"Je n'ai pas vécu la liberté, mais je l'ai écrite sur les murs" (la révolution syrienne)

De Daoud en Sansal, la fuite en avant des humanistes “à la française”

“L’affaire Daoud”, celle de l’attribution d’un Goncourt bien sûr et d’abord (et, très accessoirement, celles des critiques que valent au lauréat son manque de déontologie) aussi bien que l’affaire de l’arrestation de son compatriote et confrère, l’écrivain Boualem Sansal, par les autorités algériennes ne sont pas simples à déconstruire, tant s’en faut. Faut-il d’abord le clamer : quand bien même la France, de Céline à pas mal d’autres, n’a jamais érigé de barrière infranchissable dans ce domaine, rien ne saurait justifier l’interférence judiciaire avec la trajectoire, fut-elle militante, d’un écrivain. Mais pourquoi cette vieille vérité est-elle si difficile à rappeler sans exacerber la fracture des malentendus ? Parce que l’affaire Daoud/Sansal plante ses racines dans ce terreau mouvant, piégé, tronqué de la relation franco-algérienne, qu’elle soit “populaire” ou, pire encore, “étatique”. Parce que, sur ce terrain franco-algérien, les identités, les rôles, les stratégies non seulement ne sont banalement pas constantes mais plus encore elles coïncident rarement avec celles dont se réclament ouvertement les acteurs. Par quelque bout que l’on prenne l’affaire Daoud / Sansal, les contradictions affleurent très vite. En nombre. Ainsi de l’attitude du gouvernement algérien qui serait hostile à Daoud… ou qui aurait choisi de punir son collègue Sansal pour leur même “liberté de parole”. Le régime algérien est certes réputé avoir censuré par voie législative la libre expression, y compris littéraire, sur ces années 1990 qu’il qualifie de “décennie noire”. Mais cette censure a toujours été très unilatérale, aussi sélective que peut l’être en France celle de…

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A LA UNE

la grève du 18

in Instants by
cortège de Sud Rail à la manifestation du 18 octobre 2022

Place d’Italie il y a un stand de hotdog et de brochettes, et ça sent la viande grillées et la terre mouillée. Le cortège s’engouffre entre les travaux de l’avenue, s’agglutine devant l’étal de Libertalia puis continue, emporté au début par son propre élan. Un syndicaliste harangue la foule derrière une camionnette. Il parle de la CGT raffinerie, et de comment les syndicats demandent +10% sur les salaires. “10%, ça fait 320 millions d’euros. Cette année, Total a versé 10 milliards de dividendes. Alors on a pris la calculette, et c’est assez simple. On demande 3,2% de cette somme. C’est même pas révolutionnaire, c’est pas le Grand Soir. C’est le minimum.” Les gens applaudissent et gueulent, car comment ne pas applaudir et gueuler. On zigzag entre les voitures et la chaussée à nue, entre les barrières et les banderoles. Le mots d’ordre est clair : on veut de la thune. Les camarades se pointent du doigt les pancartes plus drôles et un petit vieux commente, les yeux rieurs : “La seule chose que les bourgeois auront pas volé, c’est la révolution” L’avenue s’élargit et plus bas résonnent des tambours, ou peut-être une sono. Le brouillard s’épaissit à mesure qu’on avance, accompagnant une camionnette de Sud Rail. On en distingue à peine le ballon, noyé dans les cris et les feux de Bengale. Leur cortège chante les classiques de manif’ à plein poumon, repris par la foule autour. Une camarade reconnaît quelques lycéens de chez elle et les salue. Ils lui…

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Islamistes partout, démocratie où ça ? Contre Darmanin et son monde

