"Je n'ai pas vécu la liberté, mais je l'ai écrite sur les murs" (la révolution syrienne)

De Daoud en Sansal, la fuite en avant des humanistes “à la française”

“L’affaire Daoud”, celle de l’attribution d’un Goncourt bien sûr et d’abord (et, très accessoirement, celles des critiques que valent au lauréat son manque de déontologie) aussi bien que l’affaire de l’arrestation de son compatriote et confrère, l’écrivain Boualem Sansal, par les autorités algériennes ne sont pas simples à déconstruire, tant s’en faut. Faut-il d’abord le clamer : quand bien même la France, de Céline à pas mal d’autres, n’a jamais érigé de barrière infranchissable dans ce domaine, rien ne saurait justifier l’interférence judiciaire avec la trajectoire, fut-elle militante, d’un écrivain. Mais pourquoi cette vieille vérité est-elle si difficile à rappeler sans exacerber la fracture des malentendus ? Parce que l’affaire Daoud/Sansal plante ses racines dans ce terreau mouvant, piégé, tronqué de la relation franco-algérienne, qu’elle soit “populaire” ou, pire encore, “étatique”. Parce que, sur ce terrain franco-algérien, les identités, les rôles, les stratégies non seulement ne sont banalement pas constantes mais plus encore elles coïncident rarement avec celles dont se réclament ouvertement les acteurs. Par quelque bout que l’on prenne l’affaire Daoud / Sansal, les contradictions affleurent très vite. En nombre. Ainsi de l’attitude du gouvernement algérien qui serait hostile à Daoud… ou qui aurait choisi de punir son collègue Sansal pour leur même “liberté de parole”. Le régime algérien est certes réputé avoir censuré par voie législative la libre expression, y compris littéraire, sur ces années 1990 qu’il qualifie de “décennie noire”. Mais cette censure a toujours été très unilatérale, aussi sélective que peut l’être en France celle de…

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A LA UNE

Marsault, dessinateur d’extrême droite condamné pour harcèlement

in Chroniques de la violence brune/Féminisme by

Communiqué de Lignes de Crêtes du 22 janvier 2019 et mise à jour du 3 février 2019 Ce 18 janvier le dessinateur d’extrême-droite Marsault a été condamné à une amende de 5000 euros (et 5000 autres mais en sursis) ainsi qu’à 2000 euros d’indemnisation pour avoir appelé au harcèlement en ligne de Megane Kamel, militante féministe et antifasciste. Cette décision de justice est un des aboutissements d’un combat inégal : d’un côté il y avait un homme de pouvoir, capable de mobiliser en quelques heures des milliers de harceleurs, eux-mêmes prêts à déployer insultes, intimidations, menaces, intrusions dans la vie privée d’une militante. Un homme de pouvoir, soutenu par Ring, maison d’édition florissante, comptant parmi ses auteurs des leaders culturels de l’extrême-droite comme Laurent Obertone. Un homme de pouvoir qui a lancé sa traque à un moment où il bénéficiait d’un lectorat bien plus vaste que son camp politique, qui était reçu dans de nombreux salons littéraires et de nombreuses librairies et défendu très largement, même dans certaines parties de la gauche , au nom de la « liberté d’expression ». En 2016, protester contre la violence des dessins de Marsault, outil de propagande raciste et sexiste, quelle que soit leur qualité artistique – ce dont nous n’avons que faire -, c’était un peu crier dans le désert. Trois ans plus tard, le combat de Megane a donné beaucoup de courage à d’autres dont nous sommes. Combat politique, combat psychologique, combat judiciaire. C’est un donneur d’ordres qui est condamné aujourd’hui.…

