XXIeme siècle, et dont on se fera une idée avec cet extrait parlant:
“les champions des techniques sophistiquées de la désinformation sont les militaires et les services secrets, les groupes industriels ou politiques, car elles ont permis aux uns et aux autres de gagner des guerres sans bataille ce qui, selon Sun-Tsé qui les préconisait plusieurs siècles avant Jésus Christ, constitue la forme suprême de l´art de la guerre. Une guerre commerciale fut remportée par une célèbre marque de soda, qui laissa entendre dans un pays musulman de la péninsule arabique que le produit concurrent était fabriqué avec de la pepsine de porc… Voilà un prototype des techniques dont se servent, mutatis mutandis, les stratèges des idéologies, à commencer par les freudiens. Ou le Kominform, pour la même fin : la domination totalitaire.”
C’est avec ce paragraphe (et avec une citation de L. F. Céline) que Bénesteau introduit son chapitre sur la dissimulation des archives Freudiennes jusqu’en 2113. Le thème et la date sont repris tels quels par Van Rillaer, et donc par Feytit qui les reprend elle aussi pour faire la promo de son podcast, ce qui explique pourquoi le twitter de Meta de Choc prend soudainement des allures de QAnon fondu.
Van Rillaer assume parfaitement dans un de ses textes, non seulement la filiation avec Bénesteau et Debray-Ritzen mais assume en plus d’avoir mis sous le tapis cette filiation et caviardé ses sources à cause de Roudinesco (la méchante) “et sa bande”, qui ont réussit à faire croire que Bénesteau et Debray-Ritzen étaient d’extrême droite alors que rien dans leurs écrits n’indiquaient une telle chose.
(extrait du texte “réponse du professeur Jacques Van Rillaer à Madame Elisabeth Roudinesco” issu de son corpus de textes en ligne sur le site de l’Université Catholique de Louvain)
Puis, après Bénesteau et après le “Livre Noir de la Psychanalyse”, vint en 2010 Michel Onfray et son livre “crépuscule d’une idole”. Et Michel Onfray, en plus de la reprise de l’anti-freudisme d’extrême droite traditionnel, va ajouter un autre mythe: la psychanalyse science nazie! Plus particulièrement pour Onfray, la psychanalyse science fasciste parce que Freud, emprunt de haine de soi juive et complice du nazisme, fut quand-même contraint par sa condition de juif à préférer officiellement l’admiration de Mussolini à celle d’Hitler.
Les 624 pages d’Onfray furentt réduites en charpie par Roudinesco et Michel Onfray eut le destin d’extrême droite dont il avait toujours rêvé.
Ce qui n’empêcha pas Van Rillaer de voler au secours de Michel Onfray pour défendre ses merveilleuses idées sur la psychanalyse en particulier sa compatibilité avec le nazisme en affirmant dans une note que s’empresse de publier Onfray en remerciant “son ami” que “la psychanalyse a survécu dans l’Allemagne nazie en s’aryanisant.”
Pourquoi on pense ce que l’on pense
C’est l’une des devises de Meta de Choc: “pourquoi on pense ce que l’on pense?” en incitant “à explorer les nombreuses facettes de nos modes de pensée.”
On aurait tort en tout cas de soupçonner Jacques Van Rillaer d’un quelconque antisémitisme, à l’aune de sa défense d’Onfray, de Bénesteau et de son préfacier du Club de l’Horloge Jacques Corraze, de l’idéologue de la Nouvelle Droite Debray-Ritzen, ou même de l’insistance de Van Rillaer à traiter Freud de pervers sexuel, avide d’argent, ayant fondé une secte obscure et manipulatrice étendant son pouvoir international sur l’occident.