in Chroniques de la violence brune/islamophobie/Religions by

Le Conseil d’état a validé ce mardi 30 août la décision d’expulsion d’Hassan Iquioussen, énième personnalité musulmane cible de la vindicte arbitraire du Ministre de l’Intérieur. Celui-ci a annoncé la nouvelle sur Twitter comme il avait annoncé son intention d’expulser sur le même réseau, avant même toute notification à sa victime. L’islamophobie est aussi une manière de remplacer la démocratie par la communication agressive. La veille, une note des services de renseignement était transmise à Europe 1, dont les employés ont fait un copié-collé laborieux. L’objet était avant tout de dresser une liste d’islamistes supposés avoir orienté le vote des musulmans pour Jean-Luc Mélenchon. Parmi ces islamistes désignés par un journaliste dont l’indépendance se résume manifestement à faire tenir douze pages de rapport policier sur deux A4, figure notamment Rafik Chekkat, auteur à Lignes de Crêtes, entre autres qualités, et également fondateur du média Islamophobia. Nous tenons à l’assurer de notre solidarité. Non pas que nous trouvions le moindre souci politique à publier des islamistes réels ou supposés, nous en trouverions plutôt à publier des copistes du Ministère de l’Intérieur. Ni au fait d’appeler à voter et à mobiliser publiquement, cela s’appelle faire de la politique en démocratie. Mais l’islamophobie structurelle portée à son paroxysme répressif est d’abord la tentative d’interdire tout droit au politique aux musulmans. Le mémoire du Ministère de l’Intérieur reprochait à Hassan Iquioussen de lancer des appels au vote, et assimilait la chose à la volonté de créer un califat semblable aux projets de Daech. Militants…

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Pro-choix, avec le Planning Familial, contre la transphobie et l’islamophobie

in Féminisme by

Que dire au sujet de l’affiche du Planning Familial représentant un homme enceint et surtout au sujet de la polémique qui dure depuis quelques jours ? En tant qu’homme trans, je pourrais être enceint. Ce n’est pas le choix que j’ai fait car je suis un peu binaire et pour moi c’était le rôle de sa mère de porter mon fils et de l’allaiter, mais j’aurais pu le faire. En 2017 les personnes trans n’ont plus été obligées d’être opérées, et donc de devenir stériles, pour changer de genre administrativement. Et bien sûr il y a des conséquences : les trans peuvent garder tout ou partie de leur corps biologique tout en vivant dans le genre qui leur convient. Il y a a donc des hommes enceints, des hommes qui allaitent et dans certaines maternités on peut parfois entendre “Poussez, Monsieur !” C’est la vie. C’était prévisible qu’à avoir gagné autant de droits et autant de visibilité en si peu de temps la communauté trans s’attire les foudres réactionnaires et leur panique morale qui charrie des torrents de merde transphobe. Les hommes trans devraient renoncer à leur utérus, un homme enceint c’est contre-nature, ce sont des délirants qui se prennent pour ce qu’ils ne sont pas, leur délire prendra bientôt fin comme en Angleterre. Je ne veux pas avoir l’air zemmourien mais encore une fois, c’est de la faute des arabes : si le Planning Familial n’avait pas eu l’outrecuidance de tolérer les femmes voilées, peut-être qu’il ne serait pas…

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Entretien avec Rafik Chekkat

in islamophobie/Podcast by

A l’occasion du lancement du nouveau projet Islamophobia, Rafik Chekkat a bien voulu répondre à nos questions. Islamophobia se présente comme une plateforme de formation mais ça va bien au delà de ça. Des podcast, des émissions, des sujets de fond, des ressources militantes, sur le sujet de l’islamophobie mais pas seulement. Puisque l’islamophobie est structurelle il y a besoin d’appréhender enormément d’aspect afin de lutter contre. Courageux et nécessaire dans la période actuelle. Emancipation, révolutions, islamophobie, racisme, gauche, parcours militants, extrême droite, libéralisme, on a parlé un peu de tout ça avec Rafik. Lignes de Crêtes · Entretien Rafik Chekkat Islamophobia 19 – 07 – 2022 Le site c’est par ici: https://islamophobia-france.com/ Le Twitter c’est par là: https://twitter.com/Islamophobia_fr Et pour les soutenir c’est là: https://www.cotizup.com/islamophobia

