Un tueur d’extrême-droite a donc finalement frappé en plein Paris et assassiné trois personnes de sang-froid. Emine Kara, Mir Perwer, Abdulrahman Kirzi ont été tués dans un centre culturel kurde du 10ème arrondissement .
Ce qui doit arriver finit toujours par arriver. Surtout quand un pays est dirigé par un gouvernement qui non content d’être dans le déni du danger raciste et fasciste, passe son temps à flatter l’extrême-droite et à lui donner confiance en reprenant ses principes politiques.
L’homme qui a assassiné froidement des inconnus parce qu’ils étaient à ses yeux des “étrangers” , des “immigrés”, l’incarnation déshumanisée du Grand Remplacement a pu agir parce qu’il n’a pas été empêché. Parce que le déni devant la terreur armée de l’extrême-droite est porté par le plus haut niveau de l’état et par une grande partie de la société.
En effet, cet individu avait déjà commis ce que pour d’autres victimes, on appellerait un attentat . Une attaque au sabre dans un camp de migrants, contre des personnes qui siurvivaient dans des tentes. Des exilés donc, c’est à dire tout sauf des victimes dans l’imaginaire politique dominant de ce pays, où tout Ministre de l’Intérieur qui se respecte vote au moins un loi tous les deux ans pour durcir encore le statut des immigrés dans le pays. A l’époque de cette attaque, un rassemblement de solidarité improvisé avait été interdit et nassé par la police et les manifestants avaient pour certains écopé d’amendes. Evidemment aucun débat politique d’ampleur n’avait eu lieu sur cet acte atroce. Et ce bien que les attaques à l’arme blanche soient associées immédiatement à une barbarie absolue insupportable en France et considérées comme totalement étrangères à notre culture…sauf si elles sont commises par des français racistes.
Le traitement policier et judiciaire de cette affaire a donc été à l’avenant. Il ne s’agit pas ici de défendre l’application de la législation anti-terroriste. Elle ne respecte les droits humains notamment le droit à la défense pour personne. Mais de constater qu’un activiste politique d’extrême-droite armé a été libéré et a tué juste après. Le risque a été pris, voilà tout. Il ne l’aurait jamais été s’il avait été musulman.
Nous en sommes là parce que le déni français, quasi unique en Europe, à part dans les pays déjà dirigés par des partis officiellement d’extrême-droite, a pris une tournure de plus en plus inquiétante qui ne pouvait que conduite à ce drame.
D’ailleurs une semaine avant l’attentat de Paris, le 15 décembre, un communiqué d’Europol organisation peu susceptible d’être dirigée par des gauchistes antifa pointait l’extrême actualité de la menace suprémaciste blanche armée. Ce communiqué comme les précédents rapports d’Europol sur le sujet n’a fait l’objet que de très rares articles en France. Il en est allé de même concernant le démantèlement, en Allemagne d’un réseau de cette mouvance qui préparait des attaques contre le Parlement.
Le déni français dans son paroxysme et sa forme actuelle date de 2019, après l’attentat de Christchurch. Partout ailleurs même dans le monde occidental, l’attaque contre la mosquée, attaque meurtrière atroce déclenche une vague de solidarité politique et même populaire. Surtout toute la presse internationale pointe un fait important. L’assassin, Brenton Tarrant explique dans son manifeste avoir effectué un voyage initiatique en France, pendant lequel il a notamment suivi les campagnes politiques et l’ascension de Marine Le Pen. Il cite également ses maîtres à penser et à agir. Le Bloc Identitaire et Renaud Camus. Des français. Dont les théories suprémacistes blanches sont banalisées dans le débat public. Renaud Camus a été invité de nombreuses fois dans les médias français et même sur France Inter. Le Bloc Identitaire a produit toute une génération de cadres du Rassemblement National et le site internet Fdesouche dépasse de loin l’audience de nombreux organes de presse.
Dès ce moment, le retournement victimaire concernant la violence meurtrière d’extrême-droite s’opère extrêmement vite dans la sphère politico-médiatique. A peine quelques jours après la tuerie, la polémique porte non pas sur les racines idéologiques françaises de Brenton Tarrant mais se dirige contre la première ministre néo-zélandaise qui a mis le hijab à la cérémonie en hommage aux victimes de l’attentat Un suprémaciste blanc vient d’assassiner des dizaines de personnes de sang froid, mais le problème, c’est le hijab, les musulmans et celles et ceux qui se solidarisent de la communauté.