Jacques Van Rillaer en effet revient sur ces accusations infondées d’antisémitisme dans sa “Réponse du Professeur Jacques Van Rillaer à Madame Elisabeth Roudinesco” et indique qu’il n’est pas du tout antisémite. Pour lui, l’accusation d’antisémitisme “qu’on lance pour tuer son adversaire” l’a profondément choqué, lui qui vient de Belgique “pays où l’antisémitisme n’a jamais été virulent”:
“A vrai dire, c’était la première fois de ma vie que j’étais traité d’« antisémite ». (Dans mon université, des collègues freudiens me qualifient de « malanalysé », de « positiviste » ou de « chiantifique »). J’ai été surpris, car, malgré ce que m’avait appris mon collègue Evrard sur l’étiquetage « extrême-droite », je n’avais pas encore bien saisi à quel point, en France, l’accusation d’antisémite est, comme l’écrit Jacques Le Rider dans Le Monde des livres, « la pire des accusations, celle qu’on lance pour tuer son adversaire.» (Dans mon pays, où l’antisémitisme n’a jamais été virulent, ce type d’argument, très peu utilisé, n’a pas du tout le même poids).”
Van Rillaer admet quand même que, même en Belgique, “l’utilisation de l’argument de l’antisémitisme sera utilisé par le romancier-journaliste belge Pierre Mertens pour tenter de discréditer le Livre noir de la psychanalyse.” mais Rillaer précise bien vite en défense de son pays “Soulignons que son texte est paru dans une revue française dirigée par B.-H. Lévy.” (le surlignage du mot “française” est de Van Rillaer.)
Car ce que retient Van Rillaer c’est surtout qu’on sorte “le bazooka” de l’accusation d’antisémitisme pour protéger les mensonges de la secte freudienne:
Finalement, ce que j’ai bien compris, c’est que Roudinesco, incapable de nier l’évidence des mensonges de Freud et Cie, s’est contentée de sortir le bazooka de l’« antisémitisme » pour tuer médiatiquement un livre qui aurait dû faire date dans l’histoire de la psychologie française.
Heureusement note Rillaer, il existe des bons Juifs (la grande majorité) qui s’abstiennent de sortir le bazooka.
“On peut se réjouir du fait que la grande majorité des Juifs n’emploient pas le mot « antisémitisme » à la façon dont Roudinesco l’instrumentalise pour défendre le freudisme. Si c’était le cas, le mot s’appliquerait à la moindre critique d’un comportement de Juif. Au bout du compte, le mot n’aurait plus aucun lien avec ce qu’il signifie pour ceux et celles qui sont de réelles victimes de l’antisémitisme.”
Rillaer précise en note la dangerosité de ces “utilisations passe-partout d’antisémitisme” lorsqu’elles en viennent à protéger les malversations de la finance internationales “Des clients de Bernard Madoff ont payé cher l’utilisation passe-partout du concept d’antisémitisme.”
Van Rillaer ose une analyse de cette stratégie qui consiste à dégainer l’accusation d’antisémitisme à tout bout de champs dès qu’ils veulent échapper à la critique: pousser des gens honnêtes à devenir antisémite en les accusant, pour ensuite se déclarer victime et persécuté:
“En définitive, Roudinesco ne chercherait-elle pas, de façon « masquée », à pousser à l’antisémitisme (entendu cette fois au sens propre du mot, sans guillemets) tous ceux qu’elle cherche à discréditer ou à réduire au silence ? Les psychiatres et les psychologues connaissent bien cette stratégie, typique des psychopathes et des paranoïaques : susciter chez l’autre des réactions dont on va ensuite l’accuser bruyamment, en se disant scandalisé ou persécuté.”
Van Rillaer enfin conclu comme le font généralement les gens qu’on ne saurait soupçonner d’antisémitisme, par le fait qu’il a des amis juifs. Mais là encore il ne peut pas le dire parce que les juifs se méfient du philosémitisme…
Cette série de podcast, qui voit Meta de Choc, podcast autoproclamé pensée critique luttant contre les dérives sectaires inviter un vieux compagnon de route de la haine antisémite de la psychanalyse, suscite une interrogation plus large: et si la lutte contre les dérives sectaires était elle même en pleine dérive? Au delà du cas du podcast Meta de Choc qui n’est finalement qu’un petit podcast individuel à audience limité, il y a d’autres cas bien plus conséquent et inquiétants. La question en tout cas mérite d’être posée et il apparait important, en ces temps d’antisémitisme, d’islamophobie, et de laïcité détournée en racisme, d’essayer d’y répondre. C’est ce qu’on tentera de faire dans le prochain article.