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Soutenir Hassan Iquioussen, défendre les libertés contre le séparatisme islamophobe

in islamophobie by &

En France, pour la majeure partie de la population, le délai de prescription des crimes est de 20 ans, celui des principaux délits de 6 ans, celui des délits de presse de trois mois. Hassan Iquioussen, imam du Nord de la France fait actuellement l’objet d’une procédure d’expulsion pour des propos qui n’ont fait l’objet d’aucune poursuite, d’aucune condamnation. Des propos qui auraient été tenus en 2004, 2005 et 2014. Il y dix-huit ans ou huit ans au plus. Hassan Iquouissen est musulman et responsable religieux. Il est français autant qu’on peut et que l’on souhaite l’être ou pas, lorsqu’on est né en France en 1964, qu’on a 58 ans, qu’on a vécu toute sa vie ici, que l’on y a son parcours professionnel et politique, sa famille, ses amis et ses ennemis. Aussi peu qu’on peut l’être lorsqu’on est issu de l’immigration musulmane, et qu’au fil des années, l’état nous a refusé plusieurs fois la nationalité française, pour motifs politiques. Aussi bien, Hassan Iquioussen, comme nous tous, est-il depuis la loi Séparatisme qui détruit sa vie et celle des siens, juste issu de l’immigration musulmane. C’est à dire soumis à un régime d’exception, dont toutes les règles ont créé une zone grise, où les libertés civiles, politiques et religieuses s’appliquent “sous réserve de” . Sous réserve du bon vouloir du pouvoir exécutif et de ses organes administratifs. Dans cette zone grise,  on a le droit de croire en Dieu et de le dire, seulement si Dieu est un autre,…

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Communiqué Lignes de Crêtes – legislatives 2022

in Prises de positions by

Le second tour des législatives a dessiné un paysage politique plus divisé que jamais. Nous nous réjouissons qu’Emmanuel Macron n’ait plus les mains libres pour appliquer son agenda de casse sociale autoritaire, islamophobe, antifeministe et liberticide. Nous constatons avec joie que la gauche a multiplié son nombre de député-es par six depuis 2017. Toutefois, l’extrême droite compte désormais 89 chemises brunes à l’assemblée. Le Rassemblement national est devenu en cinq ans un parti normal avec lequel il est envisageable de créer une majorité de gouvernement. En effet, de nombreux-ses personnalités de la majorité présidentielle n’ont pas daigné donner de consignes de vote en cas de duels NUPES-RN. Pire, certain-es d’entre elleux ont appelé clairement à faire barrage à la gauche dans certaines des circonscriptions concernées. Ceci est l’aboutissement d’une stratégie de gouvernement amorcée dès 2017 consistant en la destruction du paysage politique français. En effet, Emmanuel Macron s’est employé à liquider la gauche en 2017. En 2022, après un long processus de préparation idéologique, il a phagocyté la droite libérale. Pour continuer ses contre-réformes, il s’apprête maintenant à faire de même avec les têtes d’affiche de l’extrême droite et des nationalistes de droite. En surfant sur une stratégie électoraliste « ni droite, ni gauche », le Président ne se contente pas de détruire nos codes et nos repères : il entend incarner à la fois le pouvoir et son opposition. Choisissant depuis 2017 d’écarter la gauche des débats et de faire la courte-échelle au Rassemblement national, il en a cyniquement…

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Du « macronisme de gauche »

in Antisémitisme/islamophobie by &

Depuis sa victoire à l’élection présidentielle de 2017, Emmanuel Macron mène une entreprise de saccage de la vie politique française. Non content d’avoir siphonné les cadres d’un Parti socialiste en déshérence il y a cinq ans, celui qui se présente comme « ni droite ni gauche » vient de ravir aux Républicains nombre de ses têtes et de ses électeurs. Dans la confusion, une partie de la gauche s’affichant pro-européenne, scientiste et anti-autoritaire se rallie encore explicitement ou par défaut au bloc macroniste. Alors que le Président réélu assume de plus en plus son ancrage à droite, ce positionnement pose question et mérite d’être analysé. On sait depuis longtemps qu’il existe diverses manières d’être de gauche, et mille et une raisons de continuer à se taper dessus par organisations interposées entre sociaux-démocrates, trotskystes, autonomes ou néo-stalinien-nes. Ce que l’on sait moins, c’est que si la jambe gauche du macronisme est une jambe de bois, celle-ci ne s’est pas vermoulue en cinq ans grâce aux efforts intellectuels d’une gauche bourgeoise – auto-proclamée « gauche intellectuelle » – sourde aux questions sociales et enfermée dans une posture de dénigrement perpétuel de tout ce qui n’est pas elle. Qu’est-ce que la gauche macroniste ? L’expression « gauche macroniste » ressemble à un oxymore. En effet, elle recouvre davantage une réalité sociologique et discursive que politique. Elle désigne une partie de l’intelligentsia de gauche ayant, par pessimisme et souci de distinction avec son milieu politique, abandonné tout espoir réformiste – ne parlons même pas…