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Non à la peine de mort, non au meurtre d’enfants, soutien à Nicolas Hénin

in Prises de positions by

Nous ne sommes pas dupes. Derrière les appels à laisser les djihadistes Français en Syrie, à les fusiller sur place, se cache le retour de la peine de mort. Comme d’habitude, l’extrême droite utilise l’émotion, la colère et la peur pour appeler à rétablir la peine de mort et pour offrir à Bachar al Assad une monnaie d’échange. Ces appels font désormais partie du débat public. L’idée d’offrir des djihadistes français à Bachar al Assad, de les assassiner sans procès, ou de déléguer ces assassinats est devenue banale après les attentats, et les voix qui s’élèvent contre cela au nom des valeurs démocrates mais aussi de l’efficacité dans le combat contre l’idéologique djihadiste sont souvent disqualifiées. Mais cette question a pris une ampleur nouvelle avec les propos de Patrick Jardin qui appelle à tuer les enfants de djihadistes. Des enfants tout court donc. Rien de moins qu’un appel au meurtre prémédité d’enfants, 44 ans après la dernière condamnation à mort d’un mineur en 1975, et 80 ans après la dernière exécution d’un mineur en 1939. Ces propos ont valu à leur auteur de se faire supprimer son compte notamment suite au signalement de Nicolas Hénin qui subit aujourd’hui le harcèlement et les attaques des fascistes qui défendent Patrick Jardin, père d’une victime du Bataclan. Ces méthodes indignes, ignobles sont le visage du fascisme mais le pas qui est franchi en dit long sur ce que serait la peine de mort si ces gens là étaient au pouvoir. Derrière cette question…

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DAU: the art of making money with exploitation and human suffering

in Other Languages by

I saw, in my Facebook contacts, several dithyrambic posts about “DAU”, a gigantic project of film and art installation, halfway between reality TV, immersive theatre and totalitarian experience. DAU is the project of a director named Khrzhanovsky, who seems to have unlimited power and means at his disposal. He created a set of filming in Ukraine, reproducing a city, full of hidden cameras, and in which, 400 people lived for three years more or less in immersion and in an imitation of a totalitarian system. Immersive Dictatorship for customers spectators… The cinematic images produced will be broadcasted in Paris, as part of a kind of immersive show, at the “Théâtre de la Ville” in Châtelet. To view them, one has to fill out a Visa application that asks highly personal questions (by allowing the use of our personal data without any restrictions to DAU), to pay an expensive price, and to commit to staying between 6 to 24 hours inside the facility. Initially, I was obviously intrigued by this project that seems to be out of the ordinary, but several things in the (very positive) articles, shared by my contacts, quickly made me feel uncomfortable. In several of these articles, it was mentioned in passing, as if it was only a detail, of unpaid work, authoritarianism of the director, crises of madness or violence, unsimulated and filmed… This alarmed me and added to the mistrust I already had about the idea of privileged people in France paying to give themselves…

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DAU: de l’art de faire son beurre avec l’exploitation et la souffrance humaine

in Chroniques de la violence brune by

J’ai vu, dans mes contacts Facebook, plusieurs partages dithyrambiques sur “DAU”, un projet gigantesque de film/installation artistique à mi-chemin entre la télé réalité, le théâtre immersif et l’expérience totalitaire. DAU c’est le projet d’un réalisateur qui s’appelle Khrzhanovsky, qui semble disposer d’un pouvoir et de moyens illimités. Il a créé un set de tournage en Ukraine, reproduisant une ville, truffée de caméras cachées, et dans laquelle, pendant 3 ans, 400 personnes ont vécu, plus ou moins en immersion, dans une imitation de système totalitaire. Dicature Immersive pour les clients spectateurs… Les images produites vont être diffusées à Paris en étant intégrées à une sorte de spectacle immersif au théâtre de la Ville à Châtelet. Pour les visionner il faut remplir une demande de Visa qui pose des questions intimes (en autorisant l’exploitation de nos données personnelles sans aucune restriction à DAU), payer cher et s’engager à rester entre 6h et 24h à l’intérieur du dispositif. J’ai évidemment d’abord été intrigué par ce projet qui semble hors normes, mais plusieurs choses, dans les articles (très positifs) que mes contacts partageaient, m’ont rapidement gêné. Dans plusieurs de ces articles, il était fait mention, au détour d’une ligne, comme si ça n’était qu’un détail, de travail gratuit, d’autoritarisme du réal, de crises de folie ou de violence non simulées et filmées, etc. Cela m’a alarmé et s’est ajouté à la méfiance que j’avais déjà à l’idée que des privilégiés, en France, payent pour se donner le frisson de la dictature. Je me suis…

