"Je n'ai pas vécu la liberté, mais je l'ai écrite sur les murs" (la révolution syrienne)

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islamophobie - page 4

Pour un islamo-rocardisme

in islamophobie/Laïcité/Mémoires Vives by

L’époque avait envie de mettre des claques à la gauche. Même la gauche avait toujours envie de se mettre des claques à elle-même. Enfin à l’autre gauche. Vieille tradition de notre famille politique, on devenait de gauche d’abord contre une autre gauche, et on continuait . La social-démocratie contre l’extrême-gauche. La gauche raisonnable contre les foutus gauchistes. Naturellement, il y avait du fond derrière tout cela. Mais aussi des postures et des habitudes, dans le réel, finalement, les vies de gauche étaient faites de luttes et de projets contrariés entre gens de gauche, tout bêtement. Dans les périodes fastes, on se mettait des claques qui faisaient avancer. Dans les périodes terribles , à force de mettre des claques à l’Autre gauche, on se retrouvait par terre, de toute façon, effet boomerang de notre haine de nous-même, qui était aussi un manque de confiance en soi, devant la puissance apparemment éternelle de la droite et des fascistes. Aussi bien, le social-démocrate de base, par exemple, méritait-il des claques ? Question cruciale quand on avait toujours voté à gauche et espéré à chaque fois non pas le Grand Soir, mais des avancées des matins d’après les élections. Question cruciale, quand des camarades d’extrême-gauche nous accusaient de tous les maux de la terre , et qu’on avait l’impression en les lisant, de faire partie d’un bloc immuable et inséparable, on était le frère siamois de Manuels Valls et point barre. Sur les réseaux sociaux, il était impossible d’expliquer sereinement qu’enfin, merde, aimer Léon…

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Audio Antisémitisme et islamophobie : sommes nous condamnés à être des frères ennemis

in Antisémitisme/Chroniques de la violence brune/islamophobie/Podcast by & &

Le 6 novembre, à la Mutinerie, trois intervenants, Rafik Chekkat, militant contre les violences policières et l’islamophobie, Hamza Esmili, anthropologue et activiste antiraciste, et Nadia Meziane, membre de Lignes de Crêtes introduisent  une conférence contre l’antisémitisme par un des sketchs les plus populaires de Dieudonné. ” Conseil de classe” met en scène une réunion dans un collège, destinée à statuer sur le cas d’une jeune fille qui a décidé de porter le voile en classe. Dieudonné y interprète tous les personnages d’une tragi-comédie cumulant tous les clichés racistes et antisémites possibles, le prof désabusé laïque, les parents arabes, noirs, juifs, asiatiques et blancs qui s’affrontent impitoyablement. Vingt minutes qui ont beaucoup fait rire autrefois, mais qui ne feront rire presque personne cette fois, tant la fiction fasciste apparaît prophétique dans la France de 2021, tant le sketch de Dieudonné est devenu la réalité de Zemmour et de Darmanin, celle qu’ils tentent d’imposer à un pays tout entier. Trois heures pour tenter un autre récit sur nos vies soit-disant séparées, trois heures à parler en vrac des manifestations antisémites autour du refus du vaccin, des fermetures de mosquées imposées par la loi Séparatisme, et pour refaire ensemble l’histoire de ces années terribles où la concurrence prétendue des mémoires a fait perdre la mémoire des luttes antiracistes possibles, ensemble, sans angélisme, sans cacher nos peurs, nos rancœurs, nos divisions et nos affrontements communautaires, sans faire table rase du passé, sans dire que tous les racismes sont pareils, sans faire de comparaisons jalouses…

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Communiqué: Riposte Laïque en procès, la banalité du mal, ça suffit!