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AUDIO – Conférence à Grenoble – Antisémitisme et Islamophobie, sommes nous condamnés à être des frères ennemis?

in Antisémitisme/islamophobie/Podcast by

Le 6 mai, à Grenoble, trois militants, Rafik Chekkat et Hamza Esmili, militants historiques de la lutte contre l’islamophobie et Nadia Meziane, militante antifasciste, ont tenu une conférence de deux heures sans parler du burkini. Autant le dire à l’avance tant l’islamophobie est aussi cette injonction permanente faite aux issus de l’immigration musulmane, rester à leur place, répondre aux questions posées par d’autres, accepter l’interrogatoire sans fin comme seule modalité d’existence dans le débat public. A l’invitation des adorables révolutionnaires d’Antigone , Lignes de Crêtes a eu l’immense privilège de faire parler deux militants musulmans de la lutte contre l’antisémitisme, de la nécessaire construction d’un autre récit de la filiation majoritaire, afin que cesse le face à face construit entre minorités juives et musulmanes , des similitudes entre conspirationnisme antisémite et islamophobe, similitudes qui ne valent pas aplatissement des mémoires ou relativisme. Nous remercions l’ensemble des participants au débat pour leurs questions franches, qui nous ont permis d’aborder aussi les sujets qui fâchent , condition absolument nécessaire pour avancer ensemble. (Le sketch de Dieudonné, Le Conseil de Classe, qui introduit la conférence est visible ici) Lignes de Crêtes · Conference Grenoble LDC Antisemitisme Islamophobie 06 – 05 – 2022

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La mort probable des intellectuels arabes

in Révolution by

Le chef d’un État arabe et socialiste – probablement Saddam Hussein – se rend dans un village pauvre de son pays. Il en réunit les habitants et demande, du ton compatissant du père de la nation, qu’ils lui présentent leurs doléances. Nul n’ose prendre la parole sauf Hassan, qui crie le coût du pain et la sécheresse de la terre, la matraque du gendarme et la corruption des potentats féodaux. Ému, le chef d’État écrase une larme et remercie celui qui parmi ses enfants a eu le courage de la vérité. Un an plus tard, le chef d’État retourne au village. La scène est rejouée mais personne ne répond plus à la question paternelle. Tout juste entend-on l’un dire d’une voix faible et mal assurée : « tout va bien dans le meilleur des mondes, mais où est mon ami Hassan ?¹ ». *** Sherine Abu Akl est morte assassinée – probablement ciblée par un sniper de l’armée israélienne. Elle était l’une des plus fameuses journalistes palestiniennes et arabes : sa voix – et sa célèbre signature : Sherine Abu Akl, al-Jazeera, Ramallah – avait accompagné des générations de locuteurs arabophones. Jeune reporter durant la seconde intifada, elle n’avait eu de cesse lors des vingt années suivantes de documenter la colonisation de la Cisjordanie. *** On rappellera, à raison, que Sherine Abu Akl n’est guère la première journaliste arabe que l’on assassine – tant s’en faut. En Syrie, Bachar al-Assad revendique l’élimination physique des intellectuels (Bassel Shahada, Khaled al-Issa, Razan…

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“Je vais t’emmener derrière le soleil et même les mouches bleues ne vont pas savoir où tu es“