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Conférence de Yahia Hakoum – Lignes de Crêtes et Souria Houria

in Révolution by

Conférence tenue le 16 novembre 2018 Ecouter Yahia Hakoum parler des nouvelles consciences dans la révolution syrienne, c’est entendre une voix qui bouleverse. Au sens affectif, certes, mais surtout dans celui de chambouler nos manières de penser. Nos manières de penser la révolution syrienne, ou peut-être les révolutions tout court. Nos manières de penser notre situation ici, si l’on veut bien se laisser bousculer. Yahia parle de choses concrètes, des photos de Bachar al Assad déchirées, de sa sœur qui divorce, de messages sur les murs et de l’essor de la presse, de comment des tas de gens ont construit une conscience politique, des discussions en famille, des évolutions individuelles et parfois des ruptures avec des proches sur les fondamentaux de la révolution. Rien que cela fait du bien, face à tant de discours géopolitiques, idéologiques ou macro-économiques qui masquent tout ce qu’il y a d’émancipateur dans la révolution syrienne (et d’autres). Cela donne envie d’avoir des luttes à raconter de cette manière. Car ce que Yahia décrit, c’est une société où quelques uns d’abord, bien plus ensuite, ont bravé la peur d’une dictature sanguinaire et où la réaction aux massacres du régime est devenue un marqueur essentiel. Où toutes les violations des droits humains, même celles de son propre camp, sont dénoncées par les révolutionnaires. Et ce que la révolution a réussi, c’est mettre au cœur de toute la société syrienne cette question des droits humains, des libertés fondamentales, la question des minorités, la démocratie, le refus de groupes…

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L’ombre des guillotines

in Mémoires Vives by

Ces derniers jours ont vu refleurir ce que je croyais être enterré depuis longtemps : les questions sur la légitimité de l’abolition de la peine de mort en France. « Nous pourrions en débattre. » Voilà ce que des responsables politiques de tous bords (et non plus circonscrits au FN/RN) se permettent de dire publiquement ces derniers jours, course électoraliste dangereuse et pyromane. Rétropédalages vaseux pour certains ? Oui, en effet. Cela malheureusement n’ôte rien à ce qui a eu lieu: des responsables politiques hors du champ de l’extrême droite ont touché à ce qui est aujourd’hui un tabou. Vilain mot, me diront certains. Les tabous, la morale, les valeurs, seraient devenus des termes honteux et honnis. Pourtant, chaque être humain se construit autour de ces mots-là.

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Yellow Vests: violence and anomy

in Other Languages by

The Yellow Vest movement (Gilets Jaunes in French) is practically an anti-barrier to fascism. The exact opposite of what took place in the second round of the presidential elections when Macron was elected to prevent the fascist politician Marine le Pen from becoming president. The slogan « Macron Démission » – Macron Resign ! Allows this movement to unite the ones with no political horizon on one hand and those having the desire to rerun the second round of the presidential elections or to abolish the republic on the other hand. In this fashion this movement is a fascist movement, because it has the power to convince people to turn towards fascism. The anti-barrier to fascism is also what is expressed by the part of the left in France tempted to join the Yellow Vest movement. This left abhors facing the fascism inside the Yellow Vest movement it seeks to support and therefore develops an argumentative arsenal aimed at bypassing, breaking, forgetting the anti-fascist barrier France endured throughout the elections. « They are not all like that, criticizing them is class contempt, we must walk on one ground with the extreme right to prevent the extreme right from gaining ground; I have a friend from an anti-racist movement that was there so it proves the movement is not entirely racist; The fascist acts or slogans do not embody the movement; fascists are everywhere so we can’t do anything, it is a normal thing to also have fascists inside a social movement » etc. The left…