in Antisémitisme/islamophobie/suprémacisme blanc by

Ce mercredi 15 septembre à 16h devant la 17eme chambre civile du Tribunal judiciaire de Paris, le directeur du site d’extrême-droite Riposte Laïque devra répondre en justice de quelques-unes des abjections proférées contre Pierre Serne depuis des mois. Quelques-unes, les recenser toutes prendrait des pages, à la fois méprisables, répugnantes et profondément ennuyeuses. Il y a en effet au moins vingt articles publiés ces trois dernières années par divers auteurs et sites, dont le sujet principal est d’appeler à la vindicte et parfois à la violence physique voire au meurtre contre Pierre Serne. La raison initiale est tristement simple. Pierre Serne, élu de la République, a porté jusqu’au bout une procédure juridique pour obtenir que Valérie Pécresse, présidente du Conseil Régional Ile de France, rétablisse le droit à une aide aux transports pour les personnes dépourvues de titres de séjour. Aide pourtant légalement obligatoire qu’elle avait supprimée dès son accession à la présidence de la région. Élu d’opposition écologiste et de gauche, il a simplement fait ce pour quoi il avait été élu, et il a gagné. Rendant ainsi leur droit à 115 000 hommes, femmes et enfants. Il est également activiste des droits humains, engagé contre toutes les discriminations, et notamment contre l’islamophobie. Et il est homosexuel et juif. En France, en 2021, l’ensemble est, hélas sans surprise, la source de beaucoup d’ennuis. En toute impunité, l’extrême-droite est accoutumée à cibler ceux qui osent lui résister et sont issus des minorités. Pierre Serne a subi ces dernières années les pires insultes homophobes, antisémites, islamophobes et…

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Une conversation contemporaine: révolution, immigration, antisémitisme, islamophobie (2)

in Entretiens/islamophobie by &

Le premier volet de la conversation entre Hamza Esmili et Nadia Meziane, consacré à la révolution syrienne, se trouve ici. L’immigration, la gauche. Tu situes ton engagement à l’intersection d’une condition sociohistorique, l’immigration et le collectif qu’elle fonde, et d’un espace, celui de l’extrême-gauche française. Comment la rencontre de l’un et de l’autre s’éprouve pour toi ? Nadia Meziane : J’ai grandi dans une gauche en perdition, qu’on appelait banlieue rouge, au début des années 80.La gauche radicale, pour moi, c’est d’abord l’identité de la défaite injuste. Ma banlieue était calme. En tout cas au sens capitaliste du terme. Dévastée par le chômage, l’alcoolisme, l’héroïne, la laideur architecturale, l’ennui, celui des jeunes et celui des adultes. Mais il n’y avait pas d’émeutes et d’ailleurs même pas de commissariat. Il y avait aussi un grand port industriel en bord de Marne et la mairie communiste bénéficiait de l’impôt sur les sociétés, Du grand rêve révolutionnaire, il restait aux barons locaux du PCF, quelques éléments de social: donc on avait un petit cinéma, deux bibliothèques, des vrais terrains de sport, des colonies de vacances pas chères. Dans les villes de droite ou socialistes à côté, il n’y avait rien. Mais c’était le PCF. Des amoureux de l’ordre  qui identifiaient les jeunes issus de l’immigration coloniale au «lumpenproletariat » . Donc, mon premier conflit idéologique avec la gauche radicale, c’est vers mes dix ans, quand les gros bras de la mairie dégagent les « toxicos » comme ils disent, d’abord à coups de…

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Rabia, militante de la solidarité au quotidien, l’islamophobie et le courage du pardon

in Entretiens/Instants/islamophobie by

Rabia est précaire, bénévole à J’Aide la Chance, une association humanitaire qui organise notamment des distributions de nourriture trois fois par semaine dans une ville populaire de banlieue. Elle est aussi de confession musulmane et porte un voile. A la fin du mois d’avril 2021, elle a été victime d’une agression islamophobe dans un bus. Agression verbale et physique puisqu’elle a subi une tentative d’étranglement. Comme beaucoup d’autres, elle a simplement porté plainte, pris un avocat gratuit sans faire appel à l’aide d’associations de lutte contre l’islamophobie ou le racisme, parce qu’elle souhaitait surtout oublier. Son agresseur a été rapidement retrouvé, mais très rapidement aussi, il a réussi à se procurer l’adresse et le numéro de téléphone de Rabia, et est venu à son domicile avec son épouse et ses enfants en bas âge pour s’”excuser”. Il a finalement été condamné à un simple sursis et à verser des dommages et intérêts à Rabia. En écoutant le témoignage de Rabia, vous découvrirez pourquoi cet homme lui dit aujourd’hui qu’il a eu de la chance de tomber sur elle. Nous remercions Rabia de sa confiance et de son courage et d’avoir eu l’extrême gentillesse de bien vouloir revenir sur son agression avec nous, dans cet entretien audio. Nous savons à quel point se remémorer un tel évènement et revenir dessus est difficile, à quel point loin des odieux clichés racistes qui présentent les femmes victimes de violences islamophobes comme des personnes qui profitent de ce qui leur arrive, être une victime…