in Révolution by

Entre le 23 avril 2020 et décembre 2021 s’est tenu, pendant 105 jours à Coblence en Allemagne, le procès d’Anwar Raslan, haut colonel du renseignement d’Assad. Le 13 janvier 2022 Raslan fut condamné à la perpétuité, dans ce qui a été le premier procès au monde à traiter des crimes contre l’humanité du régime syrien. Ce régime est toujours au pouvoir, bien qu’il ait pris la vie de centaines de milliers de victimes civils, en a fait disparaitre des dizaines de milliers d’autres et déplacé plus de 12 millions de syriens. Au cours de ce procès le Centre européen pour les droits constitutionnels et les droits de l’homme (ECCHR), ainsi que trois autres avocats, ont soutenu 14 plaignants et plus de 80 autres témoins ont déposé, dont de nombreux rescapés de torture. Le Centre syrien pour les médias et la liberté d’expression (SCM) et des membres de la société civile ont également joué un rôle essentiel. Il fallait rassembler les preuves, identifier les auteurs des crimes et monter des dossiers tout en collaborant avec l’accusation. Lien Le “procès Al-Khatib”, du nom de la prison où travaillait Raslan, est également unique dans son genre, pour avoir fait usage de la compétence universelle, en place depuis 2002 en Allemagne, qui permet à un État de poursuivre en justice des auteurs de crimes indépendamment de là où ils ont été commis. Wolfgang Kaleck, avocat spécialisé sur les droits de l’homme et fondateur du ECCHR (et qui fut aussi un des avocats d’Edward Snowden)…

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Nos droits

in Traces by

Crédit Photo: Yanis Mhamdi (@yanmdi) Il a fait beau cette année, un premier mai comme on en rêve. On a marché tranquillement au son de la batucada pendant qu’au loin sur le boulevard fusaient les lacrymogènes. Les camarades étaient aux aguets, rapport à l’attaque de l’année dernière – un paquet d’autonomes avaient fondu sur le SO à la fin de la manif’, et il y avait eu pas mal de de blessés. Alors on a gardé l’oeil ouvert, même si certains toto venaient nous saluer de bonne foi. Nombreux chez nous ceux qui viennent du bloc ; et puis dans les luttes ça finit toujours par se connaître. On a vu passer un couple de bouffons avec une pancarte contre l’OTAN en Ukraine et un ancien mec important à gauche viré pour antisémitisme mais pourtant toujours là, pas si discrètement. On pouvait pas briser la ligne alors on a rongé notre frein. Des camarades devant se sont retrouvés coincés avec le bloc, persuadés qu’il y avait un camion CGT devant. Je crois aussi que l’un des copains aiment l’odeur du feu et du spectacle. En passant devant un Naturalia dévasté ils ont rigolé devant l’inscription « Supermarché bio coopératif » au marqueur noir sur le mur – et hésité à se servir, soyons francs. Puis ils ont eu un peu peur pendant une bousculade – cinquante corps plaqués contre un mur, à en couper le souffle. Baladés entre des lacrymos, des explosions de grenades, des charges sorties de nulle part,…

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Ni de droite, ni d’extrême-droite

in Chroniques de la violence brune by

Après l’échec du barrage de la gauche au premier tour de la présidentielle, nous avons été nombreux à appeler à faire barrage à nouveau – contre Marine Le Pen, évidemment. Un certain nombre d’électeurs de gauche ont refusé un tel barrage, lui préférant l’abstention ou, pour une partie d’entre eux, un vote pour Marine Le Pen. Le clivage entre ces deux pôles tient à une double méprise. D’une part, un électorat abstentionniste qui n’a pas réellement pris la mesure de la violence du programme du Rassemblement National, dont chacune des mesures annonce un déferlement de violence de classe, de race et de genre. D’autre part, une part de l’électorat qui appelle au vote pour Macron sans avoir réellement pris la mesure de la violence du quinquennat qui vient de s’écouler. Il existe bien évidemment des défenseurs du barrage qui savent pour qui ils vont voter, tout comme il existe des abstentionnistes qui savent ce qu’est le RN. On peut y ajouter des rouges-bruns, des confus, des fascistes purs et durs votant Le Pen ou des libéraux convaincus du bien-fondé des politiques de Macron. Il existe néanmoins une certaine catégorie d’électeurs se revendiquant de gauche qui fait une mine outrée ou agacée lorsque quelqu’un a le culot de comparer Macron à Marine Le Pen, et de scander “ni-ni” durant une occupation ou une manifestation. Une catégorie d’électeurs qui ne comprend donc sincèrement pas le refus du vote barrage au second tour, estimant qu’il ne s’agit au mieux  que d’un caprice d’enfant gâté.…