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Gilets Jaunes, violence et anomie

in Chroniques du déni by

Les Gilets Jaunes sont l’anti-barrage au fascisme. Le slogan « Macron démission » permet d’unir ceux qui n’ont aucun horizon politique et ceux qui ont pour horizon de rejouer le second tour ou d’abolir la république. C’est en cela que ce mouvement est un mouvement fasciste, car c’est un mouvement qui peut convaincre des gens de se tourner vers le fascisme. C’est aussi l’anti-barrage au fascisme qui est exprimé par cette gauche tentée de rejoindre les Gilets Jaunes. Celle là ne supporte pas qu’on lui rappelle la réalité du fascisme du mouvement et développe tout un argumentaire destiné à briser, dépasser, oublier le barrage au fascisme. “Ils ne sont pas tous comme ça; c’est du mépris de classe; justement il faut aller sur le terrain avec l’extrême droite pour pas lui laisser le terrain; j’ai un ami du comité Adama qui y était; c’est pas représentatif; c’est minoritaire; y’a des fascistes partout donc c’est normal on ne peut rien y faire”. La gauche se construit consciencieusement son déni et ses justifications, qui resserviront par la suite.

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De la fierté et de l’humiliation

in Féminisme/Instants by

Depuis plusieurs jours, plusieurs semaines, je tournais autour d’un point sur lequel je ne parvenais pas à mettre le doigt. C’est au cours d’une conversation entourée de mes camarades, que j’ai trouvé le lien. Une de mes amies prononça au milieu de nos débats, le mot fierté. ….

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Marsault, à la barre, en petit garçon tombé du Ring

in Chroniques de la violence brune/Féminisme by

De dos, ils ressemblent à trois potes d’enfance qui ont fait une grosse connerie. Machinalement Marsault arrive et met d’emblée ses mains serrées derrière son dos, puis se force à laisser tomber les bras le long de son corps. Des trois prévenus, il est celui qui a réussi, qui fait l’admiration de ses deux amis, alors il se tient droit devant les juges. Il ne bouge pas, sauf quand sont énoncées les insultes et les menaces que son appel à lynchage a générées en août 2016 contre Megane Kamel. Là, il oscille d’un pied sur l’autre, systématiquement. Sinon, il reste immobile, BREUM tatoué à l’arrière de la tête, mais de face, on ne voit pas, on voit juste un grand mec, avec des petites lunettes. Qui sont ces hommes ? Le savent-ils eux-même ? Tous trois ont reconnu les faits. Marsault n’hésite pas à un évoquer un “lynchage”. Personne ne lui a demandé, il le dit de lui-même. Oui, il a initié un lynchage, mais initié seulement. Et puis il a hésité avant. Tout s’est passé très simplement. Marsault faisait des “dessins à l’humour graveleux”, c’est “son gagne-pain”. Un gagne-pain juteux, 80 000 euros en 2016. A ce moment-là, il est content, il a trouvé un éditeur, Ring. Bref tout va bien, sauf qu’existe “une partie de la population qui n’aime ni ses convictions, ni ses dessins”. Et dont certaines osent le dire et agir. C’est tout l’intérêt de ce procès, finalement. Détailler un processus étape par étape. Celui qui…