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L’islamophobie, pathologie aigüe de l’insécurité culturelle.

in Chroniques de la violence brune/islamophobie/Religions/Révolution by

Supposons que le signifiant d’« islamophobie » ait quelques pertinences. Si « islamophobie » il y a, alors définissons ce terme selon son étymologie, c’est-à-dire comme une peur, une haine ou un dégout de la religion musulmane. D’une peur, d’une haine ou d’un dégout absolument légitime et non-condamnable pour peu que ce rejet respecte le cadre légal de la jurisprudence consacrée. En ce sens, force est de constater que depuis plus de vingt-ans, règne un climat d’idées et d’affects que l’on peut aisément qualifier d’« islamophobe » et ce, particulièrement dans le champ politique, médiatique et intellectuel[1], alimenté par différents acteurs – pas nécessairement majoritaires mais ayant assurément force de proposition et en ce sens, jouissant d’un relatif pouvoir d’influence –, formant ainsi ce que Pierre Bourdieu appellerait une « humeur idéologique »[2]. Pour notre part, nous pensons que l’« islamophobie » relève d’une phobie avant tout idéologique et culturelle, qu’elle procède d’un contexte historico-politique particulier fait d’insécurités et d’angoisses existentielles profondes, favorisant ainsi la sécrétion de toutes sortes de fantasmes et de psychoses dont les extrêmes et les contraires s’en nourrissent jusqu’à satiété – et ce, particulièrement chez une certaine élite intellectuelle et politique.   Une phobie idéologique Contrairement à une relative interprétation dominante, il nous apparait que l’« islamophobie » n’est ni un « racisme », ni une « religiophobie » ; elle est dans le pire et le plus vulgaire des cas, une xénophobie – au sens d’une altérisation/démonisation de l’Autre –, mais ne saurait s’y réduire et en constituer l’essence. L’« islamophobie » est  avant tout une phobie idéologique qui interprète tendanciellement toute pratique d’extériorité sociale…

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Une réponse à Aïssam Ait-Yahya: mon Frère, appelle-moi Marianne

in Ecole/islamophobie/Laïcité/Non classé by

Donc un jour un « salafiste » a toqué à ma porte, et ce fut toi. Je ne sais si ce mot te convient, je mets les guillemets, et tu ne me peux plus me soupçonner de vision policière. Car je t’ai ouvert, tu t’es assis sur mon canapé d’assimilée soumise, laïque et néo-sioniste, et puis tu as parlé. Trente pages, 45 minutes de lecture, une conférence d’une heure à peu près, sans être interrompu. Ce n’est pas l’envie qui m’en manquait, ni celle de te foutre à la porte et de la claquer derrière . Mais à quoi bon, Aïssam ? Je ne suis pas charcutière de Tourcoing, je suis une petite précaire démocrate insignifiante, sauf si elle refuse de se cacher derrière Gérald. A quoi bon te faire ce qui t’a déjà été fait, fiché S, perquisitionné, mis au ban de tes propres communautés. Salaf, donc, les seuls réac de France qu’on ne voit pas sur les plateaux télé. Non j’ai préféré saisir ma chance. Enfin l’un d’entre vous venait me parler. Oui, me parler, certes tu réponds à un homme, mais chez moi. Et toutes ces années, j’avais tellement de choses à te dire, mon Frère ennemi, mais contrairement à d’autres, je savais que cela ne servait à rien de parler dans le vide. Je vis dans une cité avec des hommes comme toi, et je sais comment vous êtes. Les racontars islamophobes me font bien rire, non vous ne frappez pas les apostates, les métèques, les buveuses d’alcool aux…

