par Cynthia Lévy
Il y a chez Véronique de Keyser une manière de présenter les conflits qui l’occupent avec une prudence qui est comme une ritournelle. Enfantine, mélodieuse, inoffensive et qui nous endors. Mais, on le sait, les chansons que l’on chante à nos enfants sont souvent des récits cruels, d’une violence sourde ou explicite, mais dont la patine de l’âge a lissé la langue. Aussi, il y a une morale à ces histoires. Il y a donc trois fils entrelacés : le mielleux, la violence et la morale.
Chez de Keyser, les contours ne sont jamais abruptes, sa parole est parfois ferme, mais sans avoir un mot plus haut que l’autre. Ses interventions laissent apparemment peu de place à l’interprétation et sont, à premières vues, équilibrées, notamment sur la question de l’accueil des réfugiés, sur la nécessité d’une plus grande ouverture des frontières. Et il faut lui reconnaître une réelle persistance : le ton – souvent patelin – de la défense des droits de l’homme, combat essentiel, est une constante. Mais il est problématique de rester à ce niveau d’analyse.
Retour sur un entretien (2012)
Sur le cas syrien, c’est à peine si ses déclarations ont varié dans le temps, c’est un régime « dur »: il serait donc, de prime abord, erroné de lui attribuer une défense de Bachar Al Assad en tant que démocrate. C’est quelqu’un qu’elle ne porte pas dans son coeur : « Malgré tout le dégoût qu’il m’inspire, on ne pourra pas faire l’économie d’un dialogue avec lui si on veut éviter que le sang ne se répande davantage. » (Le vif, 2013). Pour cela, elle soutient (2012-2013) le « plan Annan », plan qui semble être une base minimale pour tenter de renouer avec une forme de diplomatie. Car c’est bien dans ce registre là que se situe Véronique de Keyser. Ou, en tout cas, le rôle qu’elle s’octroie en tant que vice-présidente du groupe socialiste au parlement. Son portefeuille de compétence (rapporteur de l’association EU-Syrie) est lié à son expérience, sa connaissance de la région, ses voyages réguliers… Le Plan Annan était donc un beau vernis, une ingénierie diplomatique dans lequel n’importe quel démocrate pouvait se retrouver.
Véronique de Keyser distingue par ailleurs les propos de Bachar Al Assad concernant les « groupes terroristes » et « ce que nous appelons, nous, une révolte, voire une révolution » (entretien de 2012). Pour autant, nous l’avons mentionné, « on ne pourra pas faire l’économie d’un dialogue avec lui ». Il y a un dictateur et des révolutionnaires, un choix semble posé. Choix étrange, à tout le moins discutable, lorsqu’elle avance, toujours dans une forme d’évidence anesthésiante, « qu’il faut travailler à rétablir la démocratie en Syrie et éviter une guerre civile » (qui pourrait provoquer une explosion du Liban, selon Véronique de Keyser) (référence).
Dans ce même entretien (nous sommes en 2012), Véronique de Keyser est amenée à se positionner vis-à-vis de Bachar Al Assad (la journaliste précise que Véronique de Keyser a souvent été en Syrie et connait bien Assad). Elle voit également une opportunité pour expliquer la politique de l’UE. Elle évoque le « lourd héritage » de Bachar, lorsqu’il a « succédé » (sic) à son père. « Le régime de son père était un régime très dur, tant du point de vue de l’armée que des services secrets, etc. Le régime syrien n’est pas tendre ». Vient ensuite un parallèle avec la succession du roi du Maroc, ce dernier n’ayant, lui aussi, « pas eu facile ». On s’en émouvrait presque. Mais nous avions prévenu, Véronique de Keyser n’a pas son pareil pour enrober son récit. Étant de nature plutôt insomniaque, l’effet n’est pas très concluant. Sur le fond, il tend à mettre en avant une rhétorique que l’on trouve régulièrement chez Véronique de Keyser : ce ne sont pas les luttes, ce sont ne sont pas les peuples qui font la politique, ce sont les puissances politiques instituées, les appareils d’États, les partis. La position « réaliste », en matière géopolitique, aura fait beaucoup de victimes — ici, nous avons du Kissinger sans le cynisme. Autant dire que cela perd beaucoup de son charme.