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L(‘)arme politique

in Révolution by

« Je vous promets que la révolution syrienne va changer le visage du Moyen-Orient parce qu’elle change les êtres humains de l’intérieur. Les révolutions ce sont des idées, et aucune arme ne peut tuer des idées. » Raed Fares Voilà quelques jours que je cherche les mots… Que savons-nous de la torture, de la répression, des régimes autoritaires, des assassinats politiques ? Que savons-nous de la résistance et des révolutions ? Vendredi matin, 23 novembre, en Syrie, ils ont assassiné Raed Fares et son ami Hamoud Junaid. Je ne connaissais pas ce dernier. Nous étions nombreux à suivre le premier. Il restera une figure majeure de la révolution syrienne. La perte est immense. Écœurante. Déchirante. Depuis le mois de mai, en Arabie Saoudite, ils ont emprisonné et torturent plusieurs activistes engagés en faveur des droits des femmes: Loujain al Hathloul, Iman al Nafjan, Aziza al Yousef, Samar Badawi, Nassima al Sada, Mohammad al Rabea et Ibrahim al Modeimigh. Une liste de noms. Et parmi eux, la sœur d’une amie. Je ne peux imaginer les angoisses qu’elle et ses proches affrontent. Celle-ci nous demande de relayer des articles pour alerter l’opinion publique. S’il-vous-plaît, faites résonner ces noms, donnez-leur un écho au-delà de cette liste sinistre de prisonnier.e.s politiques. Alors, je cherche, cherche encore les mots sans vraiment les trouver. Et si, à bout de mots, nous trouvions des moyens d’action? Il est devenu insupportable d’entendre le ronron inquiétant autour de la montée des fascismes aux quatre coins du globe. Comme un prétexte à l’immobilisme,…

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À #NousToutes, démonter le Ring

in Chroniques de la violence brune/Féminisme by &

Entre Ring et nous, tout a commencé sur une phrase de trop. Pas un dessin, pas de l’« art », non une phrase de trop. Une phrase de Marsault, une phrase de militant d’extrême-droite, qui un jour de l’été 2016 a appelé ses troupes à détruire une femme. La même histoire aurait pu commencer avec Soral ou avec Dieudonné. Ou avec Serge Ayoub ou avec Obertone. Tous ces prédateurs, depuis des années ont une méthode bien rodée face à celles qui n’acceptent pas la diffusion de leurs pratiques et de leurs idées dans la société. Face à elles qui estiment que le racisme, l’antisémitisme, l’homophobie, le sexisme, ne sont pas des opinions comme les autres qu’on aurait le droit d’exprimer, mais des armes qui nous oppressent, pas dans l’éther des théories, mais dans la réalité. Un jour de l’été 2016, des centaines, des milliers de fascistes se sont acharnés sur une seule femme. Pas une dirigeante politique connue, pas une star des réseaux sociaux, pas une intellectuelle en vue, pas une artiste reconnue. Juste une jeune combattante féministe et antifasciste de base. Sa faute ? Avoir osé se féliciter qu’un dessin sexiste de Marsault lui ait valu une levée de boucliers, enfin, et une censure de Facebook. Sa faute ? Avoir osé se réjouir d’être un tout petit peu moins opprimée. Sa faute ? Avoir osé se mettre à égalité avec les Maîtres Bruns. Avoir osé se réjouir de vaincre. Ne pas avoir été seulement une victime qui pleure, mais…

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On the difference between clogging an artery and creating a heart

in Other Languages by &

It is significant that, all of a sudden, one remembers there that Arab springs happened in 2011. But using this recollection to legitimize the French Yellow Vest movement, is showing a misunderstanding of these two movements, which remain very different despite formal similarities. These comparisons are not made for the glory of the Arab Spring, but rather to reinforce another comparison, the one with the French Revolution. Well, but the French Revolution it is far, so one will use the Arab Spring for making the connection. What is interesting however, is that by highlighting everything that opposes the Yellow Vests and the Arab Springs, one can highlight how the Yellow Vests is remote from a revolution.