Les mois qui vont suivre la tuerie de Christchurch du 15 mars 2019 seront marqués en France par une ascension exponentielle de la haine islamophobe et anti-réfugiés, sans cesse attisée par un contexte médiatique et politique où tous sont coupables, même celles et ceux qui se font agresser .
Ainsi le 11 octobre 2019, moins de six mois après la tuerie de Christchurch, Julien Odoul, chef de file du RN au conseil régional, devenu député depuis, s’en prend à une femme venue accompagner les enfants en sorties scolaire et lui intime de retirer son hijab devant son jeune fils et toute l’assemblée. La scène d’une violence insoutenable déclenche au départ les condamnations politiques. Mais au bout de quelques jours, c’est le président de la République lui même qui prend indirectement la défense de l’agresseur en accusant la maman agressée d’avoir manipulé l’élu d’extrême-droite, dans le journal de droite extrême Valeurs Actuelles.
Quelques jours plus tard, le 28 octobre 2019 arrive ce qui devait arriver, selon toutes probabilités. Comment ne pas imaginer, que dans un contexte de haine permanent, de stigmatisation des étrangers, des musulmans, des réfugiés, contexte encouragé par les discours du pouvoir en place, des individus ne se sentent pas portés psychologiquement pour passer à l’acte ?
Un homme de 69 ans, ex-candidat RN local, abonné à la haine en ligne puisqu’il commentait notamment sur le site Riposte Laïque attaque la mosquée de Bayonne, déjà touchée par des dégradations racistes en 2015 et en 2017. Son scénario correspond parfaitement à celui défini par Brenton Tarrant qui est devenu la référence mythique et le héros à imiter du suprémacisme blanc mondial. Intervenir dans une mosquée à une heure où les fidèles sont présents et tuer un maximum de personnes.
Il n’y parviendra pas, mais blessera gravement deux personnes âgées qui passeront des semaines à l’hôpital et devront ensuite subir des mois de rééducation physique.
Ce qui va faire office de débat public sur le sujet va définitivement sceller la victoire idéologique de l’extrême-droite et du racisme banalisé à son paroxysme. Dès après l’attaque, les réseaux de la fachosphère et plus largement l’ensemble du champ politique qui considère la Croisade contre les musulmans français comme le Bien va diffuser son argumentaire.
Cet attentat n’a pas fait de morts, ce n’est donc pas une attaque terroriste et cela n’a aucune signification politique particulière notamment parce que l’attaquant est âgé.
Cet argumentaire sera validé par le traitement policier et judiciaire. Le parquet anti-terroriste n’est pas saisi et en quelques jours, la thèse selon laquelle Claude Sinke subissait une altération au moins partielle de son discernement est validée. Encore une fois, il ne s’agit pas de remettre en cause les protections démocratiques dont doit bénéficier tout individu, quel que soit son crime. Simplement, l’altération du discernement et l’irresponsabilité pénale des personnes atteintes de pathologies mentales sont des dispositifs sans arrêt remis en cause pour d’autres crimes dans un contexte français ultra-sécuritaire et sont très rarement mis en oeuvre dès le début de la procédure.
Dans ce cas précis, elles seront immédiatement validées. A partir de là, le déni est total et va constituer une arme idéologique pour le retournement victimaire le plus choquant et le plus réussi de l’histoire française récente. En effet, alors que de manière absolument ordinaire et légitime, s’organise une manifestation contre l’attentat et l’islamophobie, c’est cette manifestation qui va être présentée comme le danger . Elle sera cependant un succès. Mais fera débat pendant des semaines, sous tous les prétextes possibles et imaginables. On ira reprocher à des imams ou à des militants musulmans leurs positions religieuses, sociétales, politiques pour refuser de manifester à leurs côtés, les exclure de la manifestation ou stigmatiser les non-musulmans qui manifestent leur solidarité avec l’ensemble des musulmans visés par cette attaque. La simple formule religieuse ” Allahu Akbhar” repris par la foule musulmane ou non pendant la manifestation sera traité comme un évènement d’une immense violence collective et comme un scandale politique inoui. Comme si lors de commémorations et d’hommages aux attentats divers et variés, il n’était pas d’usage, par simple solidarité et respect des victimes, de s’associer à leurs prières ou rituels religieux .