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L’execution de Melissa Lucio doit être suspendue et la peine de mort abolie

in Mémoires Vives by

Melissa Lucio est une mère de famille Americano-Mexicaine condamnée pour le meurtre de sa fille. Elle clame son innocence depuis 15 ans. Melissa doit être exécuté le 27 avril 2022. Un immense élan se mobilise pour demander aux autorités américaines de surseoir à l’exécution, elles en ont le pouvoir. Des ambassades, des stars, des politiques suivent le mouvement initié par les militants mobilisés contre l’exécution de Melissa par le Texas et contre la peine de mort dans sa totalité, partout. Notre camarade militante Marie Bardiaux Vaïente nous explique le sens de cette lutte LDC: Tout d’abord, peux-tu nous dire comment tu en es venue à ce combat de militer contre la peine de mort? En quoi est-ce important? Qu’est-ce que ça signifie, la peine de mort et militer pour son abolition? En premier lieu je tiens à remercier LDC de me proposer un entretien dans le cadre de la mobilisation pour sauver Melissa Lucio. C’est une question importante car je milite pour l’abolition universelle de la peine de mort, et ce en toutes circonstances. Depuis très longtemps. J’ai toujours été abolitionniste et c’est ma cause première. Elle passe avant toutes les autres car elle est la propédeutique et la structure de mes combats antifascistes. Je pense intimement que l’abolition universelle est le premier pas pour sortir du cercle de la violence. Elle est nécessaire et primordiale, même si elle n’est pas suffisante. Tant que des États exécuteront, tant que des pays mettront en œuvre toute une mécanique (par le biais…

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Cher.e électeur insoumis qui envisage de ne pas faire barrage à Le Pen

in Chroniques de la violence brune by

On a voté pour le même candidat au 1er tour au moins pour une raison commune : contre le néolibéralisme autoritaire, inégalitaire, patriarcal et climaticide de Macron. Pour rejeter l’amplification d’une politique antisociale, la promesse de plus de précarisation pour les classes populaires, la poursuite de la remise en cause des grands piliers de la redistribution des richesses et de la protection des travailleur.ses (sécurité sociale, retraite, droit du travail, syndicats, …) des droits fondamentaux (droit d’expression, de manifestation, liberté de culte, d’association, d’information, équilibre justice/police, …) et des services publics. Pour rejeter aussi des inégalités territoriales qui se traduisent non seulement dans les taux de chômages, mais aussi en nombre de morts COVID. Pour rejeter une politique patriarcale qui nomme à la tête du Ministère de l’Intérieur un militant anti PMA visé par une procédure judiciaire pour viol et harcèlement sexuel. Une politique qui nomme Garde des Sceaux un machiste ennemi déclaré du mouvement #MeToo ou de l’Association contre les Violences faites aux femmes. Pour rejeter une politique climaticide qui a piétiné les accords de Paris, qui a fait condamner l’Etat français pour préjudice écologique, poursuivi les centrales à charbon, rien fait pour limiter les émissions des gaz à effets de serre dues au transport, défendu un modèle agro-industriel productiviste et polluant. Contre tout ça, on a fait front ensemble au 1er tour. De mon côté, je considère que le macronisme n’est pas encore la dictature, pas encore le fascisme, il n’est pas encore question de supprimer physiquement et…

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Avant le premier tour, ne votez pas Le Pen

in Chroniques du déni by

Cher.e militant de gauche, Dans une semaine, Le Pen est non seulement donnée gagnante du 1er tour des élections présidentielles, mais elle n’est plus qu’à 1,5% de la Présidence face à Macron au 2nd tour. Zemmour a rempli sa fonction : achever la dédiabolisation de Le Pen (déjà portée par la brochette Macron-Darmanin-Blanquer depuis 5 ans) tout en lui constituant un réservoir de voix pour le 2nd tour et en organisant la passerelle avec les électeurs de la droite traditionnelle. La détestation légitime du Président sortant fait le reste : le « tout sauf Macron » profitera largement au RN. L’hypothèse de la victoire du RN aux présidentielles est donc tout sauf improbable. La France a été tellement sonnée par la violence de la politique de Macron (violence sociale, violence policière, violence raciste, violence pour l’ensemble des droits fondamentaux) que le risque Le Pen est devenu un non sujet. Même à gauche, les camarades sont par avance glacé.es de replonger pour 5 ans de macronisme, mais peu semblent avoir envisagé avec sérieux les conséquences d’une victoire de Le Pen. Mais voilà, les intentions de vote pour Mélenchon sont en hausse, le plaçant même à 3% de Le Pen dans 2 récents sondages (24 et 26 mars). 3%, c’est un écart qu’il est possible de réduire, alors pour moi c’est acté, je ferai barrage à Le Pen dès le 1er tour en votant Mélenchon. Et je vois de nombreux militants antifascistes autour de moi s’apprêter à voter LFI malgré nos profonds…