Bref, nous avons le jeune roi du Maroc (Mohammed VI, succédant à Hassan II), alaouite, tout comme Bachar, « succédant » à Hafez Al Assad. Malgré toutes les critiques que l’on peut porter sur le régime politique du Maroc, et son évolution, il apparaît néanmoins à tout esprit un peu éclairé que cette comparaison est absolument *foireuse*.
Le propos de De Keyser est, par alignement relativisant les spécificités syriennes comme marocaines, d’évoquer le fait que ces jeunes dirigeants hérite « souvent du pire ». « Certains ont le courage de se démarquer. D’autres, en qui on plaçait des espoirs, et Bachar en faisait partie, ont raté toutes les occasions de démocratisation de son pays ». Ébranlement de la foi en l’homme, rupture de confiance: on y a cru ! (Après une telle déception, on nous y reprendra plus… ? C’est plus compliqué. C’est toujours plus compliqué).
Pas seulement une fois, mais bien plusieurs
« Néanmoins », nous dit Véronique de Keyser, l’Union européenne a tenté de trouver des ouvertures concernant la politique de voisinage. « Je me suis rendue, comme d’autres avant moi, pour aller discuter avec le gouvernement syrien, aller discuter avec son président pour discuter de la possibilité de nouer des contacts plus étroits entre l’Union européenne et la Syrie. » Pourquoi ? « Parce que la Syrie est une pièce maîtresse de cette région ». Il est vrai que géographiquement — et on sait que la géographie, c’est de la politique —, le pays à des frontières avec Israël, l’Irak, et l’Iran. « Elle pouvait être un facteur de stabilité dans la région ». On posera tout de même la question suivante: sur quoi s’appuie-t-on pour croire que le nombre de frontières avec les pays voisins est un facteur déterminant, essentiel, fait de vous une « pièce maîtresse » ? Que cela soit un facteur structurant (historiquement, politiquement, culturellement), on le comprend aisément. Facteur de stabilité, on y réfléchira à deux fois.
La comptine ne s’arrête pas là. Véronique de Keyser, à chacune de ses visites, a eu la « même stupéfaction de sa capacité d’analyse des besoins de réformes de son pays » (dans cet entretien). Un homme d’une rare intelligence, d’une grande finesse d’esprit. Après s’être vu expliquer pendant une heure « tout ce qu’il fallait faire », Véronique de Keyser ne tient plus: « Je disais : ‘mais Monsieur le Président, quand allez-vous le faire ? ». Réponse de l’Intelligence Supérieure, rapportée par la députée européenne: « N’allons pas trop vite, cela prend beaucoup de temps de changer une société, laissez-moi le temps ». En 2008, le compte rendu de sa rencontre mentionne : « Le Président Bachar Al Assad s’est déclaré conscient de la nécessité d’avancer dans les réformes “Nos lois sont dures, notre Constitution aussi: les changer prendra encore du temps et doit passer par la voie parlementaire, mais il me faut l’adhésion de tout mon peuple : la Syrie est loin d’être un bloc monolithique.” Rappelons que la députée avait récemment condamné le raid américain en territoire syrien. »
Bien que peu sensible à la petite musique qui se joue, le risque de s’assoupir est présent. Mais certaines choses ont plus d’effet que n’importe quels sels de pâmoison. Et cette chose, c’est la distance entre l’exposé fait ici, et l’enseignement de Marx et Engels.
Il ne faut pas être marxiste pour comprendre qu’une telle distance est palpable, visqueuse: il n’est plus question d’une quelconque histoire des sociétés ayant été l’histoire de la lutte de classes, mais de la légitimation d’un régime de dictature. Le glissement est celui-ci: Véronique de Keyser n’exige pas la mise en place d’une démocratie, ne fait pas état des mouvements « révolutionnaires » — c’est elle qui le dit —, qui alimenterait une future démocratie sociale, mais attend du souverain au plein pouvoir, héritier d’un système « très dur » de faire les réformes nécessaires. On nage en plein burlesque : cette façon de présenter les choses sera une constante chez Véronique de Keyser, que l’on peut schématiser de la sorte: « Bachar est un dictateur, mais… ». On voit qu’en élucidant quelques paroles de la comptine, apparaît la violence. Et l’étiquette « socialiste » de la députée, ternie depuis longtemps par d’autres qu’elle, est particulièrement dévoyée : le fonctionnalisme en politique, dans certains cas, cela mène à la pire bourgeoisie réactionnaire.