A partir de la mi-2019, le débat est donc de toute façon orienté par l’hégémonie culturelle fasciste française. Toutes les agressions racistes mais aussi les tentatives meurtrières d’extrême-droite vont se multiplier et ne jamais faire sens politique dans le débat public tandis que tout acte commis par un musulman ou un réfugié sera systématiquement considéré comme potentiellement terroriste. Les attaques contre les camps de réfugiés, bidonvilles qui n’existent QUE par la politique d’immigration du gouvernement vont exploser. Elles vont être le fait d’individus comme William M qui passe à l’action violente contre une population qu’il sait non seulement abandonnée mais surtout persécutée par le pouvoir et par la police. Lorsque celui qui a finalement tué en plein Paris vient lacérer des tentes sur un camp du 12eme arrondissement en 2021, il ne fait que reproduire ce qui se fait à chaque expulsion dans la capitale. Saisir et détruire ces tentes qui sont le seul abri des exilés. C’est la raison pour laquelle à aucun moment son acte n’est interprété comme terroriste ou même faisant sens politique. C’est juste la banalité de la deshumanisation normalisée.
De la même manière les tentatives d’attaque contre les croyants musulmans dans les mosquées ou dans la rue se multiplient sans générer autre chose qu’une réponse très molle du pouvoir et de l’opinion publique. Surtout des causalités réelles ou imaginaires secondaires sont toujours mises en avant pour éviter la question de la violence extralégale fasciste, islamophobe, raciste et xénophobe.
Quelques exemples:
En juin 2019 soit trois mois après l’attentat de la mosquée de Christchurch, un jeune homme qui laissera un manifeste conspirationniste avant de se suicider, tire sur un imam de Brest, Rachid El Jay et le blesse ainsi que la personne qui l’accompagnait. Les antécédents psychiatriques du jeune homme suffisent à clore tout débat sur ses influences politiques et tous les articles de presse parlent….des convictions “problématiques” de l’imam. Qui effectivement a le tort de ne pas être athée et socialiste ou à LREM ce qui est très malvenu pour espérer être une bonne victime musulmane digne de compassion .
En septembre 2019, dans la Loire, une jeune femme de 24 ans portant le hijab est poignardée en pleine rue par un homme de 61 ans. A part l’islamophobie, aucun autre mobile n’est crédible, néanmmoins, cette hypothèse est écartée d’emblée par les autorités qui arguent d’une altération du discernement et du taux d’alcoolémie de la victime. Au procès, en mai 2022 , procès, médiatisé uniquement dans les journaux locaux en articles réservés aux abonnés, l’homme déclare “Je ne suis pas mieux raciste qu’un autre”.
En septembre 2020, sur le Champ de Mars à Paris, deux femmes portant le hijab sont poignardées par une femme qui tient des propos racistes et islamophobes. La première reçoit trois coups de couteau, la seconde, six , dont un lui perfore le poumon. Malgré cela le motif d’unculpation n’est pas “tentative de meurtre” mais “violences volontaires”. L’ensemble de la presse, même celle censée être de gauche fait preuve d’une inhumanité assez abjecte en évoquant dans les premières lignes de ses articles le fait que les deux victimes , dont les enfants ont vu leurs mères se faire poignarder sous leurs yeux, ” avaient un chien non tenu en laisse”
Le 26 octobre 2020 à Avignon, un individu armé menace d’abord un homme d'”origine maghrébine”, comme disent les journaux, avant de tenter de tirer sur les policiers appelés au vu de la violence de la scène et d’être abattu immédiatement. A vrai dire, il s’en est fallu de peu qu’on sache beaucoup de choses sur cet homme là : dans un premier temps, l’ « attentat » semblait s’inscrire dans la suite de l’assassinat de Samuel Paty . L’information a fait le tour des direct de C News et BFM…avant que le procureur ne mentionne le blouson de Génération Identitaire que portait le tireur, et affirme immédiatement qu’il ne s’agissait pas d’un acte terroriste , tout en ajoutant qu’il n’était absolument pas sûr que la première victime ait été attaquée pour un motif raciste car elle roulait vite avant de stopper à un passage piétons ce qui aurait énervé le tireur . La chose étant redevenue un fait divers, plus aucune enquête de presse ni aucun direct ne seront consacrées à cet évènement
La communauté musulmane n’est pas la seule visée au fur et à mesure que la tension monte.
