Pour un islamo-rocardisme
L’époque avait envie de mettre des claques à la gauche. Même la gauche avait toujours envie de se mettre des claques à elle-même. Enfin à l’autre gauche. Vieille tradition de notre famille politique, on devenait de gauche d’abord contre une autre gauche, et on continuait . La social-démocratie contre l’extrême-gauche. La gauche raisonnable contre les foutus gauchistes. Naturellement, il y avait du fond derrière tout cela. Mais aussi des postures et des habitudes, dans le réel, finalement, les vies de gauche étaient faites de luttes et de projets contrariés entre gens de gauche, tout bêtement. Dans les périodes fastes, on se mettait des claques qui faisaient avancer. Dans les périodes terribles , à force de mettre des claques à l’Autre gauche, on se retrouvait par terre, de toute façon, effet boomerang de notre haine de nous-même, qui était aussi un manque de confiance en soi, devant la puissance apparemment éternelle de la droite et des fascistes. Aussi bien, le social-démocrate de base, par exemple, méritait-il des claques ? Question cruciale quand on avait toujours voté à gauche et espéré à chaque fois non pas le Grand Soir, mais des avancées des matins d’après les élections. Question cruciale, quand des camarades d’extrême-gauche nous accusaient de tous les maux de la terre , et qu’on avait l’impression en les lisant, de faire partie d’un bloc immuable et inséparable, on était le frère siamois de Manuels Valls et point barre. Sur les réseaux sociaux, il était impossible d’expliquer sereinement qu’enfin, merde, aimer Léon…