Au bonheur des négationnistes (retour sur les pratiques du champ littéraire)
Ce texte constitue la première partie de l’intervention de Frédérik Detue, lors de nos journées sur le négationnisme de gauche. Au bonheur des négationnistes (retour sur les pratiques du champ littéraire) À Charlotte Lacoste Première partie Contre les historien·nes, le parti pris littéraire des négationnistes Dans sa première édition en 1950, Le Mensonge d’Ulysse de Paul Rassinier se présente dans son sous-titre comme un « Regard sur la littérature concentrationnaire » et donc comme de la critique littéraire1. En préface, l’auteur, qui se fonde sur son autorité de rescapé, reçoit en outre la caution d’Albert Paraz, qui est un écrivain ami et ardent défenseur de Louis-Ferdinand Céline, édité grâce à celui-ci aux éditions Denoël avant et pendant la guerre. Maurice Bardèche, qui, dans ses pamphlets de 1948 et 19502, interprète littéralement la langue administrative nazie quand elle camoufle l’extermination des Juives et des Juifs, est aussi censé être un lecteur expert. Durant les années de guerre, il a fait carrière à l’université en conquérant « un statut, celui de premier spécialiste de l’œuvre de Balzac », puis il publie, de 1946 à 1951, « sa » Comédie humaine3. Quant à Robert Faurisson, la thèse de littérature qu’il a soutenue sur Lautréamont en 1972 lui vaut d’être publié la même année dans la collection « Les Essais » chez Gallimard aux côtés de Beauvoir, de Sartre et de Camus4. Dès l’année suivante, l’auteur, un célinien passionné qui a cherché à « faire signer à divers collègues [universitaires parisiens] une pétition pour que soit autorisée la réédition des écrits antisémites…