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De la différence entre boucher une artère et créer un cœur

in Révolution by &

C’est significatif que tout d’un coup, on se souvienne ici qu’il y a eu des printemps arabes en 2011. Mais quand c’est pour légitimer le mouvement des gilets jaunes en France, c’est montrer une incompréhension de ces deux mouvements, très différents malgré des similitudes formelles. Ces comparaisons ne sont pas là pour la gloire du printemps arabe mais plutôt pour appuyer une autre comparaison, avec la révolution française. Mais bon la révolution française c’est loin alors on va chercher les printemps arabes pour faire le lien. Ce qui est intéressant c’est qu’en faisant ressortir tout ce qui oppose les gilets jaunes et les printemps arabes on peut faire ressortir à quel point ce mouvement est éloigné d’une révolution. La revendication d’une similitude avec le printemps arabe n’est d’ailleurs pas nouvelle. Le tristement célèbre « printemps républicain » a déjà innové en la matière, tentant de récupérer l’image positive du printemps arabe (en enlevant le mot « Arabe ») pour en faire une mouvance raciste. De la même manière les homophobes du « printemps français » tentaient eux aussi de s’approprier et bien évidemment d’oblitérer la dignité retrouvée des printemps arabes en l’identifiant à une fierté nationale aux relents racistes. Une similitude qui est pointée, c’est que dans les deux cas, ce sont des mouvements populaires “spontanés”. Les printemps arabes se sont produits dans des régimes autoritaires au mieux, clairement dictatoriaux le plus souvent. Il n’y avait donc guère d’organisations auxquelles adhérer librement, même s’il y avait des différences entre la Tunisie et la Libye ou…

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La naissance syrienne

in Révolution by

Je suis un syrien ordinaire. Comme toute ma génération, je n’ai connu que la famille Assad au pouvoir. J’ai chanté leur gloire à l’école et j’ai porté leurs photos : sur mon uniforme d’écolier, sur mes cahiers et sur mes livres scolaires. Je suis témoin de ce que la Syrie vit depuis 2000, témoin de ce que la Syrie et les Syriens ont vécu depuis 2000. Depuis le 15 mars 2011, je suis témoin des atrocités que vivent les syriens à cause de Bachar el-Assad : la terreur, la torture, des massacres et l’asile ; mais aussi du silence complice du monde entier. En parallèle, je suis aussi témoin de la naissance, longue et difficile, de la nouvelle Syrie : une Syrie dont les syriens seront fiers. Certains appellent ce qui s’est passé depuis mars 2011 : « mouvement social », d’autres « troubles » ou encore « processus révolutionnaire » tant que le mouvement n’aboutit pas à un changement dans le pyramide politique. D’autres encore appellent ce qui s’est passé en Syrie : « guerre civile ». Moi, syrien ordinaire, je l’appelle « naissance Syrienne ».

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Ligne rouge et gilets jaunes

in Chroniques du déni by &

A quoi a ressemblé le 17 novembre des gilets jaunes ? A rien de social, à rien de démocratique, à rien de collectif, à rien d’émancipateur… Le 17 novembre a été une journée de libération de ressentiments, d’aigreurs, de haine des minorités, de refus de la prise en compte de la parole et des contraintes du reste de la population, de nationalisme, tout ce qui va avec la culture d’extrême-droite dont ce mouvement est imprégné jusqu’à la moelle puisque c’est dans ce cadre idéologique-là qu’il a émergé. Des incidents “isolés” qui mettent en lumière le fond de violence contre les minorités du mouvement des gilets jaunes Le type d’initiatives menées par les gilets jaunes est révélateur : faire chier. Peu importe qui en fait, puisqu’il n’y a pas de nous, qu’il n’y a pas cette démarche de voir au-delà de son intérêt personnel. Donc on bloque surtout ses voisins, en fait. Et dans une ambiance qui permet de se lâcher. On recense une agression homophobe à à Bourg en Bresse, une autre islamophobe envers une femmes voilée à St Quentin. A Tours, un véhicule a été repeint en bleu blanc rouge et porte les slogans suivants « français d’abord, migrants dehors » et « force honneur patrie. » A Charleville Mézières, un des leaders des gilets jaunes locaux montre clairement son orientation antisémite et homophobe sur sa page facebook. On annonce des opération péage gratuit, mais dans le sens où il faut prendre le ticket d’entrée sur l’autoroute, pas dans le sens où on doit…