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La fin de la mythologie républicaine – Entretien avec Aïssam Aït-Yahya en réponse à Zinedine Gaid

in Entretiens/islamophobie/Religions by

« La République est une philosophie avant d’être un régime ; elle est une Église, une Église laïque dont le dogme est la libre pensée et dont le prêtre est l’instituteur. » Alain   Ma présente participation à Lignes de Crêtes prend donc la forme d’une interview d’Aïssam Aït-Yahya, auteur et essayiste, dont le travail se concentre sur la pensée politique musulmane contemporaine, suite à l’entretien de Nadia Meziane avec le professeur de philosophie du collège-lycée MHS Zinedine Gaid du 10 mars dernier. M. Gaid y établit une équivalence idéologique cavalière et douteuse entre Aïssam Aït-Yahya et Eric Zemmour d’une part, et conteste, pour ne pas dire récuse, d’autre part, bon nombre d’idées que le cofondateur des éditions Nawa a pu développer au fil de ses publications, ou même que des théoriciens et militants antiracistes décoloniaux, par exemple, utilisent et qui portent leurs fruits : encore dernièrement, un soi-disant « islamo-gauchisme » est au cœur de débats publics enflammés. Pourquoi ? Parce que bon nombres d’idées et d’arguments, qu’ils soient sociologiques, politiques, philosophiques, issus ou non de milieux militants, se répandent non seulement dans le champ des études universitaires, mais également dans toute la société, que des concepts parviennent à faire trembler les détenteurs du pouvoir actuel, notamment intellectuel ; autrement dit, parce qu’un certain courant de pensée, une pensée légitime, gagne du terrain et réussit à ébranler la République dans ses fondements. Aussi, face aux accusations et discrédits permanents, des mises au point, terminologiques et épistémologiques, s’avèrent-elles nécessaires. Merci…

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La controverse de la Paillade

in Antisémitisme/islamophobie/Laïcité/Religions by

§ 1. « Le Français de confession musulmane peut-il, oui ou non, faire de sa foi, la forme-de-vie principale de son existence en terre hexagonale, dès lors où il respecte les lois du pays ? » On croirait réentendre ici les vieilles questions du XVIIIème et XIXème siècle, en France et en Allemagne particulièrement, au sujet des Juifs et de leur rapport aux sociétés modernes. C’est pourtant la seule question à laquelle, au fond, doivent répondre tous ceux qui, aujourd’hui-même, crachent de plus en plus ouvertement leur haine et leur dégoût vis-à-vis de leurs concitoyens musulmans. Et si ce n’est pas une question explicitement formulée, la « question » est déjà à l’œuvre de façon tout à fait effective sous forme de « problème », puisque les Musulmans sont systématiquement problématisés dans le débat public et les différentes mesures gouvernementales. Alors, qu’ils y répondent franchement, une bonne fois pour toute, sans ambages ni faux semblants ; qu’ils déversent donc tout ce que le ressentiment sait faire de meilleur en matière de vindicte populaire. § 2. Mais reformulons la question : « Peut-on, en France, si l’on a considéré en son âme et conscience que l’idéal de la ‘‘vie bonne’’ serait incarné, à tort ou à raison, par la ‘‘religion musulmane’’ ; peut-on, disions-nous, épouser cet idéal de la ‘‘vie bonne’’, dès lors où celui-ci ne contreviendrait pas aux normes établies ? » Et si nous posons la question, c’est que les « commentaires » que nous avons eu le malheur de pouvoir lire ci et là, récemment, au sujet de cette…

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Épidémie, école, mensonge et vérité : sur le cas Blanquer et à propos de notre santé mentale à tous-tes

in Ecole/islamophobie/Mémoires Vives by

Après des mois de mensonges ministériels en toute impunité, il semblerait que Jean-Michel Blanquer ne jouisse plus de son immunité médiatique. Enfin ! Et puisque le hasard fait bien les choses, cette semaine lors de laquelle les vrais chiffres de contamination dans les établissements ont été publiés par le Ministère de la Santé, élan suivi par tous les médias, correspond exactement au moment où le Ministère de l’Éducation nationale a jugé opportun de publier un visuel affirmant ceci : « Aller à l’école, c’est être en bonne santé ». Ces derniers jours, c’était aussi la Semaine de la Presse et des Médias dans l’école, une occasion en or de travailler sur la notion de « vérité alternative ». Un-e enseignant-e taquin-e aurait tout à fait pu se servir de cette plaquette ministérielle pour disserter avec ses élèves sur la notion de vérité. Tout un débat philosophique aurait même pu s’en suivre. En effet, cette simple affirmation – Aller à l’école, c’est être en bonne santé -, qui a agacé plus d’un pédagogue cette semaine, en dit très long sur le rapport à la vérité qu’entretient notre gouvernement, et derrière lui la plupart des politiques.

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