Par exemple, deux semaines après la fin du premier confinement, Aurelien C. , admirateur de Brenton Tarrant et de Breivik, mais aussi des écrits de William Luther Pierce, l’auteur des Turner Diaries, Bible du suprémacisme blanc est arrêté en urgence alors qu’il effectue des repérages devant des synagogues. Aurélien C. qui a des armes chez lui, mais divague bêtement à propos de son projet sur des groupes publics de réseaux sociaux, sera arrêté à temps.
On ne connaîtra jamais vraiment non plus les motivations et les influences réelles de Frederik Limol qui, en décembre 2020 tue des gendarmes après avoir essayé d’assassiner son ex-compagne. Celle-ci le décrit comme catholique intégriste converti aux thèses néo-apocalyptiques de l’extrême-droite survivaliste quelques années auparavant. L’homme avait tout quitté pour se créer un refuge ultra-protégé et sur-armé, soit très exactement le cheminement fréquent des tueurs suprémacistes blancs américains.
Mais bien qu’il ait tué des des représentants des forces de l’ordre avant de se faire abattre, il ne sera pas non plus qualifié de terroriste.
Ce ne sera pas le cas non plus de William M. qui a assassiné de sang froid trois militants et militantes kurdes. Et, à cette occasion , le ministre de la Justice Dupont-Moretti expliquera très clairement le principe. Recevant des représentants de la communauté kurde après l’attentat de Paris, il déclare “«J’ai tenu à rappeler la différence entre un crime raciste, par nature odieux, et un acte terroriste. La différence, c’est l’adhésion ou pas à une idéologie politique revendiquée».
On ne saurait trouver meilleure définition du terrorisme en tant que dispositif pratique. Le terrorisme est l’acte violent motivé par une idéologie politique que seul le pouvoir est habilité à définir de l’extérieur. Il s’agit donc d’un concept parfaitement subjectif et insaississable selon des critères scientifiques objectifs . Seul le pouvoir décide ce qui est terroriste ou pas, c’est à dire ce qui doit faire l’objet d’une législation spécifique restreignant les droits humains ET d’un récit politique qui édicte une culpabilité collective de la communauté religieuse, raciale ou politique à laquelle un individu s’identifie ou est identifié.
Si l’ensemble des actes que nous avons recensés dans ce texte avaient été commis par des musulmans, ils auraient immédiatement été classés comme terroristes. L’éventuelle requalification, éventuellement due à une reconnaissance de l’altération du discernement de leurs auteurs aurait été très improbable. Dans le débat public, chacun de ces actes aurait donné lieu à l’établissement d’une filiation posée comme évidence avec tous les autres du même type ET avec l’ensemble des musulmans de ce pays . De nouvelles lois répressives auraient été votées. Des perquisitions auraient eu lieu chez de nombreux militants partageant simplement la même religion que les tueurs et osant lutter contre l’islamophobie, ce qui pour le pouvoir mais aussi pour une bonne part de l’opinion publique est désormais synonyme de “radicalisation ” et de danger social justifiant toutes les stigmatisations, toutes les dénonciations, toutes les tentatives de mort sociale.
Quant aux mobiles secondaires des auteurs pour agir , ils auraient été totalement passés sous silence ou considérés comme anecdotiques.
Bien au contraire lorsqu’il s’agit d’actes meurtriers commis par l’extrême-droite, l’individualisation des tueurs est toujours de mise. Ils sont âgés, ils sont atteints de pathologie mentale, ils ont en sus de leur idéologie politique, une raison personnelle d’avoir commis leur crime.
Ceci n’a rien de faux en soi. Il est tout à fait probable que des hommes plutôt agés et vivant leur vie comme un échec décident par exemple de “finir en beauté”. De même l’état d’ivresse ou une pathologie mentale ou une rupture amoureuse peuvent amener au passage à l’acte.