Reprenons. Assad, nous dit encore Véronique de Keyser, « sait ce qu’il faut faire » — et ce, depuis 2003. Il est très intelligent, on vous dit. « Mais, ajoute le chef d’Etat, ‘cela prend du temps’ ». Véronique de Keyser se plaint, n’est pas dupe : « je croyais entendre le même discours que j’avais entendu en 2003, en 2004, en 2008 ».
Pour arriver à la conclusion, d’une déconnexion totale : « Comment peut-on encore le croire ? ». C’est maintenant un régime qui réprime « dans le sang les mouvements de révolte ». Sortez les violons.
Choix des mots intéressants, Véronique de Keyser évoquant l’UE, « une ligne rouge a été franchie ». Mais, ce fameux « mais », Véronique de Keyser ajoute immédiatement : « je ne me fais pas d’illusion, il a encore des partisans, et il faut les respecter. Mais il y a une opposition qui a été réprimée, et ça, au milieu de tortures et de sévices, c’est quelque chose qui ne pourra pas rester impuni, quelque part (sic) ». On reste abasourdi devant tant de confusion, de détours, de malhonnêteté intellectuelle, Véronique de Keyser parlant d’une opposition comme s’il s’agissait d’un régime démocratique. S’en suit une injonction formulée « pour le départ de Bachar », car il ne faudrait pas qu’il termine comme Kaddafi et Sadam. « Je ne pense pas que la justice se grandisse avec des lapidations, des têtes au bout des piques et ce genre d’événements sanglants ». C’est sur, de Keyser préfère les salons feutrés de Damas.
D’ailleurs, le 19 avril 2013, dans un entretien pour l’hebdomadaire belge Le Vif, à la question « Les Européens n’ont-ils pas commis l’erreur de déclarer le président Bachar hors-jeu dès le début ? », elle répond « Au Parlement européen, j’ai tenté d’éviter ce prérequis du départ de Bachar, même si c’était mon option. »
Il faut lire en réalité l’intégralité de sa réponse. Non seulement Véronique de Keyser nous apprend qu’elle profite de ses visites au Liban pour contacter les officiels du régime d’Assad, mais c’est aussi nécessaire pour se rendre compte à quel point,l’argumentaire de Véronique de Keyser est tortueux :
« Mais la pression est devenue tellement forte qu’on a passé outre. Avec en plus l’épée de Damoclès de la Cour pénale internationale, cela signifiait qu’on ne lui offrait plus aucune issue. On a probablement fortement sous-estimé l’obstination de Bachar et sa capacité à mobiliser ses alliés. On a cru qu’il allait partir, d’autant qu’on ne le voyait pas comme un homme aussi fou que Kadhafi. J’ai rencontré son vice-président à Beyrouth et il m’a dit : “Il faut négocier avec lui, car il ne partira jamais”. Il avait raison. »
D’une part, qui est ce « On » ? Pas les civils et démocrates syriens — encore une fois invisibilisés.
Bachar Al Assad est-il ou n’est-il pas aussi fou que Kadhafi ? La lettre de sa réponse: puisqu’Assad n’est pas parti, il est fou. Mais il faut négocier. Vous avez déjà essayé de négocier avec un fou ? De plus, « C’est avec eux [les Russes] qu’il faut arriver à une solution. » On peut s’accorder sur le fait que la diplomatie est art compliqué, qui fait fi des catégories politiques, mais faudrait pas nous prendre pour des imbéciles non plus.
Continuons le visionnage de l’entretien : « Dans un pays qui est démocratique, une transition c’est normal, un président qui s’en va pour laisser sa place à un autre c’est normal, mais ce qui est anormal, c’est le bain de sang qu’il faudrait pour ça. ». On s’accordera sur le fait qu’il est toujours mieux d’éviter un bain de sang, quant à dire qu’il est anormal qu’il en faille un pour un procéder à une transition démocratique, c’est une position morale qui ne prend en rien en compte la plus minimale analyse matérialiste ; c’est-à-dire la question des rapports de force. Ici, le faible, l’opprimé, le révolutionnaire (nous sommes en 2012, la capture islamiste de l’opposition ne fait à ce stade pratiquement pas débat), sont une nouvelle fois effacés.