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La militarisation de la santé en Syrie : Entre anciennes et nouvelles conduites de guerre

in Révolution by

En ce jour du 11ème anniversaire de la révolution syrienne, il est important de rappeler que le massacre de civils en Syrie continue et n’a jamais cessé. Notamment en ce janvier 2022, Idlib s’est trouvé à nouveau sous les bombes de l’aviation russe et de celles du régime syrien, détruisant entre autres le centre de distribution d’eau potable et tuant des civils dont deux enfants. Les infrastructures les plus essentielles à la vie sont stratégiquement prises pour cible, comme celle de la santé publique syrienne. Le 21 mars dernier, l’hôpital al-Atareb à l’ouest d’Alep est attaqué par missiles à trois reprises, faisant 7 morts dont 5 du personnel médical et 15 blessés. Cet hôpital est devenu particulièrement important en 2016, ne se trouvant pas loin d’Alep. La plupart des établissements de santé étaient détruits et même des personnes de Hama (à plus de 60km) venaient s’y soigner. Depuis le début de la révolution syrienne en 2011, de nombreux établissements de santé ont été la cible d’attaques par Assad et ses alliés. Plus encore: Depuis le début du conflit, la plupart des pharmacies et hôpitaux ont été détruits, la neutralité médicale piétinée et des centaines de médecins arrêtés, torturés et exécutés simplement pour avoir exercé leur métier. Une population mutilée, qui ne peut pas accéder aux soins les plus basiques, ne peut pas se révolter et ne peut donc pas continuer à réclamer la liberté et la démocratie. S’en prendre aux structures qui assurent la vie humaine représente un massacre de…

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VIDEO – Saboter un meeting : mode d’emploi

in Ecole/Vidéos by

Hier soir, Jean-Michel Blanquer, David Corceiro et Cécile Rilhac étaient en visite à Domont pour dresser un bilan élogieux de la politique éducative conduite sous le quinquennat Macron. Blanquer et ses porte-flingues offerts sur un plateau à la vindicte valdoisienne, on ne pouvait pas refuser ça. J’avais préparé un petit texte* pour l’occasion et je m’étais mis un costard pour me déguiser en militant LREM.  On est arrivés sur les lieux avec quelques camarades syndicalistes sur les coups de 20h. Là, bonne surprise, j’apprends qu’il y a des gilets jaunes et des stylos rouges pour nous accompagner. On rentre dans la salle, et on constate à vue de nez qu’il y a très peu de sympathisants LREM. On les repère facilement. Le rapport de force est avec nous. Un collègue s’assoit à côté de moi et commence à me dire: “Oh purée ça va être génial”. Le meeting commence par un discours de Rilhac qui vante sa loi instituant un statut de directeurs d’école avec des mots creux. Dès le début, sa voix est couverte par le bruit de la foule. Au moment des applaudissements, on constate que seul un tiers de la salle est acquise au discours LREM – les premiers rangs en fait, tout le reste de la salle est ouvertement hostile à la politique de Macron et Blanquer. Des voix commencent à s’élever, des huées bientôt, et cinq minutes après le début, deux ou trois personnes apostrophent la députée se font sortir par la sécurité. La suite…

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Le mouvement des femmes afghanes est la langue pour dire ces crimes