De la même manière, la xénophobie meurtrière peut très bien aussi se diriger spécifiquement contre une minorité. C’est manifestement le cas de William M qui indique deux choses lors de sa garde à vue. Avoir d’abord voulu tirer un peu au hasard dans la foule en Seine Saint Denis puis avoir décidé de tuer des Kurdes….parce qu’ils n’auraient pas assez tué de combattants de l’Etat Islamique et choisi de seulement les emprisonner.
Ce discours a amené de nombreux commmentateurs non kurdes a se focaliser uniquement sur cet aspect et à embrayer sur la thèse d’une manipulation des services secrets turcs. Sans aucun commencement de preuve et avec souvent un arrière plan islamophobe de gauche .
A l’heure qu’il est, il est absolument impossible de savoir si cette hypothèse a le moindre commencement de crédibilité. On ne sait que trois choses: un, le tueur était déjà passé à l’acte contre une autre communauté et un campement de réfugiés. Deux, il a lui même réaffirmé ses convictions racistes d’extrême-droite. Trois, il a effectivement frappé la communauté kurde sciemment, à une date clé, dix ans exactement après un attentat meurtrier contre cette même communauté à Paris, et revendiqué sa haine spécifique à leur égard.
Ces trois éléments légitiment évidemment toutes les réactions de la communauté kurde et des militants politiques en son sein. Notamment les hypothèses sur une éventuelle opération ayant impliqué des forces etrangères à l’extrême-droite française. Hypothèses qu’on est également libre de ne pas partager, comme on est libre de critiquer le PKK ou les YPG sans être ximmédiatement assimilé à l’état islamique où à un partisan de l’oppression de la minorité kurde, notamment dans une partie de la gauche radicale accoutumée à ce genre de raccourcis odieux
Les réactions kurdes ne peuvent servir de caution aux discours français visant à exclure cet attentat du contexte suprémaciste blanc violent généralisé contre toutes les minorités. Ni à un énième retournement victimaire, où sous prétexte de dénoncer l’Etat islamique ou le gouvernement turc , l’on ferait de cet attentat suprémaciste blanc une toute autre histoire où une nouvelle fois , une autre communauté victime du racisme et/ou de l’islamophobie serait coupable. Ou un récit où il s’agirait d’un affrontement entre communautés, ce que l’extrême-droite a immédiatement tenté de faire après l’attentat, en propageant un mensonge grossier , selon lequel le tueur s’appelait William Mehmet et serait d’origine turque et anti-chrétien. Le mensonge faisant loi au pays du fascisme triomphant, le hashtag dédié, né d’un commentaire sur le site de C News fera la une de Twitter le lendemain de l’attentat….jusqu’à ce que des sources policières finissent pour une fois par y mettre un terme obligeant même Damien Rieu à calmer ses troupes de racistes sur le réseau social par crainte du ridicule.
C’est oublier que trois semaines avant cet attentat, le 4 décembre, c’est une mosquée de la communauté turque qui avait été attaquée par des individus cagoulés pendant une heure de prière à la mosquée de Romans sur Isère. C’est oublier que ces dernières semaines, dans toutes les grandes villes de France, des milices d’extrême-droite ont attaqué ouvertement les supporters marocains lors des soirées de match de la Coupe du Monde.
C’est dans ce moment de surchauffe raciste, islamophobe et xénophobe que vit la France que s’inscrit l’attentat de Paris. La riposte politique de toutes les forces qui veulent se battre contre cette montée en puissance de la violence suprémaciste blanche n’est pas forcément de réclamer que tout soit considéré comme du terrorisme. D’une part, il n’y a pas à légitimer des législations d’exception portant atteinte aux droits fondamentaux pour qui que ce soit. D’autre part, la nécessité est ailleurs, dans la construction d’un rapport de force politique contre les thèses de l’extrême-droite qui ont pris factuellement le pouvoir dans ce pays. Ceci commence par reprendre le contrôle de nos propres récits politiques et la prise de conscience de l’ampleur de la menace, qui certes se manifeste aussi par des actes “isolés” …survenant de plus en plus fréquemment et se ressemblant tous .