Les alliances que le camp contestataire pourrait nouer devront, à suivre la logique de Véronique de Keyser, être évaluées à l’aune du risque que la tête Bachar Al Assad finisse au bout d’une pique. Retour, donc, au plan Annan « la seule issue possible ». Elle poursuit sur sa crainte que la Syrie serve de « proxy war » — que des puissances étatiques se servent de la Syrie comme champ de bataille pour régler d’autres enjeux. Une analyse géopolitique de haute volée. Une proxy-wars pas du tout alimentée par Assad ? Cela, Véronique de Keyser ne vous en touchera pas un mot.
Véronique de Keyser, malgré tout, donnait l’impression qu’on ne l’y reprendrait plus. Ce n’est malheureusement pas ce qui arriva. En septembre 2013, après son ultime rencontre avec Bachar Al Assad, on peut lire ceci, dans la presse belge : « Le président syrien “n’est pas accroché au pouvoir, mais il dit ne pas pouvoir partir maintenant” et renvoie aux élections de 2014. L’eurodéputée a abordé plusieurs dossiers à la demande des organisations humanitaires, mais n’a parfois reçu que “des réponses partielles”. Bachar el-Assad “est extrêmement content de l’accord russo-américain” sur les armes chimiques et “travaille à une issue politique au conflit.»
Le récit propagandiste sur les groupes terroristes à très rapidement été relayé par tous les réseaux réactionnaires, et Véronique de Keyser, le reprend à son compte, sans jamais livrer de véritable analyse, à nouveau, des rapports de force. Y compris, personne ne se voile la face ici, de l’influence djihadiste. Cela participe aussi de l’équation pour comprendre le récit porté par le régime syrien.
L’obstination à vouloir légitimer le régime syrien ne fait plus de doute. Dans un article de la presse publique belge, on peut lire « “Je ne tiens pas à rester au pouvoir. J’ai une autre vie à côté de cela. Mais je ne quitterai pas le navire quand le bateau coule”, lui a-t-il [Bachar Al Assad] confié loin de toute caméra.
“Je veux travailler avec l’opposition, d’ailleurs j’ai commencé des réformes”, lui a aussi dit le président, tout en estimant qu’on ne pouvait plus arrêter la guerre civile dans ce pays en train de disparaître, rapporte l’eurodéputée. Le président affirme enfin vouloir travailler sur l’humanitaire. »
Il y a des gens qui aiment jouer de la musique, d’autres danser. Véronique de Keyser, elle, préfère danser. L’ennui, c’est que le musicien tient la baguette, possède la salle, impose le tempo, a retourné les armes contre son peuple ; mais Véronique de Keyser s’en fiche, elle n’écoute que la musique, et danse, danse, danse…
Arrivé au bout de notre raisonnement, il n’y a plus qu’à citer une nouvelle fois Véronique de Keyser. En 2014, elle s’exprimait à la radio. Pour l’eurodéputée, « Bachar Al-Assad n’a pas protégé son peuple »
« “La révolution qui a éclaté spontanément en 2011, lorsque les démocrates syriens demandaient davantage de démocratie, est restée, mais elle est contaminée par une internationalisation du conflit ». “C’est une guerre qui a été subtilement transformée par Assad, mais aussi par d’autres, en une guerre internationale. Il y a un risque de déflagration à l’échelle mondiale. C’est ce qui effraie la communauté internationale, qui craint aussi les réseaux terroristes ». Véronique De Keyser insiste: “Il est important d’instruire des deux côtés les faits de torture, de crimes de guerre, voire de crimes contre l’humanité. Chacun sera comptable de ses actes”. Elle ajoute: “en particulier un chef de l’État”. Il “a la responsabilité de la protection de son peuple, cela il ne l’a pas assuré”.»
Assad, si intelligent, a « subtilement » transformé la guerre. Véronique de Keyser ne danse plus, elle fait de la dentelle. Et menace de son piquoir, il y aura des sanctions ! Des deux côtés ! On hésite à lui mettre sous les yeux les rapports produits par Bellingcat.
