"Je n'ai pas vécu la liberté, mais je l'ai écrite sur les murs" (la révolution syrienne)

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Universalisme

Une conversation contemporaine: révolution, immigration, antisémitisme, islamophobie (2)

in Entretiens/islamophobie by &

Le premier volet de la conversation entre Hamza Esmili et Nadia Meziane, consacré à la révolution syrienne, se trouve ici. L’immigration, la gauche. Tu situes ton engagement à l’intersection d’une condition sociohistorique, l’immigration et le collectif qu’elle fonde, et d’un espace, celui de l’extrême-gauche française. Comment la rencontre de l’un et de l’autre s’éprouve pour toi ? Nadia Meziane : J’ai grandi dans une gauche en perdition, qu’on appelait banlieue rouge, au début des années 80.La gauche radicale, pour moi, c’est d’abord l’identité de la défaite injuste. Ma banlieue était calme. En tout cas au sens capitaliste du terme. Dévastée par le chômage, l’alcoolisme, l’héroïne, la laideur architecturale, l’ennui, celui des jeunes et celui des adultes. Mais il n’y avait pas d’émeutes et d’ailleurs même pas de commissariat. Il y avait aussi un grand port industriel en bord de Marne et la mairie communiste bénéficiait de l’impôt sur les sociétés, Du grand rêve révolutionnaire, il restait aux barons locaux du PCF, quelques éléments de social: donc on avait un petit cinéma, deux bibliothèques, des vrais terrains de sport, des colonies de vacances pas chères. Dans les villes de droite ou socialistes à côté, il n’y avait rien. Mais c’était le PCF. Des amoureux de l’ordre  qui identifiaient les jeunes issus de l’immigration coloniale au «lumpenproletariat » . Donc, mon premier conflit idéologique avec la gauche radicale, c’est vers mes dix ans, quand les gros bras de la mairie dégagent les « toxicos » comme ils disent, d’abord à coups de…

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L’universalisme est universel

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L’universalisme n’appartient pas à la France, il est universel. Ceux qui cherchent absolument à défendre le « modèle universaliste Français » alimentent la dangereuse pente d’un universalisme exclusivement national. C’est cette pente qu’ont décidé d’alimenter certaines figures de la lutte contre l’antiracisme, en défense de « l’universalisme » qu’ils cherchent à opposer au mouvement antiraciste actuel. Manuel Valls dans Valeurs Actuelles, Naem Bestandji dans Marianne, Elisabeth Badinter dans l’Express ou Philippe Bernard dans le Monde expriment tous une offensive générale, une critique de l’antiracisme actuel importé des Etats-Unis au détriment de l’universalisme comme tradition nationale. Le problème de l’universalisme défendu contre l’antiracisme, est que ses défenseurs fondent, par leurs diverses prises de position, par l’endroit où ils les expriment et par ce qu’ils choisissent de cibler, un universalisme raciste. Et le problème de cet universalisme raciste, est qu’il n’est pas autre chose qu’une défense du suprémacisme blanc. L’universalisme n’a pas besoin d’être défendu contre le modèle « racialiste » ni contre aucun autre modèle. Il est un idéal, donc il reste le même de toute manière. Peu importe à l’universalisme que des racialistes demandent et obtiennent des droits, puisque l’universalisme réclame que tout le monde ait les mêmes droits. L’égalité ne combat pas les revendications des droits : l’universalisme dépasse et ne s’oppose pas. L’universalisme n’est pas conditionnel. On ne peut pas demander aux minorités d’être universaliste, c’est absurde puisque l’universalisme est un droit. De la même manière l’universalisme ne peut pas être menacé par ceux qui réclament des droits, il ne peut l’être que par ceux…

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Universalité, équité, justice : le sens des mots

in Instants by

L’une des caractéristiques du pouvoir actuel est d’utiliser à tout propos les mots du libéralisme politique pour en travestir le sens, tout en détruisant les fondements de la démocratie libérale, notamment les droits civils, pour réprimer toute contestation de sa politique économique néolibérale. Nous reproduisons ici, avec son autorisation, le texte d’Alain Policar, initialement paru le 25 décembre dans Libération, texte qui remet à sa juste place le concept d’universalité qu’osent utiliser les imposteurs du macronisme. On parlera désormais, pour évoquer l’usage des mots par l’actuel pouvoir, de la «langue de la macronie». Langue dévoyée qui mobilise de grands principes pour en détourner le sens. L’universalité est ainsi confondue avec l’uniformité. Il faudrait, au nom de la justice sociale, appliquer un système unique, dit universel, à des situations diverses. L’idée sous-jacente est d’imposer, par l’usage d’un terme consensuel, la conviction de la nécessité de la réforme : ce qui est universel serait nécessaire. Nommer les choses (en l’espèce, mal nommer), c’est performativement chercher à imposer une réalité. De quelle nécessité est-il ici question ? Celle de la compétitivité de l’économie française en contexte néolibéral. Dans cette perspective, il faut en finir avec l’Etat-providence et, pour y parvenir, intervenir massivement : ne plus se contenter de laisser faire mais dessiner un autre avenir dans lequel, comme l’écrit suggestivement Barbara Stiegler sur AOC, la retraite serait devenue un archaïsme, et où l’objectif serait de travailler jusqu’à la mort. Or, alors que l’on nous vante la valeur de l’égalité, on refuse de considérer…

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