in Révolution by

La vie en Afghanistan est complètement différente de ce qui est montré dans les médias grand public, nationaux et étrangers. L’ombre portée par les talibans, soutenus par les services secrets Pakistanais (l’ISI), est assez évidente. Les arrestations rapportées dans les médias ne sont qu’une petite partie des activités perverses des renseignements talibans, et des sources populaires et locales rapportent de nombreuses autres arrestations dans différentes provinces. La semaine dernière : 1. Jawad Jafari, ancien officier de la Direction Nationale de la Sécurité (NDS), a été arrêté à l’ouest de Kaboul par les forces talibanes. 2. Kambakhs Neekoie, un professeur d’université, a vu sa maison saccagée. 3. Fawad Pirzad, un neurochirurgien, a été enlevé dans sa clinique. 4. Des dizaines de militantes et activistes ont été arrêtées, et ont fait l’objet d’une censure meurtrière. Personne n’est en sécurité. Aucun ancien officier de l’armée, agent de la sécurité nationale, artiste, écrivain et journaliste… et surtout aucune femme. Le monde nous trompe et la seule lueur d’espoir, ce sont celles qui ont tenu tête aux talibans dans la rue. À mon avis, les protestations des femmes en Afghanistan n’ont d’autre choix que d’être soutenues par des forces internationales et des mouvements pour l’égalité. Plus nous pouvons maintenir ces protestations vivantes et les soutenir en Afghanistan, plus nous pouvons parler de l’horreur inégalitaire que les Talibans ont créée. Le mouvement des femmes afghanes est la langue pour dire ces crimes. Nous devons porter le mouvement des femmes afghanes et le soutenir continuellement. C’est en…

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Cinquièmes colonnes

in Chroniques de la violence brune by

Comment les musulmans et les juifs détruisent la France, et comment la bourgeoisie d’affaire nous en préserve C’était la saga de l’été 2020, passée relativement inaperçue à cause du COVID. Une excellente enquête de Mediapart revenait, un an plus tard, sur le déroulé de l’affaire. Tout commence par un signalement dans les rues de Créteil, vendredi 24 juillet 2020. Un plombier repère un véhicule suspect dans lequel deux hommes en noir, gantés, attendent on ne sait quoi dans ce quartier pavillonnaire tranquille. Craignant un attentat, il prévient la police, qui dépêche rapidement un véhicule sur place. La plaque d’immatriculation de la Clio, grossièrement recouverte de ruban adhésif, semble aux policiers un motif plus que suffisant pour procéder à un contrôle. Dans les poches des deux hommes aucun papier d’identité mais des couteaux à cran d’arrêt siglés « armée française ». Sur le tableau de bord, un tracker GPS ; et dans la boîte à gant, un pistolet semi-automatique Browning. Le parquet décide rapidement que l’affaire mérite une attention toute spéciale, et les enquêteurs de la brigade criminelle retirent les suspects des mains de la police judicaire du Val-de-Marne à laquelle ils ont été d’abord confiés. Dans la nuit du 24 au 25, l’un des deux hommes commence à parler. C’est le début de ce que la police a nommé l’affaire « Légendes » en référence à la série d’espionnage mettant en scène des agents de la DGSE. Depuis, 15 personnes ont été mises en examen pour, entre autres choses, «…

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Rioufol, l’antisémitisme, l’islamophobie ou l’histoire d’un manque d’hygiénisme antiraciste.

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Pour bien mesurer le niveau de la victoire d’Ivan Rioufol, on peut faire un peu de politique-fiction et penser à la crise de jalousie qu’a du faire Alain Soral ces derniers jours. Pendant que lui est dans la difficulté, ostracisé même dans les sphères fascistes parce que dévoré par la génération suivante de néo-nazis, condamné à de multiples reprises, c’est donc un plumitif du Figaro, un conservateur ‘extrême-droite qui n’a jamais quitté les sphères de la respectabilité bourgeoise, qui sur C News, en pleine lumière, énonce, conscient de son propos et avec gourmandise, la transgression négationniste qui, très logiquement suit toutes celles de Zemmour sur Vichy. On sort du territoire français, du débat éternel sur Pétain, pour aller vers le chapitre final, celui où non plus seulement la collaboration de Vichy à l’extermination, mais le processus du génocide commis par les nazis lui même peut être nié. Cette fois, c’est à un de ses symboles internationaux que l’on s’attaque, sur C News, soit une chaîne d’infos comme une autre. Comme une autre car il reste bien peu de gens dans ce pays pour la qualifier de média d’extrême-droite, son propriétaire étant aussi celui d’innombrables organes de presse. Désormais en France, en 2022, c’est la réalité du ghetto de Varsovie, celle de l’antichambre des camps d’extermination que l’on nie . La situation est si dramatique pour la lutte contre l’antisémitisme, pour la bataille de la mémoire que la réponse des historiens et des militants antifascistes est en elle-même une défaite. Désormais…

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