Mais, plus violent encore, cette dernière phrase « Il a la responsabilité de la protection de son peuple, cela il ne l’a pas assuré ». Reprenons le début de notre analyse : « Sur le cas syrien, c’est à peine si ses déclarations ont varié dans le temps. C’est un régime « dur » : il serait donc, de prime abord, erroné de lui attribuer une défense de Bachar Al Assad en tant que démocrate. »
Au fil de ce texte, nous avons vu comment Véronique de Keyser trouve, sur base de la formule « Bachar est un dictateur, mais… », une légitimité dans le régime syrien ; il est un interlocuteur légitime ; il a des soutiens ; il a la responsabilité de son peuple. « Bachar n’est pas un démocrate, mais… ».
Ce ne sont pas seulement des propos à l’emporte-pièce lancé à la presse, cela structure son engagement politique. On peut lire sur le site du parlement européen : « Toutes les minorités souffrent doublement de la guerre: comme citoyens et comme cibles religieuses ou ethniques. Il est de notre devoir, mais aussi de celui du gouvernement syrien et de toute la communauté internationale, de les protéger. »
Pour conclure, après avoir vu comment le miel couvre les échardes, il nous faut trouver la morale de cette histoire.
Il y a un article, écrit de la main de Véronique de Keyser, que nous avons gardé sous le coude. Il est publié par le site conspirationniste et antisémite Réseau Voltaire, mais fut à l’origine publié sur le site de Véronique de Keyser, maintenant inaccessible. Nous laissons les lecteurs prendre connaissance de ce court texte, tant il se suffit à lui-même, et aura constitué un final décisif. Nous laissons le lecteur en tirer la morale qu’il veut. Il faut dire, nous ne sommes pas chez Grimm.
Épilogue
Véronique de Keyser est également très active sur le plan du conflit israélo-palestinien, mais cela n’était pas le cœur de notre sujet. Mais comme final, je me suis dit que cela sera certainement plus enlevé si j’en disais un mot.
Dans une vidéo, elle commente, en 2014, à l’invitation de l’Association France Palestine Solidarité, les élections palestiniennes de 2006. Elle avait par ailleurs précisé, chez Pascal Boniface, qu’elle s’opposait à la « diabolisation » du Hamas.
“Ce qui est vrai, c’est que le Hamas s’est comporté tout à fait correctement pendant cette élection, que les discours du Hamas n’ont pas été des discours… heu, heu, … antisémites, en tout cas. Ni destruction de l’Etat d’Israël… ça a été un discours basé sur le socio-économique, le social, et, le droit à la résistance.
Le droit à la résistance, ils l’ont toujours. Toujours ! C’est un droit qui est reconnu au niveau du droit international. Ils me disent, “Pourquoi nous priverait-on du droit à la résistance ?” Et je ne dis pas aller trucider des gosses à Jérusalem, hein ! Non, non, ils me disent, “la résistance à l’intérieur de l’occupation” Et ils avaient déjà admis à l’époque l’idée d’un Etat sur les frontières d’Israël (sic), de 67.”
Notre conclusion sera rapide. Les propos de Véronique de Keyser dessine un tableau peu impressionniste: il n’est pas question de « résistance », mais de soutient à des appareils d’Etat, des élites politiques bien définies, utraréactionnaires ; plutôt qu’à des alliances populaires progressistes — soutiens d’autant plus obscènes lorsqu’ils sont accolés à la défense des droits de l’homme. Faisons les comptes: le choix du soutient à Assad, démontré, n’est donc pas hasardeux, et s’articule avec cohérence avec celui du Hamas, sa « diabolisation », sa déception à voir figurer la « branche armée » du Hezbollah sur la liste des organisation terroristes ; l’aveuglement contre un axe américano-sioniste ; l’invisibilisation des populations civiles actrices et porteuses d’un changement démocratique ; une « laïcité » instrumentale, à géométrie variable ; accointances autoritaristes ; etc. N’en jetons plus, et faisons l’addition: l’anti-impérialisme des imbéciles explose au visage.
Ayant mis cela sous les yeux du lecteur averti de Lignes de Crêtes, à la sagacité du lecteur de passage, l’un et l’autre sauront sans aucun doute que faire de toutes ces informations. Je n’aspire maintenant qu’a prendre congé en vous laissant avec un conteur d’un autre calibre que Véronique de Keyser, aux chansons engagées, complexes, paradoxales, dialectiques — jamais rouge-brunes.