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Alors le 17, on n’y va ou pas ?

in Chroniques du déni by

En dehors de cette orthographe, c’est la question que bien des gens de gauche se posent. Le 17 novembre est une mobilisation d’extrême-droite. Pas seulement parce que le Front National et Debout la France soutiennent. Pas seulement parce que bon nombre des promoteurs et organisateurs sont d’extrême droite. Comment une pétition qui stagnait à quelques centaines de signatures a-t-elle soudainement pris une telle ampleur ? Qui a les meilleurs réseaux sur internet depuis des années, au point d’avoir son nom, la fachosphère ?

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Macron et Pétain, quand la girouette tourne au gré des vents bruns

in Mémoires Vives by &

Emmanuel Macron, président libéral élu grâce au front antifasciste a donc choisi, d’autorité présidentielle octroyée par la 5eme république de célébrer le Maréchal Pétain. Choisir est à vrai dire un bien grand mot, pour un président qui se targue de construire un “récit national”, mais peut, en 24 heures, et dans le cadre d’une semaine mémorielle censée avoir été préparée pendant un an, alterner hommages et relativisation de l’hommage, pendant que son équipe de communication va chercher De Gaulle pour justifier l’éloge de Pétain. Autorité présidentielle, d’ailleurs, est aussi un bien grand mot, pour celui qui le lendemain de la révélation d’un projet d’attentat de l’extrême-droite contre lui, lui donne des gages pitoyables et dangereux sur l’histoire et la mémoire.

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Last men in Aleppo

in Mémoires Vives/Révolution by

Ce samedi 27 octobre en soirée, le “Festival des Libertés” à Bruxelles diffusait pour sa soirée de clôture le film “Last men in Aleppo” qui venait de gagner le prix du meilleur documentaire du festival. L’annonce du prix est terminée. La salle s’éteint. Commencent 107 minutes de plongée dans les six derniers mois d’Alep avant sa chute aux mains du régime. On suit la défense civile syrienne, les casques blancs. Le film fait le choix de mettre le focus sur trois d’entre eux: Khaled, Subhi et Mahmoud. On les voit foncer dans les décombres après un bombardement. On les voit sortir l’un après l’autre les enfants d’une famille de sous les décombres. Certains sont morts, d’autres vivants mais en sang d’autres encore ont évité le pire. On voit les sauveteurs retourner voir la famille quelques jours plus tard et toute la reconnaissance de celle-ci envers leurs sauveteurs. Pendant cette première partie de film, on pourrait croire que cette vie fait sens. Ils sont utiles à la communauté et vivent finalement aussi de belles histoires. Mais ce sentiment va très vite passer. Car le film n’épargne pas le réel à ses spectateurs. Et le réel, ce sont des bombardements russes et syriens qui ne s’arrêtent jamais. Constamment, ils doivent repartir et repartir encore dans des décombres, affronter toujours plus de cadavres, de morts de proches, de collègues. Les heures de sommeils se réduisent et c’est dans un état de constante torpeur que nos protagonistes se trouvent. Confrontés à l’absence de perspectives…

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La haine des médias et des minorités, impasse des obsessions contemporaines

in Instants by

L’actualité semble ressasser en boucle un même récit: En France, au Brésil, aux Etats-Unis, tous les faits marquants de ces dernières semaines semblent épouser des méandres semblables. Car il s’agit bien d’un climat politique désormais transnational, mariné d’obsessions qui ont envahi le débat public depuis l’entrée dans les années 2000. Parmi ces obsessions, qui sont le fruit de discours politiques construits, la haine des médias et celle des minorités sont sans doute celles qui structurent le plus la parole politique et citoyenne.

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